PIB : 63 Md $ (estimation FMI pour 2014)
PIB par habitant : 2 060 $
Taux de croissance 2014 : 8 % Taux d’inflation (2014) : 6,1% officiellement, plus de 20% selon certains observateurs
Solde budgétaire (2014) : + 0,2% du PIB
Balance commerciale (2014) : +180 M USD
Principaux clients (2013) : Chine, Russie, Kazakhstan, Turquie
Principaux fournisseurs (2013) : Russie, Chine, Corée, UE
Dès l’indépendance, le Président Karimov a fait le choix de ne pas se lancer dans les privatisations (particulièrement dans l’agriculture) et préféré une stratégie de réforme graduelle et de substitutions aux importations visant à atteindre l’autosuffisance énergétique (grâce aux ressources gazières), industrielle et alimentaire.
L’agriculture reste un des principaux secteurs économiques du pays (18% PIB, 27% population active). Sa spécialisation dans le coton (6ème producteur, 5ème exportateur mondial) découle toutefois plus d’un héritage historique que d’un réel avantage comparatif. L’Ouzbékistan exploite d’importantes ressources extractives : or (10ème réserves mondiales), uranium (12ème réserves, 7ème producteur mondial) et gaz.
La part du secteur privé n’atteint que 45% (source : BERD). L’émigration de travailleurs vers la Russie et le Kazakhstan reste très importante : d’après les statistiques russes, 2,5 millions d’Ouzbeks travaillent en Russie, qui ont transféré en Ouzbékistan 7,8 Mds de dollars en 2013. En raison du ralentissement de l’économie russe, ces transferts sont en baisse et de nombreux travailleurs ouzbeks reviennent en Ouzbékistan.
En dépit des réformes annoncées, le climat des affaires demeure difficile ; l’ONG Transparency International classe l’Ouzbékistan à la 166ee place sur 175 pour l’indice de perception de la corruption. Les obstacles rencontrés par de grandes entreprises étrangères dans le pays ces dernières années ont eu des conséquences sur les investissements directs étrangers (IDEs) et sur l’image du pays (ex : la filiale Uzdunrobita de la société de téléphonie russe MTS contrainte à la faillite, le contentieux entre l’Etat ouzbek sur l’éviction de la compagnie minière britannique Oxus Gold, la fermeture de plusieurs supermarchés turcs, la faillite orchestrée de l’entreprise Zeromax laissant des entreprises allemandes face à d’importants impayés…). Conscientes de ces effets très négatifs, les autorités renforcent la législation visant à protéger les entreprises, à mettre en place une fiscalité plus attractive pour les investisseurs et négocient le retour de certaines entreprises (MTS, Thetys…). Le pays a progressé de 8 places (141/180) dans le classement « Doing business » de la Banque Mondiale en 2015. Après la forte chute des IDE en 2011 (- 35%), Tachkent a décidé de réviser sa politique commerciale jusque là très restrictive et a mis en place de nouvelles règles et structures (exemptions fiscales, réformes administratives avec institution d’un « guichet unique » pour les investisseurs, création de zones franches économiques). Malgré la convertibilité officielle du soum depuis octobre 2003, d’importantes restrictions demeurent dans l’accès aux devises, entraînant des difficultés en matière de rapatriement des bénéfices. Alors que le cours officiel est marqué par une dévaluation progressive par rapport au dollar, au rythme actuel de 12% / an, l’écart avec le marché parallèle se creuse (près du double du cours officiel).
La croissance du PIB ouzbek reste officiellement élevée à 8% en 2014, poussée par des politiques budgétaires et d’importants programmes publics (plan de 2011-2015 qui prévoit 47 Mds $ d’investissements, notamment dans les infrastructures). La bonne résilience de l’économie ouzbèke en période de crise internationale s’explique par un secteur financier peu développé et un isolement commercial. Officiellement, l’inflation est estimée à 6,8%, alors que certains experts l’évaluent à près de 20%.
Le secteur des services demeure le secteur le plus important en Ouzbékistan. Il contribue à 47,5% du PIB, les secteurs industriel et agricole contribuant respectivement à 33% et 18% du PIB. L’Ouzbékistan possède une industrie textile conséquente et est le cinquième plus grand producteur de coton au monde. Le pays produit également de la soie et de la laine et tente de diversifier sa production agricole pour produire les fruits et légumes. Les métiers traditionnels tels que la coloration de la soie et le tissage de tapis, abandonnés durant le régime soviétique, sont de nouveau à l’ordre du jour depuis l’indépendance.
Le pays a par ailleurs des ressources naturelles abondantes : charbon, zinc, cuivre, tungstène, uranium, argent. L’Ouzbékistan est aussi un producteur important de gaz et de pétrole. La fabrication de machines, la métallurgie, la préparation industrielle d’aliments, la fabrication de produits chimiques, les engrais et les matériaux de construction sont des industries en fort développement.
L’Ouzbékistan dispose des 20èmes réserves mondiales de gaz. Les exportations énergétiques sont la principale source de devises du pays. Elles alimentent le Fonds de reconstruction et de développement, doté aujourd’hui de 17 Mds USD). La moitié des dépenses d’investissement en Ouzbékistan sont destinées au renforcement du secteur de l’énergie.
Une volonté politique forte de soutenir la production gazière du pays
Le pays dispose des 4ème réserves de gaz de la CEI, estimées à 1100 Mds m3 par BP en 2013, soit 0,6% des réserves mondiales (soit le même ordre de grandeur que le Kazakhstan, 1300 Mds m3). L’Ouzbékistan aurait produit 56,9 Mds m3 de gaz en 2012 (ce qui en fait le 3ème plus important producteur de gaz de la CEI). L’Ouzbékistan a signé en 2010 un accord avec la société chinoise CNPC pour la livraison de 10 Mds m3 de gaz/an. L’Ouzbékistan a exporté 8,7Mds de m3 de gaz à la Russie en 2012 et un nouvel accord gazier liant l’Ouzbékistan et Gazprom court de 2013 à 2015.
Lukoil compte porter sa production annuelle de gaz à 18 Mds m3 d’ici 2018-2020, contre 4 Mds m3 en 2013. Lukoil participe au projet Gissar depuis 2008 (7 gisements, 100 M de TEP de réserves prouvées) et prévoit d’investir 1,2 Md $ dans son développement pour produire 4,2 Mds m3/an (1,1 Mds m3 ont été produits en 2011). La compagnie russe intervient aussi sur le projet « Kandym – Khauzak-Shady – Kungrad” dans le cadre d’un PSA signé en 2004. L’exploitation du gisement de Khauzak a démarré en 2007 et a produit 4 Mds m3 en 2013. L’exploitation du gisement de Kandy est en cours de lancement et devrait atteindre 8 Mds m3/an. Lukoil compte investir 4 Mds $ dans l’exploitation de ces gisements. Lukoil compte exporter une partie de sa production vers la Chine, grâce au gazoduc Chine-Asie centrale qui est entré en service en 2009. Un accord pour la construction d’une 3ème ligne a été conclu en 2011 entre UzbekNefteGaz et CNPC.
De plus, le gouvernement encourage l’exploration gaz et la modernisation des infrastructures du pays. L’exploration du gisement de Kungrad par Lukoil a permis de découvrir des réserves de gaz d’environ 90 Mds m3, tandis que l’exploration du gisement d’Aral par le conglomérat Uzbekneftegaz, Lukoil, CNPC et KNOC (Corée du Sud) a mis à jours des réserves estimées à environ 11 Mds m3.
Des incitations en direction des investisseurs étrangers pour soutenir le secteur pétrolier
Pour développer la production pétrolière du pays, qui dispose de 0,6 Mds de barils de réserves de brut, l’Ouzbékistan a adopté une réglementation plus favorable aux investisseurs étrangers. Lukoil intervient dans les régions de Gissar et d’Ustyurt. La production totale de Lukoil en Ouzbékistan a atteint 1,1M de barils en 2012. CNPC a obtenu les droits d’exploitation de 5 gisements localisés dans 3 régions pétrolifères du pays. La compagnie chinoise explore en particulier le potentiel du site de Mingbulak (estimé à environ 214 M de barils) et a signé un accord de coopération avec UzbekNeftiGaz pour fonder une société mixte qui développera les gisements identifiés. CNPC a aussi signé un contrat de partage de la production des sites de la région Boukhara-Khiva.
Pour tenter de diminuer ses importations de produits pétroliers, l’Ouzbékistan a décidé de moderniser ses trois raffineries et prévoit de construire une usine GTL pour convertir une partie de ses ressources de gaz en produits pétroliers. L’usine devrait pouvoir transformer d’ici 2016 3,5 Mds m3 de méthane en 860Kt de diesel, 300Kt de carburant aviation, 395Kt de naphte et 112Kt de GNL, pour un coût total d’environ 4,1 Md$.
L’Ouzbékistan cherche à développer de nouvelles sources d’énergie pour satisfaire sa demande intérieure
Le développement du charbon fait l’objet d’une attention renouvelée des autorités. Actuellement, l’Ouzbékistan dispose d’environ 48 M de t de réserves prouvées de charbon et consomme environ 4 M de t de charbon par an, dont 75% est destiné à la société UzbekEnergo. Le gouvernement a adopté un nouveau plan de modernisation 2013-2018, qui prévoit 9 projets d’investissements d’un montant de 555 M$, pour la modernisation et la construction de nouvelles centrales à charbon.
De plus, l’Ouzbékistan cherche à valoriser ses réserves de schistes bitumeux, évaluées à 47 Mds de t, principalement dans le désert du Kyzylkum et des montagnes Baisun. UzbekNefteGaz a signé un accord en 2010 avec la JOGMEC (Japon) pour l’exploration de deux gisements de Sangruntau et Baysun. UzNefteGaz prévoit de construire un complexe industriel capable d’exploiter le gisement de Sangruntau à hauteur de 2M de t par an en 2015, et d’accroître les capacités de 8M de t d’ici 2018. Le coût du projet serait estimé à 600 M$.
La piste de l’énergie solaire commence à être sérieusement explorée. Actuellement, la part des énergies renouvelables ne représente que 5% de la production totale. Le gouvernement souhaite porter la part des énergies renouvelables à 21% de son bouquet énergétique en 2031, en mettant fortement l’accent sur l’énergie solaire. L’Ouzbékistan bénéficie d’un fort potentiel sur ce secteur grâce à ses 300 jours d’ensoleillement annuel. La Banque asiatique de Développement finance à hauteur de 100 M$ le projet de construction de la centrale photovoltaïque de Samarcande de 100MW, en cofinancement avec le Fonds de reconstruction et de développement et UzbekEnergo (200 M$). La centrale doit entrer en fonctionnement en 2019. Elle sera la plus importante d’Asie centrale et comptera parmi les importantes du monde. L’Ouzbékistan a accueilli en novembre 2013 le 6ème Forum asiatique sur l’énergie solaire et compte construire 6 centrales solaires supplémentaires. Les autorités envisagent aussi de valoriser le potentiel de la biomasse. La BAsD et l’AFD s’intéressent à cette filière.
L’efficacité énergétique est une devenue priorité pour préserver les « réserves » d’économies d’énergie
La consommation d’énergie primaire du pays est d’environ 50,5 Mt d’équivalent pétrole en 2012, basée à 85% sur le gaz (56,9 Md m3), 8% sur le pétrole, 2% sur le charbon et 5% sur l’hydroélectricité. La consommation d’énergie du pays a diminué de 8% par rapport à 2002, alors même que la croissance économique (+8%/an), démographique (+1%/an) et sociale (hausse des revenus) du pays tend à accroître les besoins en consommation d’énergie. L’électricité est générée à 93% à partir du gaz.
Cependant l’Ouzbékistan possède un indice d’intensité énergétique et carbonique 6 fois plus élevé que la moyenne mondiale, l’un des plus élevés de la région. Le pays est à la 84ème place sur 124 du classement sur l’efficacité énergétique du Forum économique mondial (loin derrière le Kazakhstan, 39eme). 60 % de l’énergie primaire mobilisée pour fournir des services énergétiques est perdue dans les systèmes de traitement et d’acheminement, tandis que la pratique du torchage du gaz engendre des pertes d’environ 500 millions de dollars (3 % du PIB) en 2011.
L’Ouzbékistan envisage un vaste plan d’économies d’énergie. Le gouvernement compte moderniser plusieurs centrales thermiques grâce au concours financier des bailleurs internationaux. La BAsD a accordé un prêt de 350 M$ pour la modernisation la centrale thermique de Talimarjan grâce à l’installation de turbines à cycle combiné. De plus, la BAsD réalise avec les autorités ouzbèkes un projet d’installation de compteurs intelligents qui vise à réduire les pertes et mieux contrôler la consommation électrique. De son côté, la Banque mondiale finance depuis 2010 le projet « Efficacité énergétique pour les entreprises industrielles » d’un montant de 125 M$. Le projet vise à permettre à l’Ouzbékistan d’économiser 200 000 MWh d’ici 2018 (soit 2 Mds $) dont 50 000 MWh d’ici 2014.