Risk management
Appréciation du risque & protection
Une croissance soutenue par l’investissement public
L’Ouzbékistan devrait rester en 2016 l’une des économies les plus dynamiques de la CEI. Le programme quinquennal (2015-2019) d’investissements publics, destiné à améliorer les outils industriels et les infrastructures, devrait continuer à soutenir l’activité, notamment le secteur de la construction. La production industrielle (machines, industrie légère et agro-alimentaire) et les services (près de 45% du PIB) devraient également rester porteurs.
La contribution des exportations devrait, comme en 2015, être contrainte par le bas niveau des prix des principaux produits d’exportation ouzbeks (or, gaz, coton, cuivre) ainsi que par le ralentissement de la demande extérieure.
La consommation des ménages devrait également être moins vive. Les effets positifs, attendus début 2016, de la hausse de 10 % des salaires, pensions et allocations consentie en septembre 2015, devraient être partiellement compensés par la baisse continue des transferts des expatriés, liée à la récession en Russie, conjuguée à la baisse du rouble et au retour en Ouzbékistan de dizaines de milliers de migrants. L’inflation, qui devrait rester relativement élevée, devrait également peser sur l’évolution des revenus réels. Les tarifs administrés (pétrole, gaz, services publics) devraient en effet continuer à progresser et les prix des biens importés pourraient augmenter en raison de la dépréciation du soum.
Apparition d’un déficit budgétaire et aggravation du déficit courant qui demeure néanmoins faible
En 2016, le gouvernement devrait poursuivre sa politique de soutien de l’activité pour tenter de compenser les conséquences d’un environnement international défavorable. L’augmentation des salaires et des dépenses sociales devrait être plus modérée que les années précédentes, mais les investissements publics devraient continuer à progresser. Les recettes budgétaires provenant des secteurs exportateurs devraient être contraintes par la faiblesse des cours des matières premières. Parallèlement, la baisse des impôts et des taxes devrait se poursuivre, contribuant à l’apparition du déficit budgétaire.
Le gouvernement dispose toutefois d’une confortable marge de manœuvre grâce aux actifs du Fonds de Reconstruction et de Développement (FRD) (estimés à 13 milliards d’USD en 2014 soit 20 % du PIB environ). En outre, la dette publique demeure faible.
Les exportations ouzbèkes devraient continuer à souffrir de la récession en Russie et du ralentissement en Chine et au Kazakhstan. La détérioration des termes de l’échange avec la Russie liée à la dépréciation du rouble pourrait continuer à peser sur les exportations de biens manufacturés alors que les prix des produits d’exportation (coton, or, cuivre, gaz) ne devraient pas rebondir à court terme. En revanche, la hausse des volumes de gaz vendus à la Chine devrait compenser la baisse des flux vers la Russie, suite à la décision de Moscou, début 2015, de réduire ses achats de gaz ouzbek. En outre, la modération de la demande intérieure pourrait quelque peu ralentir les importations, limitant ainsi la dégradation du solde courant.
Les réserves de change massives (de l’ordre de 16 mois d’importation) mettent le pays à l’abri de tensions financières et devraient permettre aux autorités monétaires de défendre la monnaie. La banque centrale a également recours à des mesures de contrôle des changes (obligations de conversion des revenus d’exportation) pour gérer l’évolution du cours du soum. L’écart de compétitivité lié à la baisse du rouble russe et du tenge kazakhstanais pourrait cependant contraindre la banque centrale à laisser la monnaie se déprécier en 2016.
Le système bancaire, peu développé, est étroitement contrôlé par l’Etat, notamment pour sa politique de prêts, ce qui fragilise la qualité des portefeuilles. Le secteur serait cependant soutenu par le gouvernement en cas de difficultés.
Des tensions politiques latentes et un environnement des affaires difficile malgré les réformes annoncées
Islam Karimov, au pouvoir depuis l’indépendance du pays, a été réélu en mars 2015. Le processus de succession (le président est âgé de 77 ans) demeure très incertain. La pauvreté, le chômage et les restrictions des libertés offrent un terreau favorable à la contestation malgré la répression et pourrait favoriser un soulèvement populaire dans un contexte d’affaiblissement du pouvoir. Le pays est en outre exposé à la montée des mouvements islamistes radicaux et entretient des relations parfois tendues avec ses voisins, en particulier le Kirghizstan, ce qui constitue un facteur d’instabilité potentielle.
Enfin, le non-respect des règles internationales en matière de protection des investisseurs, les restrictions à l’accès aux devises, la mainmise des pouvoirs publics dans l’économie et un niveau élevé de corruption (186ème rang sur 215 selon les indicateurs de gouvernance de la Banque Mondiale), détériorent fortement l’environnement des affaires.
Source : COFACE