Le système éducatif du Guatemala est régi par la Constitution et les lois scolaires, dont le Règlement sur la loi scolaire no137-91.
Outre le fait que l’enseignement devra se donner de préférence sous forme bilingue, ces dispositions ne semblent pas particulièrement précises.
La population bilingue parlant à la fois une langue indigène et l’espagnol a le droit de choisir l’idiome dans lequel elle désire être alphabétisée: «La población bilingüe hablante de lengua indígena e idioma español tiene la opción de elegir el idioma en el cual desea alfabetizarse.»
De plus en plus, le gouvernement applique une politique dite d’éducation bilingue. L’ancien programme de castillanisation qui consistait à assimiler les langues mayas et les remplacer par l’espagnol a été remplacé progressivement par un programme d’éducation bilingue. L’instruction est dans un premier temps donnée dans la langue maternelle de l’élève, puis l’espagnol est introduit progressivement comme langue seconde. L’objectif est de passer entièrement à la langue seconde une fois rendu au secondaire. Le Guatemala reconnaît aussi la post-alphabétisation bilingue comme une partie essentielle de l’éducation des adultes. L’alphabétisation y est dispensée en quelque 15 langues locales. L’Académie des langues mayas poursuit l’objectif d’instaurer une langue maya normalisée en unifiant plusieurs langues locales et en interprétant les différentes significations linguistiques.
Cependant, beaucoup de Mayas ont dénoncé cette politique apparemment plus «moderne» et «politiquement correcte», où l’espagnol est ajouté aux langues autochtones. Ils croient qu’il s’agit d’une autre tentative, secrète celle-à, de remplacer le maya par l’espagnol et d’assimiler les enfants autochtones.
Effectivement, de graves problèmes semblent toucher le système éducatif proposé aux autochtones. Dans la plupart des écoles destinées aux indigènes, on compte souvent au moins 60 élèves par classe contre 40 pour les Ladinos, ce qui explique en partie la dégradation de la qualité de l’enseignement et les taux élevés d’abandon scolaire. La moitié seulement des enseignants est d’origine indigène, et les manuels adaptés en langue indigène font cruellement défaut. Le système actuel ne répond pas aux besoins des autochtones, parce que ce sont des programmes nationaux qui n’intègrent aucun élément de la culture indigène. Les élèves autochtones sont toujours tenus d’apprendre une autre langue que leur langue maternelle, ce qui n’est pas le cas des Ladinos. Autrement dit, les autochtones sont obligés de recevoir une éducation bilingue et de développer des habiletés de bilinguisme, alors que les Ladinos s’en tiennent à la seule langue espagnole. Quant aux fonctionnaires du gouvernement, ils estiment que l’alphabétisation en langue maternelle est prise au sérieux et généralisée, qu’elle accroît l’aptitude des individus à apprendre d’autres langues et qu’elle ne doit pas affaiblir le droit de choisir l’apprentissage d’une langue internationale (l’espagnol).
Il n’en demeure pas moins que tous ces problèmes sont quasi absents du Programme national d’autogestion éducative. Il semble que la situation soit due d’abord au manque d’appui du gouvernement guatémaltèque en cette matière, puis au nombre peu élevé d’écoles bilingues, à l’insuffisance des ressources humaines, la pénurie d’écoles normales bilingues pour former les professeurs et la diffusion insuffisante de manuels bilingues. Soulignons aussi que la grande majorité des autochtones n’a qu’un accès encore fort limité à l’éducation. En effet, le gouvernement estime que l’analphabétisme était jusqu’en 1996 d’environ 60 % chez les Mayas et d’autres populations autochtones, mais dans beaucoup de régions l’analphabétisme atteignait 100 % de la population locale.
L’enseignement universitaire
Au Guatemala, comme d’ailleurs dans les autres pays d’Amérique centrale, les établissements d’enseignement supérieur ne répondent pas aux besoins des autochtones. Très peu d’autochtones fréquentent les universités; ils sont nettement sous-représentés dans la mesure où ils ne représentent que 20 % des étudiants, alors que les autochtones constituent 70 % de la population. Les universités ne dispensent pas d’enseignement en langue autochtone, ignorent les connaissances concernant les droits des autochtones et les droits de l’homme. Les programmes et les méthodes d’enseignement ne reflètent pas la conception de l’éducation que se font les autochtones, notamment au sujet de la place de la spiritualité, du respect dû aux anciens et à leurs connaissances, et au bien-être physique. La plupart de ces établissements ne proposent pas de cours favorisant une amélioration des conditions sociales et économiques des autochtones.
Pour beaucoup de leaders mayas, l’enseignement universitaire, tel qu’il s’est appliqué au Guatemala et continue de s’appliquer, contribue à l’aliénation des autochtones au sein de leur propre peuple et entraîne une fuite des cerveaux de leurs communautés respectives. Les peuples autochtones demandent qu’un équilibre soit établi dans l’enseignement des connaissances autochtones et celles des non-autochtones.
De nouvelles stratégies éducatives
Heureusement, de nouvelles stratégies éducatives sont en train de voir le jour au Guatemala. Le système d’éducation a été étendu dans les zones urbaines marginales et rurales au moyen d’un «enseignement bilingue interculturel», ce qui a permis de scolariser 337 000 enfants de plus au niveau préprimaire et primaire bilingue et monolingue dans les zones urbaines et rurales.
Le programme national d’éducation bilingue (PRONEBI) a été systématisé et doté d’un budget propre sous l’administration de personnel technique maya et ladino. Des mécanismes ont été établis pour donner la possibilité aux communautés éducatives mayas de participer à l’élaboration des programmes scolaires et au choix des enseignants affectés aux écoles communautaires. De concert avec l’UNICEF, le Fonds national pour la paix a contribué au financement, depuis 1995, de la construction de 279 écoles, de l’équipement de 378 établissements scolaires et de l’agrandissement de 104 autres ainsi qu’à la création de 795 postes d’enseignants en milieu rural.
Le Programa de Educación Bilingüe Intercultural ou Programme national d’éducation bilingue intercuturel (PRONEBI) a aussi élaboré un programme pour établir un système permanent de formation d’enseignants bilingues, l’aménagement d’un processus de formation et de recyclage des enseignants et d’administrateurs chargés de l’enseignement bilingue, la mise au point et l’élaboration de matériel bilingue ainsi que l’accroissement du nombre de personnes scolarisées dans le cadre du programme général. Comme partout ailleurs en Amérique latine, l’éducation interculturelle se confine à l’intégration des communautés autochtones dans un environnement où l’espagnol est la langue commune de la vie publique. Il n’existe pas de réciprocité interculturelle!
Un autre aspect des programmes d’éducation et de formation de base concerne l’alphabétisation des adultes. Le Guatemala déclare se trouver dans une phase de «post-alphabétisation» dont l’enjeu est de consolider, d’entretenir et de perfectionner les acquis de l’alphabétisation. Le ministère guatémaltèque de l’Éducation nationale gouvernement considère la post-alphabétisation bilingue comme une partie essentielle de l’éducation de base des adultes. L’alphabétisation y est actuellement dispensée en 15 langues locales. Selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale, le taux d’analphabétisme serait tombé à 43 % puis à 38 % depuis 1996, ce qui a permis d’accroître le nombre d’habitants alphabétisés pour participer aux activités sociales, de défendre leurs droits et ne pas être victimes de discrimination dans la vie socio-économique de tous les jours.
De sont côté, l’Académie des langues mayas poursuit l’objectif d’instaurer une langue maya universelle en unifiant plusieurs langues locales, et en interprétant les différentes significations linguistiques.
Terminons en disant que le plus grave problème du Guatemala en matière d’éducation provient du maigre budget consacré à l’éducation. Dans la plupart des pays, les dépenses publiques en éducation varient autour de 5 % à 7 %, ce qui se vérifier dans un grand nombre d’États. Or, le budget affecté dans ce secteur se situe à moins de 2 % au Guatemala, comme aux Émirats arabes unis, en Guinée équatoriale, à Myanmar (Birmanie), en République Dominicaine et en Zambie.