Risk management
La croissance, qui est demeurée très élevée jusqu’en mai 2006, mais devrait fortement ralentir au second semestre. La chute de la Livre et les poussées inflationnistes ont conduit la Banque centrale à une hausse importante des taux d’intérêt. Cette hausse devrait rassurer les marchés mais ralentir la demande intérieure qui tirait la croissance.
Par ailleurs, la dépréciation de la monnaie pénalise les importateurs et les emprunteurs en devises mais favorise les exportateurs
Appréciation du risque
La croissance bénéficierait d’un relatif apaisement des tensions politiques internes
La croissance augmenterait légèrement en 2016, en lien avec une demande intérieure dynamique, favorisée par un retour progressif de la confiance résultant de moindres incertitudes sur le plan politique. Elle serait portée par la progression des salaires et de l’emploi. Le secteur informel jouera toujours un rôle essentiel dans l’économie. L’investissement croîtrait modérément, toujours affecté par une situation financière plus fragile des entreprises: ces dernières, notamment dans le secteur manufacturier (qui dépend des importations d’énergie, de biens intermédiaires et d’équipements) ont en effet dû faire face à la dépréciation de la livre face au dollar (‑20 % entre janvier et novembre 2015) qui, en augmentant leurs coûts de production, a réduit leurs marges. Les échanges extérieurs devraient contribuer positivement à la croissance, en raison d’importations légèrement moins dynamiques, des gains de compétitivité permis par la dépréciation passée de la livre turque et la reprise modérée en Europe. Néanmoins, l’embargo sur certains produits annoncé en novembre par la Russie et les mesures limitant le tourisme (les russes représentent 10 % des arrivées) affecteraient négativement l’économie de l’ordre de 0,7 pt de PIB.
L’inflation resterait élevée en 2016, bien supérieure à la cible de 5 % de la Banque Centrale (en 2015 elle a été portée par la hausse du prix des produits alimentaires domestiques et l’affaiblissement de la monnaie).
Des aléas baissiers persistent, tels qu’une nouvelle dégradation de la situation politique qui pourrait générer de nouvelles tensions financières. Si la livre se dépréciait à nouveau face au dollar dans ce contexte, ou en raison de la remontée du taux directeur américain, un resserrement monétaire ne serait pas à exclure.
En outre, la gestion des 2,2 millions de réfugiés syriens que le pays accueille déjà représente un défi pour le pays. Le Fonds régional d’affectation spéciale de l’UE aidera le gouvernement avec l’adoption en décembre 2015 d’un ensemble de programmes d’aide (domaines de l’éducation, la santé, l’enfance, l’eau potable…) pour un montant de 350 millions d’euros. Il s’agit de la plus importante mesure prise par l’UE face à la crise des réfugiés syriens afin de secourir les réfugiés au Liban, en Turquie, en Jordanie et en Irak.
Solidité des finances publiques, risque externe toujours important
Le niveau de la dette publique et du déficit restent faibles, bien que ce dernier pourrait augmenter temporairement en lien avec l’aggravation de la situation sécuritaire.
Le déficit courant se réduirait en 2016 tout en restant relativement élevé, en raison d’importations en volume moins dynamiques, d’exportations en volume plus allantes et de la faiblesse du prix du baril. Sa gestion demeurerait un enjeu majeur : le pays reste vulnérable à la volatilité des capitaux extérieurs, dont dépend fortement le financement de l’économie. Le risque de change serait avivé en cas de nouvelle dépréciation de la livre compte tenu du niveau important du déficit courant et de la remontée des taux américains. Il est notamment important pour les entreprises turques, fortement endettées à court terme en devises étrangères. Les réserves de change du pays pourraient s’avérer insuffisantes face à un retrait brutal de capitaux.
Moins d’incertitude politique interne mais un environnement régional mouvementé
L’ancien premier ministre M. Erdoğan a été élu Président au suffrage universel dès le premier tour en août 2014. Pourtant, son parti islamo-conservateur (AKP – parti pour la justice et le développement) a perdu la majorité absolue lors des élections législatives de juin 2015, bien qu’il reste de loin le premier parti, témoignant d’une certaine lassitude et d’une inquiétude de l’électorat face aux dérives autoritaristes, au ralentissement économique et à l’attitude floue face à Daech. Néanmoins, l’AKP a remporté presque 50 % des votes et la majorité absolue des sièges lors des élections anticipées du 1er novembre 2015, ce qui peut s’expliquer notamment par la montée de l’insécurité intérieure et extérieure. Même si l’horizon politique interne s’est éclairci, la polarisation politique et la question kurde restent problématiques.
Sur le plan extérieur, les tensions avec les gouvernements de Damas et de Bagdad, soutenus par la Russie et l’Iran, sont tendues du fait du soutien turc apporté aux mouvements rebelles sunnites modérés dans leur lutte contre Daech, mais aussi contre les régimes en place et leurs soutiens. A l’inverse, à la faveur de la gestion du problème des réfugiés, un rapprochement pourrait intervenir avec l’Union européenne avec laquelle les relations s’étaient distendues ces dernières années.
Dans un contexte de problèmes de gouvernance et de corruption, l’environnement des affaires se dégrade : le pays perd 4 places dans le classement 2016Doing Business de la Banque Mondiale. En particulier, la difficulté de création d’entreprise et de règlement de l’insolvabilité s’est renforcée.
Source : COFACE