Le poisson cru au petit déj’, ça vous tente ? Tout juste sortis des eaux, presque frétillants et déjà coupés en dés, la bonite et le thon marinent dans le jus de citron, le lait de coco, les oignons émincés, la tomate, l’ail et la ciboulette. Un régal, fondant sous la dent, que les Tahitiens s’offrent à toute heure. C’est l’un des plats les plus courants et les plus abordables. Ceux qui connaissent le ceviche mexicain ou le poke hawaïen seront en terrain connu.
Autre option : les pahua (bénitiers) crus. Si vous n’êtes pas trop aventureux, misez plutôt sur les firifiri (beignets au coco), le pain de coco ou de banane… À midi, le soir, le poisson est incontournable : thon frais en sashimi ou sushi, ou délicieusement grillé en steak, poisson perroquet presque trop beau pour être mangé, exquis mahi mahi (daurade coryphène) aux reflets verts luisant à sa sortie de l’eau, tazard, bonite, espadon (assez ferme) et on en passe. Crabes sautés, chevrettes (crevettes), langouste sont aussi de la partie.
En famille, les fins de semaine, pour les grandes occasions, on sort encore régulièrement le grand jeu. Voici venu le temps des rires et des chants, du tamara’a et de l’ahima’a : un banquet traditionnel (tamara’a), avec pour pièce maîtresse un cochon de lait cuit à l’étouffée, dans un « four » creusé à même la terre (ahima’a), où des pierres ont été préalablement chauffées à blanc. Selon ce que l’on a sous la main, on lui adjoint poisson, poulet, chevrettes, fei (bananes), taro, uru (arbre à pain), fafa (sorte d’épinards), umara (patates douces), ufi (ignames), on enrobe le tout de papier alu ou de feuilles de bananier, puis on recouvre d’autres feuilles dépliées et d’un lit de terre. Quatre à six heures plus tard, c’est prêt. Miam !
Aux Marquises, vous aurez peut-être même droit à la popoi, une pâte fermentée de taro. La meilleure (paraît-il) peut être conservée des mois dans un trou creusé dans la terre. À vous de voir.
À noter que le tamara’a est proposé en version strass et paillettes par certains hôtels et resorts de luxe. C’est mieux que rien, si vous ne connaissez pas de Polynésiens prêts à vous inviter, mais c’est cher et pas très authentique. À Moorea, Chez Serge s’en est fait une spécialité.
En dehors de ce cadre, les légumes traditionnels ne sont malheureusement pas beaucoup utilisés. Les restos s’en tiennent trop souvent aux bêtes frites et au riz. Le fafa est pourtant excellent avec le poulet (au coco) ou le cochon. L’uru aussi, surtout grillé au feu de bois.
Pour la petite histoire, sachez que c’est lui qui est à l’origine de l’épopée du Bounty. La mission du capitaine Bligh et de ses hommes n’était autre que de ramener de Tahiti des plants d’arbre à pain aux Antilles pour y nourrir à bon compte les esclaves. Vous connaissez la suite…
La viande néo-zélandaise ou australienne (agneau, bœuf) est bonne et pas trop chère. Les Polynésiens adorent les brochettes. Croyez-le ou non, depuis le passage des GI’s à Bora-Bora pendant la Seconde Guerre mondiale, ils se sont aussi mis au corned beef… Excellent avec de l’uru, dit-on (on n’a pas essayé). On en trouve d’ailleurs à travers tout le Pacifique, une vraie épidémie !