Dans les écoles où l’enseignement est dispensé dans la langue d’une nationalité, conformément à l’article 48 de la Constitution, le macédonien doit également être étudié dès le primaire (durée de huit ans).
Les Albanais – Dans l’enseignement primaire, 25 % des élèves albanais reçoivent à l’heure actuelle une éducation dans leur langue maternelle, ce qui est insuffisant puisque 100 % des enfants albanais ont le droit constitutionnel de recevoir une instruction dans leur langue maternelle. D’après les leaders albanais, le nombre de leurs écoles est nettement insuffisant ainsi que leur pourcentage d’accès aux les écoles secondaires et à l’université. En effet, seulement un tiers des enfants albanais se rend au secondaire, d’une part, à cause du manque de classes disponibles, d’autre part, parce que dans les régions rurales beaucoup d’Albanais ne voient aucun besoin d’éduquer leurs enfants, surtout les filles, au-delà de la huitième année. De plus, les albanophones estiment que le nombre des professeurs albanais est nettement insuffisant.
Le gouvernement affirme respecter les prescriptions constitutionnelles limitées au primaire et au secondaire, bien que l’éducation supérieure ne soit pas disponible dans la langue albanaise à l’exception de la formation des professeurs. Mais, là encore, les Slavo-Macédoniens ont violemment protesté lorsque que le gouvernement a autorisé la formation des enseignants en albanais à la Faculté de pédagogie de l’Université de Skopje.
Qu’à cela ne tienne, les albanophones ont donc décidé de se doter eux-mêmes d’une université, une sorte de réplique de l’université clandestine de Pristina (Kosovo). Ils ont rassemblé une partie des sommes nécessaires pour créer, en 1995, une université albanaise à Tetovo, ce qui a eu pour effet de soulever une véritable émeute chez les Slavo-Macédoniens (avec morts et blessés). À la veille de l’ouverture officielle de cette université, en février 1997, des manifestations anti-albanaises ont eu lieu à Skopje. Au moyen de slogans, les Slavo-Macédoniens ont accusé les Albanais de s’être servis de l’argent sale du marché de la drogue, lequel aurait contribué au financement de cette université – les albanophones de la Macédoine sont soupçonnés de contrôler une partie du marché de la drogue en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en République tchèque, en Pologne et en Belgique. Selon les albanophones, les Slavo-Macédoniens ne veulent tout simplement pas d’université albanaise dans leur pays. En fait, l’université n’a tout simplement pas de statut officiel et semble financée par les dons de la population. Selon le recteur de l’université, chaque Albanais de Macédoine verserait un mark allemand par mois pour l’université.
Néanmoins, en 1998, l’université libre de Tetovo disposait de 300 professeurs et de 4270 étudiants, avec un budget annuel de trois millions de Deutsche Mark. Pour les albanophones, cette université signifie qu’ils ont droit, eux aussi, à l’éducation supérieure afin de permettre l’émergence de cadres capables de les représenter et de cogérer le pays. Pour les Slavo-Macédoniens, au contraire, il s’agit d’une immixtion d’extrémistes kosovars dans les affaires intérieures de la Macédoine. Encore une fois, cette question de l’université de Tetovo démontre que les relations entre la minorité albanaise et la majorité macédonienne restent toujours conflictuelles.
Les Turcs – Les Turcs, qui comptent pour près de 4 % de la population, se plaignent aussi de l’attitude du gouvernement en matière d’éducation.
Un litige a été soulevé par des parents qui veulent éduquer leurs enfants en turc malgré le fait que ces derniers ne parlent pas le turc à la maison. Le ministère de l’Éducation interdit à ces enfants l’enseignement en turc en s’appuyant sur la Constitution qui ne prévoit pas un enseignement dans une langue étrangère pour les minorités. Les parents ont proposé d’embaucher eux-mêmes des professeurs, mais le gouvernement a refusé en prétextant que cette sorte d’instruction privée ne pourrait pas légalement être autorisée. Pour les Turcs, cela signifie que le gouvernement ne reconnaît pas sa minorité turque et ne leur donne pas l’autorisation d’enseigner dans les écoles turques, ce qui expliquerait le peu d’enfants de cette minorité à l’école.
Les Tsiganes – Les Tsiganes, pour leur part, qui comptent pour 2,3 % de la population, disposent d’écoles primaires où l’on enseigne la langue romani. Toutefois, le gouvernement avait promis en 1994 d’accorder une subvention afin de faire rédiger une grammaire tsigane pour leurs enfants; les Tsiganes ont attendu trois ou quatre ans de plus.
Les Serbes – Quant aux Serbes, ils ont la possibilité de donner une instruction en serbe dans les écoles primaires, là où ils sont en majorité, mais ils se plaignent également de discrimination. Ils affirment avoir de la difficulté à enseigner librement leur religion dans leurs écoles et vivre en conformité avec les préceptes de l’Église orthodoxe serbe.
Les Valaques – Il en est de même avec les Valaques (ou Aroumains) qui ont la possibilité d’étudier leur langue dans quelques écoles primaires de l’État: depuis 1995-1996, plus de 350 élèves ont droit à une heure hebdomadaire d’enseignement en aroumain (valaque).
Quant aux autres minorités, croate, grecque, bulgare, etc., elles disposent en principe du droit à l’enseignement dans leur langue maternelle au primaire et au secondaire, mais aucun rapport ne fait mention de leur insatisfaction à leur sujet. On peut supposer que, si les minorités mentionnées précédemment se montrent insatisfaites à ce sujet, il en est probablement de même pour les plus petites minorités.