Guadeloupe précolombienne
Des vestiges archéologiques retrouvés loin des côtes témoignent d’une présence humaine en Guadeloupe au moins 3 000 ans avant J.C.
La Guadeloupe fut peuplée par les Indiens Arawaks, un peuple pacifique venu du bassin de l’Orénoque (actuel Vénézuela) vers 300 après J.C., vivant de l’agriculture et de la pêche. Ces derniers furent décimés par les Indiens Caraïbes, également originaires de la région du Vénézuela, autour du VIIIème siècle. L’île s’appelait alors « Karukéra », qui signifie « l’île aux belles eaux » en langue caraïbe.
Christophe Colomb aborda la Guadeloupe en novembre 1493. L’île fut baptisée Guadeloupe en référence à un monastère d’Estrémadure.
Au XVIème siècle, les Espagnols firent quelques tentatives pour conquérir la Guadeloupe et furent repoussés par les Caraïbes.
Au XVIIème siècle, sous le patronage du cardinal de Richelieu, des marchands français fondent la Compagnie des Iles d’Amérique qui organise la colonisation : mandatés par la compagnie, Liénard de L’Olive et Du Plessis d’Ossonville débarquent à la Guadeloupe. Ils prennent possession de l’île, le 28 juin 1635, et livrent une guerre sans merci aux Indiens Caraïbes.
Charles Houel, gouverneur de la Guadeloupe de 1643 à 1664, fonde la ville de Basse-Terre, devient propriétaire de l’île qu’il rachète à la Compagnie des Iles d’Amérique et reçoit de Louis XIV le titre de Marquis de Guadeloupe. C’est vers 1644 que la vocation économique de l’île se dessine avec la culture de la canne à sucre.
Cette culture demande une importante main d’œuvre : les Africains réduits en esclavage sont amenés dans les plantations.
En 1674, la Compagnie est supprimée. L’île, rattachée directement au pouvoir royal, devient colonie du royaume. Au cours du siècle suivant, se développe une économie basée sur le sucre et l’esclavage. En 1685, est proclamé le Code noir qui régit l’esclavage dans les colonies françaises. Le XVIIIème siècle est marqué par les guerres avec l’Angleterre pour la conquête des îles caribéennes.
En 1759, pendant la guerre de Sept ans (1756-1763), la Guadeloupe est occupée par les Anglais qui fondent le port de Pointe-à-Pître. En 1763, le traité de Paris met fin à la guerre et restitue la Guadeloupe et la Martinique à la France. C’est en 1775 que l’île obtient son autonomie vis-à-vis de la Martinique.
La période révolutionnaire sera, pour la Guadeloupe, une époque agitée : l’île est occupée en 1794 par les Anglais mais aussitôt reprise par l’énergique commissaire de la Convention, Victor Hugues, qui proclame l’abolition de l’esclavage. En 1802, le général Richepance vient, sur ordre de Bonaparte, rétablir l’esclavage et réprimer le soulèvement du chef de bataillon Delgrès. Par décret du 27 avril 1848, sur proposition de Victor Schoelcher, l’esclavage est aboli. Depuis 1871, sans interruption, la Guadeloupe est représentée au Parlement Français.
La Guadeloupe est un département français d’outre-mer, depuis la loi du 19 mars 1946.
Au cours du débat parlementaire, un des députés de la Guadeloupe, Paul Valentino (qui s’était illustré par son opposition au régime vichyste de l’amiral Robert) avait fait part de certaines réticences et objections, tant par crainte de voir disparaître des prérogatives dont jouissaient les conseils généraux des colonies (à la différence des conseils généraux de la métropole) que par crainte d’une départementalisation excessive qui pourrait paradoxalement conduire à une remise en cause de l’appartenance à la France.
Néanmoins, la départementalisation est accueillie en Guadeloupe comme en Martinique, avec enthousiasme. Le premier préfet, Henry Poignet, est installé solennellement en 1947 par le Ministre Jules Much.
La vie politique, dans les années qui suivent la départementalisation, paraît dominée par les partis de gauche (socialiste SFIO et communistes) : relevons les noms de Rosan Girard, de Gerty Archimède (une femme avocate), de Paul Valentino. Les conflits sociaux, dans l’économie cannière, ne peuvent que renforcer l’influence de la gauche et particulièrement des communistes (incidents de Gardel, dans la région du Moule, en février 1952).
Entre 1951 et 1956 : Lors des dernières élections de la IVème république, se manifeste une certaine diversification avec l’élection de Furcie Tirolien, de tendance gaulliste, mais la Guadeloupe conserve un député communiste, Rosan Girard, et un socialiste, Pierre Monnerville.
A la fin des années 50 et surtout à partir des années 60 apparaissent un certain nombre de changements.
La fédération communiste qui avait entamé la rupture d’avec Aimé Césaire, élu communiste martiniquais, se transforme en parti communiste guadeloupéen (1958).
Des tendances autonomistes, voire indépendantistes, se manifestent avec notamment le G.O.N.G (groupe d’organisation nationale de la Guadeloupe). Des émeutes se produisent en 1967 à Basse-Terre puis à Pointe-à-Pitre. D’autres organisations ouvertement nationalistes prennent le relais. Certains éléments n’hésitent pas à recourir à une campagne relativement brève d’attentats.
A s’en tenir au baromêtre des élections législatives, la Guadeloupe partagée alors en trois puis quatre circonscriptions a pour députés des départementalistes d’abord, de nuances diverses, ou des autonomistes plus ou moins affirmés, les uns et les autres rejetant l’indépendance.
On relèvera les noms de Médard Albrand, officier de la légion d’honneur, de Gaston Feuillard, avocat à la cour de Basse-Terre, Maire de Basse-Terre, Conseiller général, et ancien vice-président du conseil général (Union des démocrates pour la République) (circonscription de la Côte sous le vent, des Iles du Nord, de Marie-Galante), de Pierre Monnerville puis de Paul Lacave (communiste) pour une circonscription comprenant la côte au vent de la Guadeloupe et une partie de la Grande-Terre, puis du Docteur Hélène (circonscription de la Grande-Terre mais les Abymes et Morne à l’Eau).
Le général de GAULLE effectue un séjour en Guadeloupe du 3 au 4 mai 1960 au cours duquel il présente des décrets visant à renforcer les pouvoirs de consultation des conseils généraux des départements d’Outre-mer. En effet, ces derniers voient leurs pouvoirs s’accroître dans le domaine législatif et réglementaire, ainsi qu’en matière financière.
Ces assemblées devront être désormais consultées et pourront émettre de leur propre chef leur avis sur toute mesure législative et réglementaire concernant l’Outre-mer. Par ailleurs, leur rôle dans la répartition des crédits d’investissements pour toutes les opérations de caractère local est renforcé.
Les Conseils généraux pourront dès lors procéder à la répartition des sommes globales attribuées à la métropole.
L’après gaullisme (démission du Général de Gaulle en 1969) ne paraît pas modifier ces tendances même si les titulaires de certaines circonscriptions changent.
On remarquera néanmoins que de 1968 à 1978, sur 3 députés, deux siègent dans les rangs de l’UDR (Union des démocrates pour la République). En 1978, siègent à l’Assemblée nationale 3 députés de la Guadeloupe affiliés au RPR (Rassemblement pour la République) : José Moustache, Marianni Maximin et Raymond Guillot. En 1981, la gauche regagne 2 sièges sur 3.
Au-delà des clivages classiques, les courants politiques se sont diversifiés.
Le 2 Décembre 1982, le Conseil constitutionnel annule la loi d’adaptation de la loi de décentralisation du 2 Mars instaurant l’Assemblée unique en Guadeloupe au motif de l’inadéquation du mode de scrutin. Le 31 Décembre de la même année, la Guadeloupe est érigée en région monodépartementale.
Le 20 Mars 1986, Lucette Michaux-Chevry est la première femme Députée d’outre-mer à devenir Ministre (Secrétaire d’Etat à la Francophonie au sein du 2ème Gouvernement CHIRAC).
Des scissions affectent les courants de gauche socialistes et communistes. Du rang des socialistes est issu le groupe Guadeloupe unie socialisme et réalité. Nombre de cadres et d’élus communistes constituent le parti progressiste démocratique guadeloupéen (PPDG) consécutivement à l’implosion de l’URSS.
Au sein du courant de la droite, on retrouve dans « Objectif Guadeloupe » créé par Lucette Michaux-Chevry, ancien Président du Conseil Général, ancien Député, ancien Ministre, ancien Maire de Gourbeyre puis de Basse-Terre, ancienne Présidente du Conseil Régional et Sénateur de la Guadeloupe, un ensemble d’élus venant d’horizons différents allant des départementalistes aux autonomistes réfutant les thèses indépendantistes.
En Décembre 1999, est signée une déclaration de Basse-Terre au bas de laquelle apposent leur signature, Antoine Karam, Président du Conseil Régional de la Guyane, Alfred Marie-Jeanne, Président du Conseil Régional de la Martinique, Député de la Martinique, et Lucette Michaux-Chevry.
Cette déclaration creuse désormais le sillon d’une volonté politique visant à transformer, notamment en Guadeloupe, la région monodépartementale en région dotée de pouvoirs élargis au sein de la France et de l’Union Européenne.
La loi constitutionnelle du 28 mars 2003 relative à l’organisation décentralisée de la République a profondément rénové le cadre constitutionnel de l’outre-mer.
Elle a défini le cadre d’éventuelles évolutions statutaires ou institutionnelles des collectivités ultra-marines. En Guadeloupe, les élus ont fait au Gouvernement les propositions d’évolution statutaire qu’ils souhaitaient voir soumis au suffrage des électeurs.
Trois consultations populaires ont ainsi eu lieu le 7 décembre 2003 : à St Martin et St Barthélémy pour recueillir l’avis des électeurs, conformément aux vœux des conseils municipaux, sur une évolution statutaire propre à chacune de ces îles dans le cadre de l’article 74 de la Constitution et en Guadeloupe continentale sur la création d’une collectivité unique se substituant au département et à la région dans le cadre de l’article 73 de la Constitution.
A Saint-Martin, le « oui » l’a emporté à hauteur de 76,17 % avec un taux de participation de 44,18 % (qui reste égal ou supérieur aux taux habituels). A Saint-Barthélemy, le vote en faveur du « oui » a représenté 95,51 % des suffrages exprimés avec une participation de 78,71 %.
En Guadeloupe continentale, les électeurs ont rejeté à 72,98 % des suffrages exprimés le projet de création d’une assemblée unique. La participation a atteint 50,34 % du corps électoral, soit un niveau proche de celui de la plupart des scrutins locaux et supérieur à celui des scrutins nationaux.
En 2007 : Nicolas Sarkozy est élus président de la république, et s’engage dans la modernisation des institutions pour renforcer la démocratie de proximité en responsabilisant davantage les élus locaux.
2012 : Elections de François Hollande, président de la république.