Risk management
Appréciation du risque et protection
L’incertitude a miné la croissance
L’incertitude engendrée par l’arrivée de Syriza au pouvoir en janvier 2015, qui a culminé avec l’instauration, fin juin, d’un contrôle des capitaux, a entraîné à nouveau une récession. L’économie a malgré tout mieux résisté que prévu à ce choc. La hausse de la consommation, tirée par des achats de précaution et l’utilisation, par les ménages, de leurs bas de laine, ainsi que le recul des importations, ont en partie compensé la baisse de l’investissement et des exportations. En outre, le tourisme a affiché de bonnes performances. La récession devrait se poursuive en 2016 sur une partie de l’année du fait de l’impact durable du contrôle des capitaux, bien que celui-ci ait été assoupli, à plusieurs reprises. L’hémorragie de capitaux a été stoppée mais les dépôts bancaires ne se sont pas redressés, bien qu’Athènes se soit entendu, en août, avec ses créanciers internationaux sur un troisième plan d’aide. Cependant, le retour d’une certaine confiance, la recapitalisation du secteur bancaire et le redémarrage attendu des projets d’investissement devraient entraîner une reprise très progressive de l’activité. Cela ne se traduira pas, toutefois, par une hausse du PIB réel sur l’ensemble de l’année.
En dépit d’une tendance à la baisse, le taux de chômage, à près de 25%, reste très élevé. L’inflation, demeurée négative en 2015, du fait de la baisse des prix de l’énergie et de la faiblesse de la demande interne, devrait reprendre en 2016 avec le redémarrage progressif de l’activité.
Un plan de réformes à honorer pour continuer à bénéficier de l’aide internationale
Le troisième plan d’aide, après ceux de 2010 et 2012, approuvé par l’Eurogroupe en août 2015, prévoit la mise à disposition de 86 milliards d’euros en échange de la mise en œuvre d’importantes réformes (TVA, retraite, fiscalité, système bancaire, privatisations, …). Le Parlement grec a approuvé un certain nombre de ces réformes depuis l’été 2015, l’une des dernières en date concernant la règlementation des saisies immobilières, ce qui a ouvert la voie à la recapitalisation du secteur bancaire. Le gouvernement doit désormais approuver une refonte, difficile, du système des retraites qui permettrait au pays de conclure la première revue du programme d’aide et de bénéficier par la suite d’une certaine forme d’allègement de la dette.
Des progrès réalisés sur le plan budgétaire mais une dette publique difficilement viable
Le solde budgétaire s’est accru en 2015 sous l’effet d’une incertitude prolongée et du marasme de l’économie, qui ont pesé au premier semestre sur les recettes publiques. Les mesures d’économie prises à compter de l’été ont toutefois permis de limiter la hausse du déficit en 2015 et devraient porter leurs fruits plus encore en 2016. En dépit de l’effort considérable d’ajustement budgétaire entrepris entre 2009 et 2014 et de la perspective d’une nouvelle consolidation, le risque souverain grec demeure très élevé. Les coûts d’emprunt sur le marché obligataire sont, certes, redescendus depuis juillet 2015, mais ils oscillent encore entre 8% et 9% à l’heure actuelle. Surtout, le ratio de la dette publique devrait atteindre un pic en 2016, dépassant les 190% du PIB.
Le redressement du secteur bancaire sera déterminant pour la convalescence de l’économie
Le bras de fer engagé avec l’UE et le FMI et la perspective d’un arrêt de la fourniture de liquidité d’urgence aux banques par la BCE et d’un « grexit » ont entraîné une baisse de 25 % des dépôts au premier semestre 2015. Sans l’instauration du contrôle des capitaux et la fermeture temporaire des établissements de crédit, le secteur bancaire se serait effondré, alors même qu’il était déjà grevé par le poids des prêts non-performants (qui culminent aujourd’hui à près de 50% du total des prêts). Le bilan de santé des banques a été établi en octobre 2015 par la BCE et leur recapitalisation a débuté. Les besoins en capitaux des quatre banques « systémiques » sont estimés à 14 milliards d’euros (fourchette haute), soit à un niveau inférieur aux 25 milliards prévus dans le cadre du nouveau plan d’aide. Certaines banques sont parvenues à lever des sommes importantes auprès d’investisseurs privés afin d’avoir à solliciter le moins possible l’aide publique.
Une situation politique toujours fragile
Début 2015, les Grecs ont donné la victoire au parti de gauche radicale Syriza, qui a choisi de s’allier avec la droite souverainiste pour gouverner. La conclusion in extremis d’un accord avec les créanciers européens en juillet, malgré la victoire du Non au référendum sur la ratification d’un tel accord, a profondément divisé Syriza. Face à la défection de certains de ses députés, le Premier ministre Alexis Tsipras a démissionné en août et convoqué des élections anticipées pour septembre 2015. Syriza a remporté ce scrutin et reformé son alliance précédente. Toutefois, le taux d’abstention a atteint un niveau record (45 %) et le climat social reste tendu, comme en témoigne la grève générale de décembre 2015 organisée par les syndicats des secteurs privé et public. Le gouvernement reste fragile, la majorité ayant déjà perdu deux de ses députés lors du vote de la réforme de la règlementation des saisies.
Source : Coface