Risk management
Appréciations du risque et protection
Léger rebond de la croissance tirée par les investissements publics en 2016
Alors que l’investissement privé risque d’être freiné par les incertitudes politiques et les taux d’intérêt élevés, l’investissement public devrait demeurer le principal moteur de l’activité géorgienne, grâce aux projets financés par les prêts multilatéraux : la signature en juin 2014 des accords d’association (AA) et de libre échange (DCFTA) avec l’UE donne au pays l’accès aux fonds européens et la Géorgie devrait figurer parmi les premiers bénéficiaires des prêts de la nouvelle Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB). Les projets d’infrastructure devraient ainsi soutenir l’activité de la construction mais aussi des services (40% du PIB, en particulier commerce, transports).
Une demande peu dynamique dans les principaux pays partenaires commerciaux de la Géorgie devrait contraindre les exportations.
Compte tenu de la dépendance encore forte avec la Russie, la croissance géorgienne devrait rester freinée par la situation économique russe. La baisse des transferts des expatriés (12 % du PIB), provenant pour près de 60 % de Russie, une politique budgétaire peu expansionniste et une inflation soutenue devraient limiter la consommation des ménages.
La hausse des prix devrait en effet être alimentée par le renchérissement des prix des biens alimentaires et de l’énergie importés, en raison de dépréciation du lari. La banque centrale devrait toutefois poursuivre sa politique de hausse des taux (relèvement à 7,5 % en novembre 2015 contre 4% en janvier), afin d’éviter une trop forte hausse de l’inflation.
Absence de détérioration du déficit public et quasi-stabilité du déficit courant
Le solde budgétaire ne devrait pas se creuser en 2016 grâce à la maîtrise des dépenses, conformément à l’accord conclu avec le FMI en juillet 2014. Les investissements devraient demeurer prioritaires, étant précisé que leur financement, principalement couverts par des prêts multilatéraux, devrait peu peser sur les finances publiques. La réduction du déficit sera toutefois compliquée par la faible progression des revenus fiscaux, contraints par une activité peu soutenue.
Le déficit courant ne devrait pas se réduire significativement en 2016. Les exportations géorgiennes devraient demeurer handicapées par un contexte économique défavorable tant en CEI (Azerbaïdjan, Arménie, Russie), qui représente la moitié des débouchés du pays, qu’en UE (plus de 20 % des exportations). Un nouvel embargo de Moscou sur les importations géorgiennes, qui ne peut être exclu compte tenu des tensions entre les deux pays, détériorerait davantage le solde. La baisse des transferts et des recettes du tourisme, limitées par les incertitudes politiques, devraient également contribuer au maintien d’un solde négatif. La hausse modérée des importations, ainsi que le maintien des revenus liés au transit de pétrole, devraient cependant éviter une nouvelle aggravation du déficit.
Les pressions à la baisse sur le cours du lari, qui a perdu près de 20 % face au dollar entre janvier et octobre 2015, devraient se poursuivre en 2016, notamment en relation avec la hausse attendue des taux d’intérêt américains. Une accentuation des tensions politiques ou une dégradation des relations avec la Russie accélérerait la baisse du lari avec d’importantes conséquences sur l’endettement public (libellé à près de 75 % en devises), mais aussi des banques (60 % des prêts et dépôts en dollar).
Des tensions politiques sources d’instabilité mais une gouvernance qui tend à s’améliorer
Les tensions dans les régions qui ont proclamé unilatéralement leur indépendance (Abkhazie et Ossétie du sud), soutenues par la Russie, s’accentuent avec la volonté affirmée de leurs dirigeants de se rapprocher de Moscou. Une détérioration des relations entre la Russie et la Géorgie au sujet du statut de ces territoires n’est pas exclue.
Sur le plan national, la coalition du « Rêve géorgien » (RG), qui a remporté les élections législatives en 2012 puis présidentielles en 2013, face au parti Mouvement National Uni (MNU) de l’ancien président M. Saakashvili, peine à rester unie et à conserver la confiance de la population. Face à ce manque de soutien, le Premier ministre I. Gharibashvili a démissionné fin décembre 2015. Les dissensions au sein de la coalition au pouvoir ralentissent les réformes, accentuant le mécontentement de la population, par ailleurs déçue par les performances économiques du pays. L’instabilité sociale et politique pourrait s’accroître d’ici les élections législatives d’octobre 2016 alors que le pouvoir du Parlement a été considérablement renforcé par la récente modification de la Constitution.
La Géorgie est l’un des pays de la CEI les mieux classés en termes de gouvernance. Son classement selon les indicateurs de la Banque mondiale tend en outre à s’améliorer, en particulier en matière de lutte contre la corruption (52ème sur 215 en 2014 contre 71ème en 2013).
Source : Coface