Atouts stratégiques
L’Espagne a connu depuis le début des années 2000 une croissance plus forte que le reste de l’Europe, porteuse de grands déséquilibres suivie d’une violente récession après 2008.
Le dynamisme économique reposait essentiellement sur la vigueur de la demande interne, stimulée par un fort endettement. L’effet pervers en a été la création d’une bulle immobilière dont l’éclatement (baisse des prix de l’immobilier de 30%, augmentant le risque d’insolvabilité des propriétaires ayant bénéficié de crédits bancaires), conjugué avec la crise de la dette souveraine en zone euro, a plongé le pays dans la récession. Après avoir cru de 3,8% par an de 1998 à 2008, le PIB a ainsi diminué de 7% entre 2007 et 2013, le chômage est passé de 8% à 27% de la population active, la dette publique de 36% à 93% du PIB, son financement n’étant plus possible qu’au prix d’une prime de risque considérable.
Pour sortir de la crise, le gouvernement espagnol a organisé le sauvetage du secteur bancaire dont la faillite menaçait le pays et l’Europe, pris des mesures de réduction des déficits publics et organisé une dévaluation interne permettant de renforcer la compétitivité des entreprises espagnoles en Europe et sur les marchés émergents
Sauvetage du secteur bancaire
Le système bancaire espagnol souffrait de son exposition excessive au risque immobilier alors que les banques étaient trop nombreuses et faiblement capitalisées. L’explosion de la bulle immobilière a mis la plupart des banques, très exposées au risque immobilier, en situation de faillite. Le secteur a été restructuré et un financement de 127 Mds€ a été nécessaire pour le remettre à flot.
Les conditions imposées à ces banques ont été strictes et socialement douloureuses (réduction du nombre d’agences et du nombre d’employés), mais le secteur bancaire espagnol a pu être restructuré et assaini. Le nombre d’établissements bancaires a été divisé par 3, et les banques espagnoles ont toutes passé l’épreuve des stress test et de l’AQR à l’automne 2014. Ces efforts ont permis à l’Espagne de sortir officiellement du programme d’aide européen, le 22 janvier 2014.
Réduction des déficits
Le gouvernement a réussi à réduire les déficits publics de 57 Mds€ tout en augmentant les recettes fiscales de 33 Mds€ de 2012 à 2014. Les dépenses de l’Etat ont diminué de 22% en 5 ans dans les domaines régaliens (sécurité, défense, justice, politique extérieure), les moyens consacrés à la culture, la santé, et l’éducation ont été réduits de 10% à 30%, ceux consacrées aux infrastructures ont baissé de 53%, à la recherche de 33%. Le non remplacement de 9 fonctionnaires sur 10 et la pression sur les salaires des agents publics ont permis d’importantes économies. Les dépenses d’indemnisation du chômage ont été réduites en restreignant les conditions d’accès aux prestations ; le régime des retraites a été réformé pour contenir l’évolution des prestations, mais ces mesures ne porteront leurs fruits qu’à partir de 2019. Dans le même temps, le gouvernement a augmenté le taux de « l’impôt sur le revenu de l’activité et de l’épargne » et celui de l’impôt sur les sociétés, en réduisant les dépenses fiscales. Il a également augmenté la TVA et les impôts relevant des communautés autonomes (rétablissement de l’impôt sur le patrimoine et hausse de l’impôt foncier via une revalorisation cadastrale) ainsi que les cotisations sociales.
Rétablissement de la compétitivité
Pour réduire le coût du travail et renforcer la compétitivité externe de l’Espagne, le gouvernement a adopté un ensemble de mesures visant à faciliter les licenciements et l’embauche, et à favoriser la flexibilité de l’organisation du travail au sein des entreprises. Quatre millions d’emplois ont été détruits en 5 ans, dont 60% dans le secteur de la construction. , Le chômage de longue durée a augmenté (60% des 5 millions de chômeurs le sont depuis plus d’un an). Les emplois à temps partiel et en CDD occupent une part prépondérante dans les emplois créés depuis la fin 2013.La dévaluation interne a soutenu les exportations espagnoles. Entre 2008 et 2013, les exportations ont crû en moyenne de 4,5% par an alors que les importations ont baissé de 2,3% par an.
Avec la reprise économique, l’Espagne a connu en 2015 l’un des taux de croissance les plus élevés de la zone euro (3,2%). Mais la croissance entame déjà un certain recul (2,8 % prévus à ce stade par la Commission européenne pour 2016). En outre, la crise a laissé des traces et les difficultés persistent : les déficits publics restent élevés, la dette publique, qui dépasse déjà les 100% du PIB, continuera à augmenter en 2016 , la dette privée reste élevée (près de 190% du PIB) et pèsera sur les capacités d’investissement. La position extérieure nette de l’Espagne reste déficitaire et la maintient en situation de fragilité par rapport à un choc extérieur. L’évolution du marché immobilier reste, quant à elle, incertaine. Enfin, le bilan social de la crise est lourd. Le taux de chômage reste, par ailleurs, très élevé (23 %), notamment chez les jeunes (46 %), la précarité a augmenté et 25% des ménages sont en situation d’exclusion ou de menace d’exclusion sociale. Enfin, le climat d’incertitude actuel sur le plan politique se traduit en ce début d’année par une forte instabilité sur les marchés (à noter plusieurs baisses successives de l’Ibex, le principal indice boursier de la Bourse de Madrid).
Flux & IDE en milliards $
2002: 39,99
2003: 25,60
2004: 24,79
2005: 30,53
2006: 41,42
2007: 83,39
2008: 77,88
2009: 19,42
2010: 45,38
2011: 34,09
2012: 33,23
2013: 44,91
Repères économiques
Prévision de croissance du PIB : 10ème
Jusqu’en 2001, l’économie espagnole affichait des performances remarquables avec notamment la spectaculaire baisse du chômage. L’année 2002 avait marqué un coup d’arrêt à ce formidable dynamisme de l’économie. La croissance avait diminué principalement du fait de l’effondrement des exportations du à la crise économique argentine. En 2005 la plupart des indicateurs sont excellents. La croissance espagnole est de 3.4% contre une moyenne de 1.5% pour l’Union. Elle a permis la création de 930 000 emplois en un an, soit la moitié des emplois crées dans la zone euro. Pour la première fois, le chômage (8.4%) est plus bas que la moyenne européenne. Pour 2007 le gouvernement prévoit des réductions d’impôts sur les bénéfices des sociétés, sur les revenus et l’épargne des particuliers.
Données économiques (chiffres Commission européenne)
PIB 2015 : 1082 Mds d’euros ; prév 2016 : 1122,5Mds d’euros
PIB par habitant (2015) : 23 325€
Taux de croissance (2015) : 3,2% (prev 2016 : 2,8%)
Taux de chômage (2015) : 22,3 % (prev 2016 : 20,4%)
Taux d’inflation (2015) : -0,6 %Déficit public (2015) : – 4,8 % du PIB (prev 2016 : – 3,6%)
Dette publique (2015) : 100,7 % du PIB (prev 2016 : 101,2%)
Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :
- agriculture : 2,7%
- industrie : 26,1 %
- services : 72,8% Principaux clients (2014) : France (15,8%), Allemagne (10,4 %), Portugal (7,3%), Italie (7,1%), Royaume-Uni (6,9%), Etats-Unis (4,4%). Principaux fournisseurs (2014) : Allemagne (13,3 %), France (11,8 %), Chine (6,1%), Italie (6,1%), Pays-Bas (4,8%), Royaume-Uni (4,4%).
PIB en milliards $
2002: 705
2003: 906
2004: 1 069
2005: 1 157
2006: 1 264
2007: 1 479
2008: 1 635
2009: 1 498
2010: 1 431
2011: 1 494
2012: 1 355
2013: 1 393
Taux de chômage %
2002: 11,6%
2003: 11,5%
2004: 11,2%
2005: 9,3%
2006: 8,6%
2007: 8,4%
2008: 11,5%
2009: 18,1%
2010: 20,2%
2011: 21,7%
2012: 25,2%
2013: 26,6%
PIB & Taux de croissance %
2002: 2,9%
2003: 3,2%
2004: 3,2%
2005: 3,7%
2006: 4,2%
2007: 3,8%
2008: 1,1%
2009: -3,6%
2010: 0,0%
2011: -0,6%
2012: -2,1%
2013: -1,2%
Opportunités
Les marchés à fort potentiel sont l’environnement, principalement le recyclage des déchets et le traitement de l’eau,
l’agroalimentaire, la sous-traitance électrique et électronique, les produits technologiques dans les secteurs de l’informatique et des télécommunications.