Risk management
Appréciation du risque et protection
Confirmation d’une lente reprise
La reprise devrait s’amplifier en 2016. Le tourisme, le transport maritime et les services non financiers, trois secteurs exportateurs traditionnels de l’île, profitent du surcroît de compétitivité procuré par la dépréciation de l’euro et la baisse des salaires. Leurs excédents compensent en grande partie le déficit commercial (17%) lié à la faible diversification de la production manufacturière locale (médicament, fromage et électronique). La baisse de fréquentation et des dépenses de la clientèle russe (26% des visiteurs en 2014) est équilibrée par la forte hausse de celle des britanniques (39%) et d’autres nationaux. Les nombreuses entreprises russes enregistrées sur place restent une clientèle majeure pour les sociétés de service. La demande locale progressera très modérément. Les ménages accroîtront encore faiblement leurs dépenses. Ils sont confrontés à des prix des logements qui ont chuté de plus de 30% depuis 2010 et dont on entrevoit juste la stabilisation, à un chômage élevé (16%, mais 40% chez les jeunes) et à un endettement équivalant à 124% du PIB. De plus, les salaires du secteur public sont gelés jusqu’en 2016 et ceux du privé cessent seulement de reculer. Par ailleurs, l’investissement public reste contraint par l’assainissement budgétaire. Enfin, les entreprises doivent faire face à un endettement équivalant à 134% du PIB. Dans ce contexte, la construction d’équipements touristiques et de bureaux, l’autre secteur majeur, reprend timidement.
Un secteur bancaire en convalescence
Suite à l’entrée dans l’UE en 2004, le secteur bancaire chypriote a enflé jusqu’à peser sept fois le PIB. Le retournement du marché immobilier local fin 2008 et l’effondrement de l’économie grecque début 2010, dans lesquels il avait considérablement investi, lui ont été fatals, provoquant l’insolvabilité de ses principaux acteurs. Incapables d’opérer seules le sauvetage vue la forte dégradation des comptes publics et extérieurs, soumises à la pression de la Commission européenne, de la BCE et du FMI qui en faisaient une condition de leur aide financière, les autorités ont restructuré le secteur en grande partie aux frais des créanciers et des déposants. Malgré la liquidation de l’une des principales banques, le secteur, à présent extrêmement concentré, pèse encore 315% du PIB, hors banques étrangères (160%). La dépendance aux dépôts de non-résidents (40% du total, soit 130% du PIB) et aux liquidités de la banque centrale reste élevée. Les créances douteuses représentent plus de 50% du portefeuille et seules un tiers fait l’objet d’un provisionnement. En dépit de l’adoption d’une législation modernisée sur les saisies immobilières et les faillites, leur traitement est rendu laborieux par la difficile estimation des biens servant de garantie, la fréquente inexistence cadastrale des appartements, ainsi que par la lenteur du transfert par l’administration des titres de propriété des promoteurs aux acheteurs. Dans cet imbroglio, ni les ménages ni les promoteurs ne sont incités à rembourser leurs emprunts. Des avancées ont cependant été réalisées comme la création d’un registre du crédit ou le transfert de la surveillance aux instances européennes.
Un assainissement budgétaire nécessaire à la réduction de la dette
Les efforts qui ont représenté 7,5% du PIB sur 2013 et 2014 ont permis d’effacer le déficit. Toutefois, afin d’accélérer la réduction de la dette publique, n’intégrant pas les garanties accordées sur des emprunts bancaires (20% du PIB), un effort supplémentaire estimé à 4% du PIB est à réaliser d’ici fin 2016. Il devrait comprendre une augmentation de la fiscalité sur les revenus du capital et les bénéfices des entreprises. Si la réforme de l’administration (avancement, grille salariale, mobilité) est en cours, celle de la gestion des entreprises publiques, tout comme les privatisations (Cyprus Telecom, port de Limassol), ont pris du retard. Il y a un risque que la classe politique ne persévère pas dans l’effort qui sera de longue haleine compte tenu de l’ampleur de la dette. L’influence des institutions européennes et du FMI pourrait diminuer après mars 2016, lorsqu’ils auront versé la totalité de leur aide financière (10 milliards d’euros soit 57% du PIB, dont 72% déboursés à fin octobre 2015).
Un gouvernement minoritaire engagé dans des pourparlers en vue de la réunification de l’île
En attendant les prochaines élections législatives de mai 2016, Nicos Anastasiades, élu en 2013 à la présidence pour 5 ans, dirige un gouvernement conservateur minoritaire avec son parti, le Rassemblement démocratique (Disy). Il doit trouver des majorités au parlement avec les centristes du Parti démocrate (Diko) face au Parti progressiste des travailleurs (Akel), en assortissant l’assainissement budgétaire de mesures sociales (mise en place d’un système national de santé et d’un revenu minimal). Nicos Anastasiades et Mustafa Akinci, les dirigeants respectifs des communautés chypriotes grecque et turque de l’île se sont rencontrés à plusieurs reprises depuis mai 2015 sous les bons offices américains en vue de mettre fin à la division du pays. Cela profiterait à l’économie et, notamment, à l’exploitation future des gisements gaziers en mer. L’issue dépendra, entre autres, de l’attitude la Turquie, présente militairement dans la partie nord de l’île.
Source : Coface