Risk management
Appréciation du risque et protection
Une croissance modérée portée par la consommation
La croissance de 2016 devrait être du même ordre qu’en 2015. L’effet positif de la dépréciation de l’euro et de la baisse du prix de l’énergie s’estompe, tandis que le marasme des marchés émergents devrait être compensé par les dépenses supplémentaires liées aux réfugiés. La consommation des ménages confirmera son rôle de première contributrice. Elle sera soutenue par la progression continue de l’emploi, l’accroissement du revenu réel disponible lié à la faiblesse de l’inflation, aux hausses de salaires induites par la raréfaction de la main d’œuvre qualifiée, à l’augmentation des pensions et aux réductions d’impôts, ainsi que par l’extension du salaire minimum (8,5 euros de l’heure). L’afflux de réfugiés jouera aussi positivement. Cet afflux devrait également soutenir la dépense publique par le biais de l’embauche de personnels et de la construction d’hébergements sociaux. La construction de logements privés devrait rester bien orientée, notamment dans les grands centres urbains où les prix augmentent sensiblement, grâce au crédit peu onéreux et d’accès facile. Par contre, compte tenu des incertitudes sur les marchés émergents, les entreprises n’accéléreront pas leurs investissements. Enfin, la contribution des échanges extérieurs à la croissance, de légèrement positive, deviendrait légèrement négative. La progression des exportations est susceptible d’être affectée par la conjoncture défavorable sur les marchés émergents (29% des débouchés, dont 6% pour la Chine) que ne compenserait pas la bonne tenue des marchés européens (60%) et nord-américains (10%). Un certain nombre d’entreprises très impliquées dans le commerce avec la Chine, notamment dans les secteurs des pièces automobiles, de la mécanique et des composants électroniques, sont susceptibles de pâtir du ralentissement chinois. La baisse du nombre de défaillances, presque ininterrompue depuis novembre 2012, pourrait être stoppée. Néanmoins, la situation financière générale des entreprises, peu endettées, devrait rester bonne.
Des comptes publics et extérieurs solides
Malgré une politique budgétaire expansionniste, sur fond d’augmentation des abattements fiscaux pour les ménages, des pensions, des allocations familiales, des dépenses d’infrastructures pour le transport, l’énergie et la petite enfance, ainsi que des dépenses liées à l’accueil des réfugiés, le solde public restera légèrement excédentaire. Même si elle ralentira, la progression des recettes liée à l’augmentation des revenus et des bénéfices sera encore significative. Les cotisations d’assurance chômage continueront de rentrer, alors que le chômage restera faible (environ 4,5% suivant la définition européenne) en dépit de sa progression liée aux difficultés d’intégration des réfugiés sur le marché du travail. Les recettes de péage pour les poids lourds continueront de progresser avec l’extension des voies concernées. Avec des taux négatifs jusqu’à 10 ans, le service de la dette, dont le poids continuera de baisser, est à présent faible.
Le compte courant resterait largement excédentaire grâce au massif excédent commercial (plus de 8 % du PIB). La balance des services devrait rester équilibrée, le déficit touristique étant compensé par l’excédent sur les services aux entreprises. La balance des revenus devrait également rester légèrement excédentaire, les revenus tirés des investissements à l’étranger dépassant les transferts des immigrés et des investisseurs étrangers vers leurs pays d’origine.
Une chancelière toujours populaire malgré les critiques contre sa politique migratoire
Le gouvernement de grande coalition mené par la chancelière Angela Merkel (CDU) depuis les élections de septembre 2013, avec Sigmar Gabriel (SPD) comme vice-chancelier et ministre de l’économie et de l’énergie, est confronté aux arrivées de réfugiés qui devraient avoir atteint un million en 2015. Alors qu’en septembre 2015, la chancelière se prononçait pour une ouverture des frontières, sous la pression de son aile droite représentée par la CSU bavaroise et une fraction de la CDU et devant l’inquiétude grandissante de la population, elle a nuancé sa position. Elle compte sur la bonne volonté des partenaires européens pour répartir la charge et, surtout, sur celle de la Turquie pour ralentir les arrivées sur les îles grecques en 2016. Malgré les critiques de sa politique migratoire, la popularité de la chancelière reste élevée. En l’absence de personnalité alternative crédible, elle semble à même de mener son gouvernement jusqu’aux élections de 2017. Malgré la bonne situation macroéconomique, les problèmes ne manquent pas. Celui de la solidarité (financière et autre) entre les Länder retrouve son actualité avec l’accueil des réfugiés. La baisse de la population, malgré l’apport de l’immigration, est une menace à moyen terme pour la population active, alors que la participation des femmes pêche par défaut de structures de garde pour la petite enfance. Le manque d’ingénieurs et de chercheurs entrave l’innovation et la productivité future, ce qui est vraisemblablement lié au manque d’étudiants dans l’enseignement supérieur, davantage séduits par l’apprentissage. Le financement du passage de 25 à 80 % d’énergie renouvelable d’ici 2050 avec, d’ici là, la sortie du nucléaire en 2022 et la modernisation des centrales à charbon demeure un sujet controversé. Le réseau de transport d’électricité ne permet pas des échanges optimaux entre le nord où est situé le potentiel éolien et le sud où est produit l’énergie solaire avec pour conséquence des pertes de capacité.
Source : Coface