Risk management
Appréciation du risque & protection
Une économie affectée par le ralentissement de l’activité russe
En 2016 la croissance augmenterait légèrement mais resterait modérée comme en 2015. En effet, les inondations qui ont touché le pays en juillet 2015, ont affaibli les ressources hydrauliques, le secteur de l’énergie, les transports ainsi que les infrastructures sociales. La production agricole devrait légèrement progresser en 2016 après une année de faibles récoltes et le secteur des services, représentant 40 % du PIB, resterait porté principalement par les services aux entreprises et les transports, et devrait continuer à soutenir l’activité. En Russie, la crise de change ainsi que le ralentissement économique ont également eu un effet dévastateur non seulement sur les recettes d’exportations mais également sur les revenus de transfert émanant des travailleurs expatriés en Russie, clé de voute de l’économie tadjik. Leurs transferts représentent près de la moitié du PIB, faisant du Tadjikistan le pays le plus dépendant au monde de ce type de transferts. L’investissement devrait ralentir en raison de la faiblesse de la demande étrangère. Toutefois, le regain en matière de croissance devrait être attribué aux réformes structurelles prévues à l’horizon 2016-2017.
L’inflation resterait élevée en 2016 mais devrait continuer à augmenter légèrement, en raison d’un redressement modéré du prix des matières premières, des pressions à la baisse sur le taux de change (en lien avec la dépréciation probable du rouble russe) ainsi que de la hausse des tarifs douaniers.
Un policy-mix expansif et un déficit courant toujours élevé
Le solde budgétaire devrait continuer à se creuser en 2016 bien que le gouvernement ait confirmé son engagement à atteindre l’équilibre budgétaire en maintenant les dépenses sociales et en ajournant d’autres dépenses pour des catégories jugées moins prioritaires. Les recettes budgétaires devraient en effet pâtir de la faiblesse de l’activité. Sur le plan monétaire, la Banque centrale tadjik a conduit une politique de dévaluation du somoni tout en assurant un contrôle sur le marché des changes. Cette politique n’a fait qu’affaiblir les réserves de change et permettre l’émergence d’un marché de change parallèle. Dans un contexte d’aggravation du déficit budgétaire, la dette publique augmenterait légèrement en 2016.
Le déficit courant devrait légèrement se résorber en 2016, mais demeurera élevé par rapport à son niveau d’avant 2013. Malgré une dépréciation du somoni face au dollar qui favoriserait l’augmentation des importations, la détérioration de la balance commerciale due à la faiblesse des prix des produits exportés (à savoir aluminium, zinc et métaux), couplée à la baisse des transferts des travailleurs expatriés, continuerait d’avoir un impact important sur le solde courant. Cet effet serait toutefois contrebalancé par une amélioration du compte financier (augmentation des investissements directs étrangers). Le pays resterait vulnérable aux chocs externes, compte tenu de la forte dépréciation du taux de change en 2015 qui a conduit à l’instauration d’un contrôle des changes, et d’un niveau bas des réserves en devises.
Le secteur bancaire souffre par ailleurs d’une régulation défaillante et de la croissance importante des prêts non performants.
Un environnement géopolitique complexe et des dissensions ethniques
Élu à la présidence pour la quatrième fois consécutive en novembre 2013, Mr Emomali Rahmon a entamé un nouveau mandat qui lui permettra de diriger le pays jusqu’en 2020. Lors des élections législatives de mars 2015, le parti politique de Mr Rahmon (Parti démocratique du peuple) a remporté 65,2 % des votes. Trois autres partis pro-gouvernementaux ont également dépassé le seuil électoral des 5 % et aucun parti de l’opposition n’a obtenu de places au sein du parlement. L’équilibre politique est toutefois fragilisé par les revendications sociales croissantes dans un pays où le chômage et la pauvreté sont de véritables enjeux. Le pouvoir semble manquer à la fois de volonté et de capacité afin de mettre en œuvre des réformes sociales orientées vers une économie de marché inclusive.
La situation sécuritaire reste instable compte tenu de la menace extrémiste talibane provenant des frontières afghanes. Par ailleurs, les tensions interethniques entre les tadjiks et les kirghizes ont refait surface en août 2015 dans la vallée de Ferghana. Les actes de violence ont été provoqués par les désaccords concernant la réouverture des frontières et l’accès à l’eau. Des discussions sont en cours afin d’établir un accord visant à régler ces dissensions ethniques à long terme. La détérioration de la situation économique et sociale pourrait exacerber les tensions entre les deux fronts.
Enfin, l’économie du pays continue de souffrir d’un climat des affaires très difficile. La corruption y est endémique et l’implication du pouvoir dans les affaires fait partie des carences en termes de gouvernance.
Source : COFACE