Risk management
Appréciation du risque & protection
Une croissance faible en raison de la récession russe
Après avoir fortement diminué en 2015, la croissance devrait se stabiliser à un niveau faible en 2016. L’économie continuerait à pâtir du ralentissement économique de la Russie notamment par le biais de la chute des transferts des expatriés kirghizes en Russie, qui représentent l’équivalent de 30 % du PIB kirghize. Leur diminution réduirait mécaniquement la consommation des ménages malgré un meilleur accès au crédit.
La production aurifère de la mine de Kumtor, qui représente 10 % du PIB et 25 % de la production industrielle, soutiendrait la croissance malgré les pressions à la baisse sur les prix de l’or. Le conflit relatif à l’exploitation de la mine entre l’entreprise canadienne Centerra exploitant Kumtor et le gouvernement kirghize pourrait menacer la croissance et la continuité de la production si les négociations n’aboutissent pas rapidement à un accord. Le secteur de la construction participerait aussi à tirer le secteur industriel, dont l’activité tend néanmoins à ralentir.
Comme en 2015, l’inflation devrait légèrement augmenter en 2016 et rester à un niveau élevé, en raison notamment d’une hausse de l’inflation importée : les pressions à la baisse sur le som pourraient également perdurer compte tenu de la dépréciation probable du rouble russe et de la persistance d’un dollar fort. L’ajustement à la hausse des tarifs douaniers suite à l’entrée du pays dans l’Union Economique Eurasienne renforcerait également les pressions à la hausse sur l’inflation. Elle serait toutefois atténuée par la faiblesse de la demande interne.
Une situation financière fragilisée par le déficit courant
Le déficit budgétaire devrait continuer de se creuser en 2016 en raison notamment de la faiblesse de la croissance qui pèserait sur l’augmentation des recettes. Elles devraient également être affectées par la baisse des aides et prêts étrangers car la majorité provient de Russie. Malgré des efforts pour réduire les dépenses, le déficit devrait croître et ainsi alimenter l’augmentation continue de la dette publique du pays qui atteint des niveaux inquiétants.
Le déficit courant, qui s’est accru en 2015 devrait légèrement se réduire en 2016. Si les importations devraient rester faibles du fait d’une demande intérieure toujours atone, la faiblesse du som favoriserait la croissance des exportations, croissance qui devrait toutefois être contrebalancée par la modération des prix de l’or. La diminution des transferts d’expatriés et des IDE russes contribuerait à nuancer cette amélioration du solde courant qui reste à un niveau élevé. L’importance du déficit, qui s’explique notamment par la dépendance énergétique et alimentaire du pays, rend l’économie vulnérable à un choc externe. Les réserves de change, équivalentes à trois mois d’importations en 2015, ne seraient pas suffisantes pour réduire ce risque.
Une instabilité politique et sociale persistante et un renforcement de la dépendance envers la Russie
L’équilibre politique a de nouveau été fragilisé par la démission du premier ministre Djoomart Otorbaev en avril 2015. Temir Sariev a rapidement été nommé pour le remplacer et a été approuvé par le nouveau parlement suite aux élections législatives d’octobre 2015, dont le déroulement a été largement salué par les observateurs internationaux. Elles ont fait naitre une nouvelle coalition au pouvoir composée du parti social-démocrate (SDPK) ayant remporté 28 % des voix ainsi que des partis Kirghizstan, Onuguu et Ata-Meken. Ce nouveau gouvernement multiparti sera confronté à un certain nombre de défis au cours de sa législature, les deux principaux étant la dégradation de la situation économique et les tensions sociales continues alimentées par les manifestations pour la nationalisation de la mine d’or de Kumtor. Le retour d’une partie des expatriés kirghizes de Russie, à cause de la crise économique, pourrait exacerber ces tensions. De plus, les relations entre le pouvoir central et le sud du pays restent tendues, notamment à cause du parti d’opposition nationaliste Ata-Jurt, bien implanté dans la région.
Dans les zones frontalières, les frictions ethniques entre Tadjiks, Ouzbeks et Kirghizes tendent également à s’accentuer ainsi que le risque d’activité terroriste depuis le retrait des troupes de l’OTAN de l’Afghanistan fin 2014. Les relations diplomatiques sont marquées par un approfondissement des liens avec la Russie à travers l’adhésion à l’Union Economique Eurasienne en mai 2015 dirigée par la Russie. Si cet accord permet de préserver l’accès aux marchés russe et surtout kazakh, il pourrait être synonyme de perte d’indépendance politique face à Moscou et freiner l’expansion des relations avec la Chine, qui se sont sensiblement développées ces dernières années.
Marqué par l’importance de la corruption et la faiblesse de la réglementation, l’environnement des affaires resterait difficile.
Source : COFACE