Risk management
Appréciation du risque & protection
Croissance freinée par la chute des cours du pétrole
L’activité, qui a nettement ralenti en 2015, devrait rester très faible en 2016. La production industrielle, dominée par le secteur pétrolier, progresse peu. Le démarrage de l’exploitation du champ offshore de Kashagan continue de subir d’importants retards et pourrait ne pas intervenir avant fin 2016. Le lancement de la production devrait permettre une accélération de la croissance à partir de 2017.
Les grands projets d’investissement, en particulier les travaux en vue de l’exposition internationale EXPO-2017 devraient soutenir l’activité de la construction et les services. La consommation, principal moteur de la croissance, sera contrainte (comme l’investissement) par la restriction du crédit ainsi que par la hausse des prix. Les exportations devraient souffrir du ralentissement de l’économie chinoise et de la récession en Russie, mais surtout de la faiblesse des cours du pétrole.
L’inflation, alimentée par l’effet de la dépréciation du tenge face au dollar, pourrait dépasser le plafond de la zone cible (6-8 %) fixée par la banque centrale (NBK). Le contrôle des prix sur certains produits alimentaires pourrait être levé, accentuant les pressions à la hausse. La banque centrale devrait, dans ce contexte, maintenir des taux d’intérêt élevés (16 % en octobre 2015) pour limiter l’inflation.
Les déficits budgétaire et courant apparus en 2015 ne devraient pas se résorber en 2016
Les recettes budgétaires, provenant pour plus de la moitié du secteur pétrolier, devraient être affectées par la faible progression de la production d’hydrocarbures et le prix bas du pétrole. La dépréciation de la monnaie pourrait cependant compenser la baisse des revenus pétroliers en dollar, libellés en tenge dans le budget. Les recettes fiscales hors pétrole devraient progresser faiblement. Les hausses de salaires du service public, initialement prévues en 2015, ont été annoncées pour 2016. Les projets d’infrastructure devraient par ailleurs être maintenus. Ces dépenses devraient néanmoins être financées majoritairement par le fonds pétrolier (NFRK) et les fonds de pension, limitant leur poids dans le budget. L’Etat devrait cependant continuer à soutenir les entreprises publiques endettées (notamment la compagnie nationale d’énergie KazMunaiGaz).
Les exportations de pétrole (75 % du total) ne devraient pas progresser, compte tenu des difficultés de production et des prix bas du pétrole. La demande devrait également rester peu dynamique sur les principaux marchés d’exportation du Kazakhstan : l’UE, la Chine et la Russie. Les importations devraient être aussi contraintes pas la faiblesse de la demande intérieure.
Après la décision de la NBK, en août 2015, d’introduire un système de change flottant, provoquant une dépréciation de plus de 20 % du tenge, la monnaie a continué à s’affaiblir et perdu 50 % de sa valeur par rapport au dollar sur l’année 2015. Les pressions à la baisse devraient perdurer en 2016 et la volatilité du taux de change demeurerait élevée.
Le pays reste exposé aux chocs externes, l’endettement des banques et des entreprises étant majoritairement libellé en devises. Mais le montant des réserves de change (5 mois d’importation, hors or) et les actifs du NFRK (63 milliards d’USD fin 2015 soit environ 30 % du PIB) lui assurent une certaine marge de manœuvre en termes de liquidités.
Le secteur bancaire est très fragilisé par l’impact de la dépréciation sur la dette bancaire et la détérioration de la qualité du portefeuille. Lepoids des dépôts (plus de 50%) et prêts (environ 30%) en devises représente en effet une source de vulnérabilité du secteur.
La question de la succession du Président Nazarbaïev reste source d’incertitude
Le pays est dirigé depuis 1991 par N. Nazarbaïev et son parti (Nur Otan) qui détient une large majorité des sièges à l’Assemblée. N. Nazarbaïev a été réélu pour un cinquième mandat en avril 2015, avec 98 % des voix. En janvier 2016, le président a annoncé la tenue d’élections législatives anticipées en mars 2016 (intialement prévues en 2017). Si le résultat fait peu de doutes en raison de l’absence de réelle opposition, cette accélération du calendrier électoral peut être justifiée par la volonté du président d’obtenir une nouvelle légitimité. La stabilité politique du pays reste source d’incertitude en raison du risque de conflits qui pourraient éclater entre les différentes factions du pouvoir, si la succession du président (74 ans) était précipitée en cas d’incapacité de N. Nazarbaïev de rester au pouvoir.
Le mécontentement de la population grandit face au faible niveau des salaires, à la hausse des prix et à la corruption. L’organisation de mouvements de masse reste cependant peu probable d’autant que les mesures de sécurité, renforcées par crainte du terrorisme et des extrémistes religieux, limitent les possibilités de contestation de grande ampleur.
Malgré de réels progrès, l’environnement des affaires reste fortement handicapé par l’ingérence de l’Etat dans l’économie, l’inefficacité des institutions et la corruption.
Source : COFACE