Risk management
Appréciation du risque & protection
La croissance resterait timide en 2016, les Abenomics ayant des difficultés à atteindre leur cible
En 2015, la croissance est demeurée atone, portée par le commerce extérieur et la consommation publique (encore soutenue par le stimulus). Les trois flèches de l’Abenomics ne donnent pas les résultats escomptés : la croissance est encore faible, le risque de déflation persiste, et la dette publique est toujours très élevée.
En 2016, la croissance rebondirait légèrement, notamment sous l’effet de la poursuite de la dépréciation du yen face au dollar qui soutiendrait les exportations, même si celles-ci seraient pénalisées par le ralentissement chinois (1er partenaire du Japon) et les délocalisations. La consommation privée soutiendrait également l’activité grâce à un léger redressement des salaires (+2,2 % après les négociations au printemps 2015, la plus forte hausse depuis 17 ans), l’anticipation de la hausse de TVA en 2017 (de 8 à 10 %) ainsi que le plan d’urgence annoncé en novembre qui prévoit une hausse de 3 % du salaire minimum et des mesures de soutien (extension de l’accès à l’assurance chômage, aide aux retraites). Néanmoins, alors que le taux de chômage se maintiendrait au plus bas autour de 3 %, la progression des salaires serait toujours entravée par la tendance des entreprises à ne pas redistribuer suffisamment leurs profits, ainsi que la structure rigide du marché du travail nippon (faible mobilité et dualité marquée). L’investissement privé ne se redresserait pas significativement en 2016, pénalisé par le comportement attentiste des entreprises compte tenu des incertitudes pesant sur la reprise mondiale, mais serait favorisé par l’allègement de la fiscalité, les bonnes conditions financières et des progrès en termes de gouvernance.
L’inflation croîtrait faiblement en 2016 en raison de l’arrêt du repli du prix du pétrole (la chute du prix avait limité la hausse de l’inflation en 2015, mais l’inflation hors énergie et alimentaire peine à rester positive), et de légères pressions inflationnistes en lien avec la reprise de la demande intérieure. Elle resterait cependant largement inférieure à la cible de 2 % de la banque centrale qui serait atteinte selon elle fin 2016/ début 2017.
Un ralentissement chinois brutal et un manque de rebond des salaires constituent les principaux aléas baissiers sur la croissance. Un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire n’est cependant pas à exclure au-delà du programme d’achats d’actifs actuel (80 000 Mds de yens par an), mais son impact positif serait modéré au vu de l’ampleur de la liquidité déjà existante.
La consolidation des finances publiques reste un enjeu crucial
Le déficit public se stabiliserait à un niveau élevé en 2016. La hausse des dépenses sociales (santé) pèse considérablement sur le budget de l’Etat alors que les recettes sont insuffisantes. Le gouvernement a ainsi décidé d’augmenter à nouveau la TVA (repoussée en 2017) et de poursuivre la réforme de la fiscalité des entreprises (baisse du taux d’impôt et élargissement de l’assiette). La consolidation budgétaire reste un enjeu essentiel pour le pays afin que la dette soit à nouveau sur une trajectoire soutenable. Le gouvernement a réaffirmé en juin 2015 sa volonté d’atteindre un surplus primaire d’ici 2020, mais des efforts plus importants apparaissent nécessaires pour atteindre cet objectif.
L’excédent courant se maintiendrait autour de 2 % en 2016. En effet, le déficit commercial resterait limité par la facture énergétique qui s’est considérablement allégée en 2015 (sous l’hypothèse du maintien du prix du baril à un niveau bas). La balance des services s’améliorerait sous l’effet de la hausse du tourisme (en raison de l’assouplissement de règles sur l’octroi de visas en Asie) et les IDE demeureraient globalement stables.
Shinzo Abe réélu, mais en perte de popularité
En septembre 2015, Shinzo Abe a été reconduit à la tête du PLD (Parti libéral démocrate au pouvoir). Le rôle de l’opposition reste faible, la parlementaire Seiko Noda ayant échoué à obtenir le soutien nécessaire pour déposer sa candidature. Elle s’est notamment opposée au projet de loi sur la sécurité nationale (qui permettrait au pays d’envoyer pour la première fois des troupes à l’étranger depuis la 2nde guerre mondiale) qui suscite aussi des contestations au sein de la population, mais qui a été au final adopté par le parlement. Des élections sénatoriales devraient avoir lieu en juillet 2016. En cas de victoire, Shinzo Abe pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2018. Néanmoins, le manque de résultats des Abenomics pourrait réduire à nouveau sa côte de popularité.
Concernant l’environnement des affaires, les autorités ont annoncé dans le plan d’urgence de novembre la facilitation des procédures pour inciter les PME à investir. En outre, un accord de principe a été conclu en octobre concernant le Partenariat transpacifique de libre échange (12 pays concernés). L’enjeu est d’harmoniser les normes en réduisant les droits de douane et de contrebalancer l’influence grandissante de la Chine.
Source : COFACE