Risk management
Appréciation du risque & protection
Nouveau ralentissement de l’économie chinoise en 2016
Le ralentissement de l’économie chinoise devrait se poursuivre en 2016. Les autorités ont entrepris des réformes nécessaires au rééquilibrage de la croissance au profit de la consommation et des services. Néanmoins, il affecte les profits des entreprises souffrant de surcapacités importantes et affichant un niveau d’endettement élevé. Malgré un assouplissement continu de la politique monétaire depuis novembre 2014 et des mesures de relance budgétaire, l’investissement devrait rester contraint en 2016. Les entreprises étant fortement endettées, l’assouplissement monétaire s’avère inefficace et la volatilité des marchés financiers pourrait dégrader la confiance des investisseurs et des consommateurs. Dans ce contexte de progression ralentie du revenu disponible, la croissance de la consommation des ménages devrait se modérer quelque peu.
Malgré un développement très rapide des ventes en ligne, la croissance des ventes au détail s’essouffle.
En dépit d’un rebond des prix immobiliers dans les principales villes en 2015, les secteurs liés à la construction devraient rester déprimés en raison de stocks importants. Mais, un effondrement du marché immobilier est peu probable, les autorités ayant la capacité d’intervenir en cas de choc de grande ampleur. De plus, le développement des services, notamment financiers, se poursuit.
En outre, les exportations devraient continuer à souffrir de l’atonie de la demande mondiale. Néanmoins, les pressions baissières sur le yuan pourraient accroître la compétitivité du pays.
Le risque de crédit des entreprises est de plus en plus élevé
Bien que le niveau d’endettement public soit soutenable, celui des collectivités locales est élevé (environ un tiers du PIB) et reste opaque. Afin d’alléger les charges financières pesant sur les gouvernements locaux et de relancer le développement des infrastructures, le gouvernement a mis en place un programme de swap permettant de convertir les crédits à court terme en obligations à plus long terme.
Par ailleurs, les entreprises affichent des niveaux d’endettement très élevés que le développement du shadow banking rend difficile à évaluer. En juin 2015, la dette des entreprises aurait représenté 201 % du PIB. De plus, malgré les mesures d’assouplissement de la politique monétaire, les difficultés d’accès au financement des PME les conduisent souvent à avoir recours au shadow banking à des taux prohibitifs.
Dans ce contexte, on observe une dégradation de la qualité des actifs bancaires qui reste également sous-estimée en raison de l’importance du shadow banking. Le ratio de prêts non-performants officiel a atteint 1,59 % à la fin au troisième trimestre 2015, son niveau le plus haut depuis 2009. Le risque de crédit s’est fortement accru, en témoigne le nombre croissant de défauts sur le marché obligataire chinois. Ces évènements n’ont, pour le moment, pas généré de mouvement de panique. L’introduction d’un risque réel de faillite est inévitable et réduira l’aléa moral créé par les interventions gouvernementales. La solvabilité des acteurs fragiles, dans le contexte de ralentissement économique, sera toujours à surveiller en 2016.
Après avoir progressé de plus de 110 % entre novembre 2014 et juin, les bourses chinoises ont enregistré une correction marquée au cours de l’été 2015. Elles ont chuté de plus de 43 % en moins de 3 mois avant de se redresser légèrement. Depuis début 2016, la volatilité est élevée sur le marché des changes et l’indice de référence boursier a perdu plus de 17 %. Bien que cette correction apparaisse nécessaire après une telle envolée déconnectée des fondamentaux des entreprises, la volatilité et la baisse du prix des actions génèrent des risques supplémentaires. L’utilisation massive des opérations sur marge (les investisseurs empruntent pour acheter des actions) accroît le risque de crédit et pourrait aggraver la spirale baissière.
L’environnement des affaires continue de pâtir de lacunes
Tout en réaffirmant la suprématie du Parti Communiste Chinois (PCC), la session du comité central du PCC d’octobre 2014 s’est conclue par des décisions relatives à l’amélioration de l’Etat de droit. De plus, le 5ème plenum du parti communiste, qui s’est tenu en octobre 2015, a mis fin à la politique de l’enfant unique et réaffirmé la volonté des autorités de développer le système de protection sociale. Néanmoins, le projet de réforme sur la sécurité nationale inquiète les ONG et les investisseurs étrangers. Bien que la transition avec l’administration précédente se soit faite sous le signe de la continuité, le président Xi Jinping bénéficie d’une autorité sans précédent sur le PCC, permise notamment par sa campagne anti-corruption qui vise jusqu’aux plus hautes personnalités du parti. Néanmoins, le tandem Xi Jinping –Li Keqiang fait face à des tensions à la fois sociales et ethniques. Le pays est marqué par une agitation ouvrière de plus en plus importante conduisant les autorités à publier un guide sur le développement des « relations harmonieuses au travail ». Enfin, des lacunes majeures de gouvernance persistent notamment en termes d’accès aux bilans des entreprises et surtout de protection juridique des créanciers.
Source : COFACE