Risk management
L’activité restera très bien orientée en 2007. La croissance, portée par le dynamisme de la consommation des ménages, reste élevée, soutenue par l’importance des remises des travailleurs émigrés (diaspora). On note toutefois une relative faiblesse de l’investissement (16% du PIB contre en moyenne plus de 30% dans les économies d’Asie émergente). Les ressortissants étrangers ne peuvent s’attendre à un procès impartial en matière judiciaire. Il existe un très haut degré de corruption, en particulier au niveau des affaires et du secteur public.
L’expérience de paiements enregistrée par Coface est bonne, les entreprises affichant un réel dynamisme dans les télécoms, les services, l’agroalimentaire et l’électronique. Ce dernier reste le secteur moteur de l’économie, représentant 68% des exportations de biens. Toutefois, les bilans présentés par les entreprises sont souvent peu fiables et le recouvrement des créances est handicapée par des procédures juridiques lentes et couteuses. En outre, les résultats des entreprises sont vulnérables à la volatilité de l’environnement économique.
Appréciation du risque
Le repli des prix des métaux pèse sur l’activité
La croissance a souffert de la baisse des cours mondiaux des métaux en 2015, les exportations de cuivre, fer, zinc et or représentant la moitié des ventes totales à l’étranger. Cette tendance devrait se poursuivre en 2016, dans un contexte de niveau toujours faible des prix de ces matières premières et de poursuite du ralentissement de l’économie chinoise. La croissance péruvienne restera donc inférieure à son potentiel (entre 4 et 5%). Elle pourra toutefois compter sur l’augmentation de la production de cuivre et de zinc grâce à la mise en service de nouvelles mines, ainsi que celle du secteur agricole permise grâce à des gains de productivité continus, à moins que les risques relatifs au phénomène climatique El Nino se matérialisent. S’il engendrait des températures significativement plus élevées que la normale, la production du secteur agricole s’en trouverait en effet affectée. L’augmentation des dépenses publiques soutiendra aussi l’activité, même si le calendrier électoral chargé en 2016 pourrait ralentir la mise en œuvre de certains projets d’infrastructure (construction d’une ligne ferrée joignant le Pérou et le Brésil, ligne de métro à Lima,…). La consommation des ménages (environ 60% du PIB) devrait quant à elle croître à un rythme modéré, grâce à la croissance de l’emploi et la baisse du taux de chômage observée depuis mi-2015. Elle sera également soutenue par la baisse tendancielle de la pauvreté (dont le taux a été réduit de 59 à 23% entre 2004 et 2014). Mais elle restera contrainte par une confiance des ménages affectée par le mécontentement social lié à la lenteur du processus de réforme, ainsi que par un niveau d’inflation relativement élevé. Celui-ci devrait d’ailleurs être à l’origine de nouvelles hausses de taux de la banque centrale, après celle décidée en septembre 2015.
Face au ralentissement de la croissance, l’Etat utilise ses marges de manœuvre budgétaires
Le déficit budgétaire s’est creusé en 2015, notamment en raison de moindres recettes fiscales. Le ralentissement de la croissance et la baisse de l’impôt sur le revenu y ont contribué, au même titre que les difficultés traditionnelles (économie informelle importante, nombreuses exonérations). Cette tendance devrait se poursuivre en 2016, malgré une mauvaise exécution persistante des investissements, souvent la conséquence d’une insuffisante préparation des projets. Dans ce contexte, la dette publique augmentera tout en restant à un niveau faible. Par ailleurs, le pays dispose d’un fonds de stabilisation, dont l’encours équivaut à près de 5% du PIB, qui assure que les finances publiques ne dérapent pas, même si un choc négatif nécessitant une intervention publique survient.
La baisse des prix des métaux a contribué à la détérioration de la balance commerciale et du solde courant en 2015. Les échanges de services et la balance des revenus sont restés déficitaires en raison de l’activité des entreprises étrangères (rapatriements de bénéfices, services de transport). En 2016, le déficit courant devrait se réduire quelque peu, sous l’impulsion de la hausse de la production et des exportations de cuivre, suite à l’exploitation de nouvelles mines. Ce déficit est amplement financé par les investissements étrangers. Même si la banque centrale peut s’appuyer sur un stock de réserves de change très confortable (19 mois d’importations), elle restera attentive aux effets possibles de la normalisation des taux aux Etats-Unis débutée fin 2015, afin d’éviter une trop forte volatilité du sol, d’autant plus que l’endettement des entreprises du pays en devises étrangères est significatif. Le Pérou a toutefois moins souffert que la plupart des autres pays d’Amérique latine de sorties de capitaux en 2015.
De nombreux défis pour le nouveau président
Ollanta Humala, président issu d’un parti centre gauche, a rencontré des difficultés tout au long de son mandat qui s’achève mi-2016 : son action a été freinée par l’absence de majorité de la coalition présidentielle, Gana Perú, au Congrès et les réformes entreprises n’ont pas satisfait les attentes de la population. Le futur président (Keiko Fujimori, fille de l’ancien président Alberto Fujimori, était en tête des sondages fin 2015) pourrait avoir à faire face aux mêmes problèmes. Par ailleurs, des guérilleros profitent toujours de la production de la coca pour sévir dans les régions montagneuses à l’Est du pays. L’efficacité de l’administration, de la police et de la justice laisse à désirer malgré la diminution de la corruption. Le climat des affaires tend à s’améliorer avec l’allégement des procédures bureaucratiques et l’élan de privatisation poursuivi par le gouvernement est propice pour attirer les investisseurs étrangers.
Le Pérou continuera de renforcer ses liens avec les membres de l’Alliance du Pacifique, tout en essayant d’étendre ses relations en Asie au-delà de la Chine. Dans le cadre de la future construction de la ligne joignant le pays au Brésil, le Pérou pourra compter sur son voisin pour financer ce projet et disposer d’un soutien logistique.
Source : COFACE