Risk management
Une croissance résiliente
En 2016, la croissance devrait rester résiliente, tirée principalement par la dépense publique et par l’activité soutenue des Etats-Unis (premier marché à l’exportation et premier investisseur). L’activité économique devrait en effet bénéficier de la hausse de l’investissement public en infrastructure dans le domaine de l’éducation, de la santé (construction d’hôpitaux et de routes). Les dépenses sociales devraient aussi augmenter avec la hausse prévue du nombre de bénéficiaires du programme phare anti-pauvreté « Faim Zéro » qui devrait atteindre près de 44 000 familles en 2016 (soit le double des bénéficiaires actuels). L’activité soutenue aux Etats-Unis profitera au secteur touristique et à la consommation des ménages qui bénéficie de l’augmentation des remises étrangères. Les exportations agricoles (café, sucre, cacahuète), les produits semi manufacturés (sucre, viande bovine, produits laitiers) devraient aussi profiter de la hausse de la demande américaine. Les exportations manufacturières, de textile en particulier, devraient en revanche ralentir en raison de la hausse de la concurrence de certains pays asiatiques suite à la signature de l’accord Trans-Pacifique d’élimination progressive des droits de douane signé avec les Etats-Unis. Malgré la stabilisation du prix du pétrole, l’inflation devrait s’accélérer sous l’effet du dynamisme de la demande interne.
Vers un assouplissement de la politique budgétaire en période électorale
Le budget 2016 présenté par le gouvernement du président Daniel Ortega prévoit notamment une hausse du déficit public (avant dons) à 2,4% du PIB contre 1,9% du PIB prévu antérieurement. Le président, qui compte briguer un troisième mandat lors des élections présidentielles de novembre 2016, vise notamment à consolider sa base électorale grâce à l’élargissement de son programme de travaux publics et d’aides sociales. Le déficit devrait être aisément financé par les prêts officiels multi et bilatéraux (Banque Mondiale et Banque Interaméricaine de Développement notamment) ainsi que par les dons estimés à près de 1,4% du PIB. Le secteur public bénéficie en effet d’un soutien financier extérieur important avec une part de dons supérieure à 50%. La dette publique, bien que substantielle, est majoritairement détenue par les créanciers multi et bilatéraux (près de 98% du total de la dette en 2014), alors que les créanciers privés n’en détiennent qu’environ 2%. Son coût reste ainsi relativement faible en raison de la nature fortement concessionnelle des financements.
Progression du déficit courant sous l’effet de la hausse des importations
Le déficit courant devrait légèrement progresser sous l’effet de la hausse des importations en lien avec le dynamisme de la consommation interne. Alors que la stabilisation du prix du pétrole devrait encore permettre au pays d’alléger sa facture énergétique, les importations de biens d’équipements devraient progresser en lien avec l’amélioration du secteur des travaux publics. Les exportations devraient bénéficier de la hausse de la demande américaine, mais cela ne couvrirait que partiellement la hausse des importations. Les remises des nicaraguayens installés à l’étranger devraient progresser et contribuer à la réduction du déficit du solde courant. Ce dernier devrait être financé en partie par les investissements directs étrangers (environ 6% du PIB) et par les prêts officiels multi et bilatéraux qui assurent la moitié de la formation de capital dans le pays et se concentrent dans la mine, l’agriculture, les télécommunications et l’énergie. Le solde courant reste cependant menacé par une éventuelle rupture des accords de livraison du pétrole vénézuélien dans le cadre du programme PetroCaribe compte tenu des difficultés économiques et politiques rencontrées par ce dernier. La pérennité de ce financement n’étant pas garantie, le gouvernement cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole vénézuélien en développant les énergies renouvelables qui représentent désormais près de la moitié de l’électricité produite dans le pays.
Fort de sa popularité, le président Daniel Ortega devrait remporter les élections présidentielles de 2016
Au pouvoir depuis 2007, le président Ortega et son parti, le Frente Sandinista de Liberacion Nacional, restent la force politique dominante au Nicaragua. Le président bénéficie d’une forte popularité malgré un interventionnisme prononcé sur l’ensemble des rouages politiques, administratifs et judiciaires du pays. Disposant de la majorité à l’Assemblée nationale et ayant fait voter la réforme constitutionnelle pour lui permettre de se représenter indéfiniment, Daniel Ortega devrait pouvoir briguer et sans doute remporter un troisième mandat lors des prochaines élections de novembre 2016.
Sur le plan de la politique extérieure, le président devrait maintenir des relations cordiales avec les Etats-Unis. Des frictions avec le Costa Rica sont apparues lorsque le gouvernement du Nicaragua a décidé de renvoyer de force près de 2 000 migrants cubains ayant traversé illégalement la frontière du pays depuis le Costa Rica pour tenter de gagner les Etats-Unis. L’environnement des affaires reste médiocre et proche de celui des pays de la région.