Risk management
Le « risque pays » du Brésil, qui reflète la confiance des investisseurs dans la capacité de remboursement des dettes, devrait continuer à baisser après avoir atteint son plus bas niveau historique, selon les analystes.Cette baisse est due à « un facteur conjoncturel, le maintien des taux d’intérêt américains » à leur niveau actuel par la Réserve fédérale, a expliqué à Alex Agostini, analyste de l’agence de notation Austin Ratings…
La modeste reprise de 2006 doit se poursuivre en 2007, la consommation privée redevenant le principal moteur de l’activité. Dans le même temps, la décélération de l’inflation permet une poursuite de la politique de détente monétaire.
Le dynamisme d’une partie des secteurs exportateurs, en dépit du cours élevé du real, assure des excédents commerciaux et courants substantiels, ce qui entraîne une forte baisse du besoin de financement extérieur, très largement couvert par les investissements directs étrangers. De plus, la vulnérabilité extérieure du pays diminue, grâce à une nette réduction des ratios d’endettement extérieur, après le remboursement intégral, par anticipation, du FMI en 2005, des créanciers du Club de Paris en 2006, et le rachat de la totalité des obligations Brady la même année.
Toutefois, malgré une meilleure gestion, l’endettement public demeure encore trop élevé (75% du PIB en brut et 50% en net). Il entrave ainsi des dépenses indispensables à la modernisation des infrastructures et du secteur de l’énergie. Des réformes structurelles sont nécessaires afin de parvenir à une croissance plus soutenue. Elles seront l’enjeu du second mandat du Président Lula da Silva, réélu fin octobre 2006. Toutefois, les progrès en ce domaine risquent de rester lents, le Président devant composer avec une coalition parlementaire.
Appreciation du risque et protection
La récession devrait perdurer en 2016
Entré en récession en 2015, le pays a peu de chances de voir une reprise s’amorcer en 2016. Les perspectives pour l’économie sont en effet peu encourageantes en raison d’une conjoncture interne et externe défavorable à la croissance. Sur le plan interne, la consommation des ménages, principal moteur de la croissance, devrait encore souffrir de la cherté du crédit et la baisse du salaire réel en raison du niveau élevé de l’inflation. Le secteur bancaire, exposé à l’endettement des ménages, devrait en effet restreindre l’offre de crédit du fait de la hausse attendue des prêts non performants en lien avec la progression du chômage (taux de chômage élevé autour de 9 % fin 2015) qui limiterait également la reprise de la consommation. Les répercussions de l’affaire Petrobras et la réduction du programme d’investissements 2015-2019 annoncée par cette dernière continuent de décourager les investissements et l’activité des entreprises annexes, dans la construction en particulier, en raison de l’implication des grands groupes du BTP dans cette affaire. L’industrie devrait encore souffrir du manque d’infrastructures et de main d’œuvre qualifiée, qui se traduit par des coûts qui augmentent plus rapidement que la productivité.
Le commerce extérieur resterait pénalisé par le ralentissement de la demande chinoise et son impact sur les prix des minerais. La compétitivité des exportations serait toujours pénalisée par la faiblesse des infrastructures de transport et la rigidité de la réglementation du travail, et ce malgré les gains liés à la poursuite de la dépréciation du réal face au dollar.
Enfin, l’inflation devrait diminuer en raison de l’avancement de la réduction de l’écart entre les prix administrés (carburants et énergie) et les prix de marché opéré en 2015 et de la faiblesse de la demande interne. Elle devrait néanmoins rester au-dessus de la cible fixée par la banque centrale (4,5%) compte tenu de la dépréciation de la monnaie brésilienne. L’inflation encore élevée limiterait par ailleurs la perspective d’une baisse du taux d’intérêt de référence, le SELIC, dans le courant de 2016.
La dégradation de la situation budgétaire devrait se poursuivre
Les ajustements de la politique budgétaire initiés en 2015, juste après la réélection de la présidente Dilma Rousseff, peinent à porter leurs fruits : l’inflation et le déficit public n’ont pas cessé de progresser. L’absence de majorité au Congrès et la récession qui frappe encore le pays ont affecté l’ajustement des finances publiques provoquant la rétrogradation du pays en catégorie spéculative par deux agences de notation. En 2016, l’objectif de rétablissement de l’équilibre des finances publiques, avec notamment le retour de l’excédent primaire, semble d’ores et déjà compromis au vu des révisions successives à la baisse des objectifs budgétaires. Malgré la hausse attendue des recettes exceptionnelles grâce notamment à la vente d’actifs (centrales hydroélectriques, terrains, immeubles) et des coupes budgétaires additionnelles (y compris dans les dépenses sociales), la faiblesse de l’activité devrait encore nuire à la collecte des recettes. L’introduction de nouveaux prélèvements, de même qu’une réintroduction progressive de la taxe sur les opérations financières (CPMF) considérée comme essentielle pour atteindre l’objectif fiscal à moyen terme, peinent à être approuvées par le Congrès. Le creusement du déficit budgétaire conduirait à une dynamique inquiétante de la dette publique.
Amélioration du déficit courant tirée par la baisse des importations
En 2015, le déficit du solde courant s’est amélioré grâce notamment à l’affaiblissement des importations en raison du ralentissement de la consommation privée et de l’investissement, ainsi que de la dépréciation du réal brésilien qui a rendu les importations plus onéreuses. Cette tendance devrait se poursuivre en 2016 : la faiblesse de l’économie devrait restreindre la demande pour les biens d’importation, ce qui compenserait en partie la baisse des exportations des matières premières (minerai de fer, soja et sucre en particulier) et le ralentissement de la demande chinoise. La dépréciation de la monnaie locale participerait également au regain de compétitivité des exportations, mais celles-ci resteront encore pénalisées par la baisse du prix des matières premières. Les échanges de services et de revenus (tourisme, dividendes, intérêts) resteraient également déficitaires. Le déficit courant devrait être financé en partie par les investissements directs étrangers qui représentaient environ 2,6% du PIB en 2014, hors réinvestissements.
Un gouvernement en perte de vitesse, fragilisé par la récession et l’absence de soutien politique
La position de la présidente Dilma Rousseff reste fragile. Son image n’a cessé de se dégrader depuis sa réélection en octobre 2014. Associée au scandale de corruption qui entoure Petrobras, la présidente doit faire face au mécontentement croissant de la population et au faible soutien de la classe politique, y compris au sein de son propre parti. Le gouvernement peine en effet à répondre aux exigences de la classe moyenne, excédée par la corruption, et par la baisse du pouvoir d’achat.
L’inflation, encore élevée, associée à la hausse du taux de chômage pourrait par ailleurs attiser l’agitation sociale et les pressions pour un éventuel départ de la présidente en 2016. Ce risque serait accru en cas de mise en place effective de la procédure de destitution.
Source : COFACE