Statut : Republique
Président : Juan Evo MORALES Ayma
Vice President : Alvaro GARCIA Linera
Gouvernement
Pays longtemps connu pour son instabilité politique (160 coups d’Etat depuis l’indépendance en 1825), la Bolivie ne connaît véritablement la démocratie que depuis 1982. Les institutions démocratiques se renforcent progressivement. Toutefois, une large fraction de la population (indigènes notamment) a été tenue de facto à l’écart du jeu politique, du moins jusqu’à l’élection d’Evo Morales en décembre 2005.
Le gouvernement du président Hugo Banzer, au pouvoir entre août 1997 et juillet 2001 (après avoir été dictateur dans les années 70), a avancé prudemment sur la voie des réformes. Les résultats en matière de lutte contre la drogue ont été satisfaisants (éradication de coca), mais le programme n’a pas permis de réduire la pauvreté et les tensions sociales sont restées fortes.
Suite à la démission de M. Banzer pour raisons de santé, le gouvernement intérimaire du président Quiroga a dirigé le pays de juillet 2001 à août 2002.
Elu de nouveau le 4 août 2002 (premier mandat : 1993-1997), M. Gonzalo Sanchez de Lozada du MNR (Mouvement nationaliste révolutionnaire) a formé avec le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire de M. Paz Zamora) un gouvernement de coalition. Signe du besoin de reconnaissance d’une population autochtone qui se sent privée de ses droits, M. Evo Morales, candidat d’origine indienne du Mouvement vers le Socialisme (MAS), leader des « cocaleros », a fait une percée électorale remarquée.
L’annonce, par le président, d’un plan de lutte contre le déficit public pris à la demande du FMI a provoqué de graves affrontements en février 2003 (33 morts). L’agitation a repris en septembre 2003 à propos de la perspective d’exportation du gaz naturel de Tarija vers le Mexique et les Etats-Unis, via un gazoduc dont le débouché le plus rationnel est au Chili, considéré comme « l’ennemi historique ».
A ce mouvement se sont joints les « cocaleros », puis les opposants à la politique économique du gouvernement, ainsi que la majorité indigène du pays. Les forces de l’ordre ont réagi brutalement, les affrontements causant au total la mort de 80 personnes. Le président Sanchez de Lozada a démissionné le 17 octobre 2003 et a été remplacé par son vice-président Carlos Mesa. Ce dernier a organisé un référendum sur les exportations de gaz, le 18 juillet 2004.
Les élections municipales de décembre 2004 ont révélé le net recul des partis traditionnels, comme le MNR ou le MIR, dans un contexte de fort émiettement des représentations politiques. Le MAS est apparu comme la première formation politique du pays mais dans des proportions inférieures à ses attentes.
L’agitation sociale a repris début 2005, avec des manifestations à El Alto prenant pour cible l’entreprise de distribution des eaux « Aguas del Illimani », filiale du groupe Suez. Le gouvernement a cédé à la pression de la rue en publiant un décret révoquant la concession accordée à « Aguas del Illimani ». Le président Mesa a été contraint, pour les mêmes raisons, à différer la hausse des prix des carburants. Entre-temps, les prospères régions orientales du pays (Santa Cruz et Tarija), où sont situées les principales réserves de gaz du pays, exigeaient une plus grande autonomie. Dans ce contexte la nouvelle loi sur les hydrocarbures (mai 2005) a fixé à 50 % les droits d’exploitation imposés aux entreprises étrangères.
Ces difficultés ont conduit le président Mesa à démissionner le 7 juin 2005. Le Congrès a désigné le 9 juin, comme président par intérim, Eduardo Rodriguez Veltze, qui était président de la Cour Suprême depuis mars 2004.
Des élections générales ont été tenues en décembre 2005 (présidentielles, législatives, régionales). Evo Morales (MAS, Mouvement pour le socialisme) a été élu dès le premier tour avec 54 % des suffrages. Il a pris ses fonctions le 22 janvier 2006 et lancé une « révolution démocratique ». Alors que la nationalisation des hydrocarbures boliviens a été confirmée par le décret du 1er mai 2006, les élections à l’Assemblée constituante et le referendum sur les autonomies se sont tenus le 2 juillet dernier. Le MAS a remporté les élections à la Constituante (avec 53 % des voix) et la réponse au referendum sur les autonomies a été négative à plus de 56 %, mettant cependant en lumière une ligne de fracture entre l’occident des hauts plateaux (71,5 % pour le « non » à La Paz) et les vallées à l’orient des terres basses (71,6 % pour le « oui » à Santa Cruz).
L’Assemblée Constituante s’est déclarée « originaire et plénipotentiaire » en septembre 2006, ce que la Cour Suprême a contesté le 4 octobre 2006. Le MAS a également obtenu de faire voter les articles de la nouvelle Constitution à la majorité simple et de ne requérir à la majorité des 2/3 que pour l’approbation du texte final. Six gouverneurs des neuf régions boliviennes protestent contre ce qu’ils estiment être un passage en force. Par ailleurs, M. Morales a remplacé son ministre des Mines, suite aux affrontements entre mineurs pour le contrôle de la plus importante mine d’étain d’Amérique du Sud, à Huanuni (18 morts et 81 blessés), les 5 et 6 octobre 2006.
La signature de nouveaux contrats avec les groupes étrangers d’exploitation des hydrocarbures, dont Total, avant la date prévue du 28 octobre 2006, a été une victoire politique majeure du gouvernement de M. Morales. Les défis restent néanmoins nombreux pour le gouvernement : ainsi, la réforme agraire qui entend nationaliser les terres non utilisées provoque une contestation sociale importante chez les grands propriétaires. Pour l’instant, le projet de loi de cette réforme a été voté par la Chambre basse et doit encore être examiné par le Sénat.
La Bolivie cherche à entretenir de bonnes relations avec ses voisins, et plus spécialement avec le Pérou qui lui a accordé, en 1992, une zone franche industrielle, commerciale et touristique à Ilo, et avec qui elle a signé un accord bilatéral d’intégration économique (juillet 2004). Les rapports avec l’Argentine et le Brésil sont conditionnées par les ventes de gaz naturel et ont connu quelques secousses temporaires avec le décret de nationalisation des hydrocarbures du 1er mai 2006. La Bolivie a toujours pour ambition de récupérer un accès à la mer qu’elle espère pouvoir négocier avec le Chili. La question avait rebondi fin 2003 avec la « guerre du gaz », qui avait conduit à la chute du président Sanchez de Lozada. Alors que la Bolivie s’emploie à capitaliser les marques de sympathie envers sa revendication maritime pour internationaliser la question, le Chili s’efforce de contenir ce différend dans un cadre bilatéral. M. Morales, qui avait envisagé un temps un programme « gas por mar », y a finalement renoncé pour montrer des signes d’apaisement appréciés à Santiago.
Le président Morales s’est rapproché du Venezuela et de Cuba, où il a effectué ses premières visites extérieures, et avec lesquels il a signé un « Traité de Commerce entre les Peuples » (TLC, 2006).
Les relations avec les Etats-Unis ont été longtemps étroites, notamment en matière de lutte contre la drogue. Après la « guerre du gaz », les Etats-Unis ont rapidement pris acte de la chute de leur allié privilégié, Sanchez de Lozada, et apporté leur soutien au président Carlos Mesa (création d’un « groupe d’appui » à la Bolivie le 16 janvier 2004 à Washington). Principal partenaire de la Bolivie en matière de lutte contre le trafic de drogue, les Etats-Unis sont également le premier investisseur étranger. Cependant, la volonté du président Morales de dépénaliser la culture de la coca – tout en renforçant la lutte contre le narcotrafic – a contribué à la détérioration des relations bilatérales. L’Andean Trade Promotion and Drug-Eradication Act (ATPDEA), qui conditionne des avantages commerciaux pour les entreprises boliviennes à une lutte active contre le narcotrafic, arrivera à expiration fin 2006 : un des objectifs de la Bolivie est d’obtenir une prolongation de ce traité du Congrès américain. Par ailleurs, la Bolivie voudrait obtenir l’extradition de l’ancien président Sanchez de Lozada, actuellement en exil aux Etats-Unis.
La Bolivie entretient des relations soutenues avec l’Union européenne en tant que membre de la CAN, du Groupe de Rio, et membre associé du Mercosur. L’UE et la CAN sont liées depuis 1998 par un accord de « 3ème génération ». En outre, un accord de dialogue politique et de coopération renforcée a été signé le 15 décembre 2003 à Rome. L’aide de l’UE aux pays andins atteint près de 150M€ par an ; la Bolivie figure parmi ses plus importants destinataires (elle a reçu 322 M€ en montants cumulés sur la période 1992-2000). La France en finance 17,5% à travers sa contribution au budget communautaire. La Bolivie bénéficie par ailleurs du « SPG drogue », qui fait entrer en franchise de droits 75% de ses exportations vers l’UE en contrepartie de ses efforts pour lutter contre la drogue.