Voici la minorité ethnico-religieuse la plus surréaliste d’Amérique centrale : ce sont des Européens blancs, souvent blonds, qui portent toujours un chapeau de paille sur la tête et de larges bretelles sur leurs chemises en coton. Les femmes, elles, se distinguent par leur longue jupe en drap violet et par le fichu qui leur sert de couvre-chef.
Au total, ils seraient près de 5 000 membres, tous adeptes de la religion mennonite, un rameau oublié du mouvement des anabaptistes. Pacifistes, les mennonites condamnent la guerre et la peine de mort. Ils sont des puritains obstinés et ascétiques dans la luxuriante indolence des Caraïbes. Quel cocktail surprenant !
Chaque village suit la religion mennonite à sa façon. Certains refusent complètement le progrès, d’autres possèdent des voitures mais ont interdiction de les conduire. Enfin, à peu près un tiers sont des villages mennonites « high-tech », qui cultivent la terre avec les dernières techniques et font du commerce directement avec les États-Unis.
Depuis que les groupes humains sont en interrelation, ils tentent de se retrouver à travers leurs différences. Un bon point de départ pour aborder la différence de façon constructive est de se rappeler que ce qui fait la force d’un groupe, qu’il soit animal ou humain, c’est sa diversité: diversité génétique, diversité des idées et des solutions pour avancer. Qui n’a jamais plaint un monde où tous les humains seraient identiques?
Voyager, c’est-à-dire être prêt à faire face au fait que le tissu culturel humain est complexe, composé de plusieurs ethniques qui ont toutes quelque chose à nous apprendre: une dimension philosophique, une connaissance médicinale ou une pratique culinaire qui risque d’alimenter notre bagage personnel et qui constitue la richesse du patrimoine humain.
Il faut donc être capable de relativisme culturel: être à même de contextualiser les comportements et les agissements des gens en fonction de leur milieu social, leurs moyens techniques et financiers, et surtout considérer leur conception différente du monde. Il est facile de comprendre qu’un jeune adolescent vivant dans l’arrière-cour d’une entreprise manufacturière d’Irlande et une adolescente de la brousse malienne, en Afrique, ne voient pas l’avenir, le monde du travail et des adultes de la même façon.