Risk management
Appréciation du risque & protection
Légère reprise en 2016
En dépit d’un environnement international favorable, l’économie tunisienne subit les répercussions des trois attentats qui ont frappé le pays en 2015. La dégradation de l’environnement sécuritaire a affecté la confiance des ménages et des entreprises alors même que l’activité aurait dû bénéficier du faible prix des énergies et de la timide reprise en Europe. Le secteur du tourisme qui a été durement touché par les deux attaques (le Bardo en mars 2015 et Sousse en juin 2015) devrait se remettre difficilement des conséquences de ces deux attentats. En septembre 2015, le nombre de nuitées était en recul de plus de 60 % et le nombre d’arrivées de 50 % par rapport aux données enregistrées en 2014. Etant donné l’importance du tourisme dans l’économie (7 % du PIB et 15 % de la population active occupée), les perspectives négatives du secteur rendent improbable une reprise forte de l’activité en 2016. En outre, la Tunisie fait face depuis début 2015 à une multiplication des grèves dans l’industrie qui ont entrainé des coupures de production. La valeur ajoutée des branches industrielles (aussi bien manufacturières que chimiques) est en diminution. La reprise de la demande européenne qui reste le principal partenaire commercial de la Tunisie laisserait entrevoir une amélioration des perspectives du secteur industriel en 2016. Elle resterait cependant conditionnée à un apaisement du climat social induit par une reprise du dialogue entre les syndicats, les entreprises et les pouvoirs publics. Le plan de développement quinquennal 2016-2020 présenté en septembre 2015 devrait être implémenté en 2016. Il fixe un ensemble de mesures visant à accroître l’attractivité de la Tunisie et à favoriser l’investissement en repli en 2015. Les effets du plan pourraient cependant tarder à se faire ressentir. Du côté de la demande, le lancement de chantiers d’infrastructures routières financés conjointement avec la BAD, l’AFD et la Banque mondiale soutiendra l’activité. La consommation des ménages pourrait se montrer plus dynamique en 2016 suite à une baisse de la taxe à la consommation de biens spécifiques (qui se superpose à la TVA) et à une augmentation du salaire des fonctionnaires. Cet effort de relance budgétaire serait néanmoins freiné par le relèvement de la TVA et par l’augmentation du taux de chômage. Les pressions inflationnistes devraient faiblir en 2016, permettant ainsi à la banque centrale de poursuivre sa politique accommodante débutée en octobre 2015.
Stabilisation des déficits jumeaux
Malgré, la consolidation des comptes publics établit avec l’appui du FMI dans le cadre de l’accord de confirmation conclu en 2013 le déficit observé en 2015 s’est creusé en raison de l’entrée en vigueur du programme de recapitalisation des banques publiques dont le coût s’élève à 1,6 point de PIB. En dépit d’une conjoncture économique peu favorable, le déficit public devrait se réduire légèrement en 2016. L’augmentation des salaires des fonctionnaires et les exonérations douanières pour les intrants importés prévus dans le cadre de la réforme fiscale seraient compensées par une réforme de la TVA. Les autorités devraient avoir recours à l’endettement pour financer une partie du déficit public, notamment auprès banques islamiques.
La faiblesse des prix des matières premières n’a eu que peu d’incidence sur les comptes extérieures. Bien que la balance énergétique ait été excédentaire, le tassement des exportations et la baisse des recettes touristiques ont entrainé un important déficit du solde courant. En 2016, les recettes touristiques devraient difficilement se redresser mais la Tunisie pourrait profiter de la légère croissance en Europe vers laquelle se dirige 70 % des exportations.
La recapitalisation des banques publiques a permis de limiter le risque de faillite qui pesait sur les banques publiques les plus fragiles. Ces dernières restent toutefois très exposées au risque de défaut dans le secteur touristique. Le taux de créances douteuses de la filière atteint 25 % des créances détenues par les banques et il risque d’augmenter en 2016.
Achèvement de la transition politique mais accroissement de la menace terroriste.
Le prix Nobel de la paix décerné aux acteurs de la révolution tunisienne en octobre 2015 est venu parachever la transition politique du pays. Les élections législatives et présidentielles de 2014 ont permis de former un gouvernement de coalition qui comprend des acteurs du parti majoritaire Nida Tounes ainsi que de l’opposition Ennahdha. Le pays reste néanmoins confronté à de nombreux défis.
Les différents attentats qui ont heurté le sol tunisien en mars, en mai et en novembre 2015 confirment l’accroissement du risque sécuritaire. La Tunisie reste confrontée à la menace djihadiste sur son sol et ces pressions devraient s’accroître à mesure que la situation en Libye se détériore.
Par ailleurs, bien qu’il y ait un consensus politique autour des grandes orientations du gouvernement, le parti majoritaire Nida Tounes est fragilisé par des affrontements internes qui mèneraient à une possible dissolution. Le pays reste en outre secoué par d’importants mouvements sociaux qui pourraient se renforcer suite au ralentissement économique.
Source : COFACE