« Secteur de l’Electricité au Togo : bilan et perspectives », c’est autour de ce thème que la journée mondiale de l’Energie a été célébrée le 22 octobre dernier au Togo. Cette journée a été une occasion pour les différents acteurs intervenant dans le secteur de jeter un regard sur les actions entreprises. «De 18% en 2005, le taux d’électrification est passé à 27,62% en 2013 sur le plan national dont de 30à 50% en milieu urbain et de 2 à 6% en milieu rural. La dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur est passée de 80% à 63% dans la même période. L’éclairage public a connu également une évolution spectaculaire en passant à près de 197km pour les centres urbains et 353km pour les localités rurales(…). 18 projets d’un montant de 36milliards de F CFA dont 4milliards directement financés par l’Etat et 31,5 milliards par les financements extérieurs ont permis d’atteindre ces résultats », voilà résumé le bilan dressé par M. Noupokou Dammipi, ministre de l’Energie et des Mines. Ces résultats montrent le dynamisme de ce secteur vital de l’économie aujourd’hui tourné vers l’amélioration des capacités de production locale.
Les autorités togolaises visent aujourd’hui à améliorer les capacités de production d’énergie locale disponible à la consommation. Cette amélioration requiert la mise en place de financements conséquents nécessaires à la réalisation d’investissements dans des nouvelles centrales et systèmes : microcentrales hydroélectriques, solaire, éolien, biomasse. Elle est nécessaire car le Togo est encore très dépendant des approvisionnements fournis par les fournisseurs extérieurs. Ainsi, il importe plus de 65% de l’énergie qu’il consomme pour la production d’électricité.
Les ambitions sont énormes : le taux d’accès à l’électricité est aujourd’hui de 27,62%se répartissant entre 50% et 60% à Lomé, entre 30% et 40% dans les grandes villes intérieures et 5% en milieu rural. En 2018, l’ambition est d’atteindre un taux de couverture minimal de 40% avec une part en milieu rural comprise entre 15% et 20%.
Les progrès sont déjà notables : entre 2007 et 2013, le nombre des abonnés à la Compagnie d’énergie électrique du Togo (CEET) est passé de 141 339 à 224 168, une progression de 58% sur la période. En 2013 et 2014, des dizaines de nouveaux villages ont bénéficié de programmes d’électrification rurale.
Le lancement de la centrale de production de Contour Global, en octobre 2010, en réponse aux crises énergétiques de 1998 et 2006, a permis de diminuer considérablement le nombre et la fréquence des délestages. Mais les coûts de production restent très élevés et fortement dépendants du prix du fuel. Un projet de gazoduc pour l’Afrique de l’ouest, en cours depuis plusieurs années, pourrait permettre de réduire les coûts de production.
Afin d’améliorer le niveau d’électrification sur l’ensemble du territoire, le ministère des Mines et de l’énergie a élaboré des stratégies d’actions à court terme et à moyen terme et conduit plusieurs projets dont la construction de ligne haute tension 161 KV Kara-Mango-Dapaong et le projet de construction d’une centrale thermique à charbon de 200 MW à Lomé.
L’électrification en milieu rural
Le problème principal que rencontrent les populations en ce qui concerne l’électrification en milieu rural est lié aux coûts d’installation du compteur pouvant atteindre jusqu’à 120.000 FCFA selon les localités. Pour pallier cette difficulté, la CEET propose des offres avantageuses. L’Etat, de son côté, a mis en place depuis plusieurs années un tarif social de l’énergie.
En 2013 et 2014, plusieurs réalisations notables, achevées ou en cours de réalisation, permettent de faire progresser le taux d’accès à l’électricité en milieu rural et semi-urbain :
• Finalisation du projet Exim Bank of India phase I lancé en 2008 : raccordement de 75 villages sur l’ensemble du territoire. Le dernier village a été raccordé en février 2014 ;
• Exécution du projet Exim Bank of India phase II démarré en 2014 : raccordement de 69 localités rurales supplémentaires ;
• Signature d’un accord de prêt avec la Banque Islamique de Développement pour le raccordement d’une cinquantaine de localités ;
• Mise en œuvre d’un projet transfrontalier d’électrification de 42 localités en milieu rural et semi-urbain incluant l’installation des compteurs et appuyé par l’Union européenne ;
• Création d’une structure dédiée à l’électrification en milieu rural ;
• Electrification de 22 villages par des systèmes solaires photovoltaïques.
L’électrification en milieu urbain
Depuis 2009, plusieurs chantiers, financés sur fonds propres de l’Etat, ont vu le jour afin de doter les grandes villes du pays d’un système d’éclairage public digne de ce nom. Ces actions sont coordonnées par le Plan Stratégique du sous-secteur de l’énergie électrique (2010).
La stratégie a été conçue en trois phases :
• Phase I (2009) : les principales artères de Lomé sont éclairées.
• Phase II (2011/2013) : les rues principales des 5 chefs-lieux de région sont éclairées.
• Phase III (2014/2015) : l’électrification de plusieurs villes secondaires est en cours.
En 2014, 500 millions FCFA de travaux sont programmés pour permettre l’installation de stations relais de la TVT dans 6 villes du centre et du nord du Togo afin d’étendre la couverture de diffusion et de réception de la télévision publique, dans un souci permanent de rééquilibrage entre les régions.
Par ailleurs dans le cadre du projet hydroélectrique d’Adjarala (Togo-bénin), il est prévu la construction d’une centrale de 147 MW, estimée à US$503 millions soit 237 milliards de FCFA (1US$=473 FCFA), avec une contribution de la Banque Mondiale qui pourrait s’élever à 85 milliards de FCFA (décision mai 2014).
Le développement des énergies renouvelables
Résolument engagé en faveur d’une politique respectueuse de l’environnement et soucieux d’assurer son indépendance énergétique, le Togo investit dans la recherche et le développement des énergies renouvelables, notamment :
• L’énergie éolienne à travers une concession de 22 ans accordée à Delta Wind Togo pour construire et exploiter une centrale éolienne ;
• L’énergie solaire : des études de faisabilité sont en cours à Kara avec la Compagnie électrique du Bénin (CEB) et l’appui de l’UEMOA ;
• Les microcentrales hydroélectriques : une trentaine de sites inventoriés et valorisés sur les principaux fleuves.
• La biomasse et l’utilisation des déchets organiques : des appels d’offres lancés pour des projets pilote de petites puissance sont en cours.