PIB (2012) : 1,3Mds USD
PIB/habitant (estimation) : 600 USD
Taux d’accroissement annuel du PIB (2012) : 2,6%
Répartition du PNB (% par secteur) : agriculture (60.2%), industrie (7.4%), services : 32.5%
Principaux clients : EAU (242,7), Yémen (81,8), Oman (61,3), Arabie saoudite (15,8)
Principaux fournisseurs : Djibouti (313,2), Kenya (81,9), Chine (79,4), Pakistan (74)
Entrées nettes d’investissements étrangers directs : 107,1 millions USD (2014)
Dette extérieure (estimation) : 2,94 milliards de $
L’économie somalienne, largement informelle, dépend étroitement de l’aide internationale, principalement humanitaire. Le pays bénéficie également des transferts de la diaspora somalienne évalués à 1Md$ par an. L’activité économique repose essentiellement sur le secteur agricole et les services (télécommunication, finance islamique). Des travaux de reconstruction des infrastructures, détruites pendant la guerre civile, sont en cours principalement dans la capitale Mogadiscio.
La conjoncture reste marquée par une forte inflation, le budget est presque exclusivement financé par l’aide versée au gouvernement et par les quelques recettes prélevées au port du Mogadiscio.
Les ressources naturelles ont de tous temps été le principal moteur de l’économie africaine. Aujourd’hui encore, ces ressources représentent l’une des principales opportunités de développement économique pour la population. Or, si l’exploitation des minéraux, du gaz et du pétrole constitue toujours la plus grande part des investissements des états et la contribution principale à leur PIB et à leurs revenus, c’est peut-être bien les énergies renouvelables qui incarnent le mieux l’avenir énergétique de ce continent.
Le solaire photovoltaïque, par exemple, semble avoir de beaux jours devant lui. En effet, s’il est un endroit qui semble indiqué pour l’exploitation de cette source d’énergie, c’est bien la Corne de l’Afrique : avec une exposition moyenne comprise entre 5 et 7 kWh/m2, l’Afrique est le continent le plus ensoleillé du monde. L’éolien y aura lui aussi son rôle à jouer, même s’il reste pour le moment beaucoup moins développé.
Aujourd’hui, même si de telles installations restent chères à mettre en place et que les prix des énergies fossiles ont tendance à baisser, de plus en plus d’exemples montrent que l’Afrique a tout à gagner en misant sur le renouvelable. C’est le cas de Laascaanood, ville du Somaliland (Somalie), qui a inauguré il y a deux mois ce qui est probablement la plus grande installation solaire hybride off-grid d’Afrique de l’est.
Objectifs écologiques et sociétaux
Il l’avoue volontiers, lorsqu’il s’est vu confier le mandat de la réalisation d’une installation solaire d’envergure en Somalie, Olivier Andres ne savait pas trop à quoi il allait s’exposer. Beaucoup de questions, liées notamment à la sécurité et à la stabilité de la région, aux contraintes liées au suivi des travaux sur place, à la logistique et procédures douanières, aux payements, aux fournisseurs et à la volonté des équipes de se rendre sur place restaient sans réponse. Deux ans plus tard, le CEO d’Energy8, entreprise spécialisée dans les projets de production d’énergies renouvelables basée à Genève (Suisse), fait cependant part de sa satisfaction : « Nous avons livré l’installation clé en mains il y a deux mois. Elle fonctionne parfaitement et sa production permet d’économiser trois barils de pétrole par jour. Au-delà de ces aspects, l’énergie produite coûte 30 cents de moins au kilowatt-heure au consommateur final, ce qui permet à une plus grande part de la population d’avoir accès au réseau ».
Car c’était là un des objectifs principaux de ce projet, qui mêle objectifs écologiques et sociétaux : se passer complétement des combustibles fossiles, encore largement utilisées pour la production électrique dans ce pays, tout en permettant un accès accru à l’électricité. Le deuxième volet des travaux, qui comprend l’installation d’éoliennes, permettra d’ailleurs de faire baisser à nouveau le coût de l’énergie produite. En effet, si l’énergie solaire est importante, elle reste (en tous les cas pour ce site) plus un moyen qu’une fin.
Comme l’explique Olivier Andres, commencer par l’installation de panneaux solaires est important, car cela permet d’initier une baisse des coûts de l’électricité, qui va elle-même permettre d’augmenter la consommation et de financer les éoliennes. De plus, si les données d’ensoleillement sont connues et varient relativement peu, il faut parfois jusqu’à une année de mesures pour déterminer le point d’implantation idéal d’un parc éolien. A long terme toutefois l’objectif est de privilégier cette forme d’énergie, qui s’avère beaucoup moins coûteuse. Au total c’est 2,4 mégawatts qui seront installés, dont plus de 2 MW pour l’éolien seul. Le solaire sera gardé pour le suivi de charge et pour amortir les variations éventuelles de la météo.
Indépendance énergétique, croissance économique et sécurité
Une réussite qui en appelle probablement d’autres, puisque l’opérateur somalien Lesco (Leading Energy Solutions Company) souhaite répliquer l’installation dans d’autres villes du pays. Tout n’a cependant pas été facile. De l’actualité parfois violente en Somalie, aux pratiques locales en matière de gestion de projet ou de construction, cette partie du monde n’est définitivement pas une zone de travail comme les autres.
Pas suffisamment toutefois pour décourager Olivier Andres de mener d’autres projets sur place. « Nous avons déposé une demande de financement auprès de la DDC [ndlr : le bureau d’aide au développement helvétique] pour développer un projet visant à améliorer les conditions de vie sur place de manière plus globale avec un renfort de la sécurité alimentaire. Notre objectif est notamment de développer le réseau d’alimentation en eau, rudimentaire voire inexistant et de remplacer l’utilisation de la biomasse en cuisine pour des raisons sanitaires et écologiques. Nous allons également travailler à la mise en place d’une formation sur les énergies renouvelables dans une des universités locales, car il y a aujourd’hui une réelle prise de conscience de l’importance du sujet », conclut-il. « C’est le cas dans le monde entier, mais peut-être plus spécifiquement en Afrique. Et j’espère que cela générera à la fois indépendance énergétique, croissance économique et sécurité pour ce continent ».