Plan Stratégique Gabon Emergent intégrant un volet « Gabon vert », Plan National Climat, Programme sectoriel forêts et environnement : autant de feuilles de route portées par le Gabon, pays soucieux de donner une dimension durable à son développement économique. Et les efforts entrepris ces dernières années par le pays d’Ali Bongo payent, puisqu’en 2011 l’université de Yale le classait en tête des pays africains les plus respectueux de l’environnement. Une dynamique également saluée lors de la COP21, où le Gabon fait figure de bon élève, grâce à une contribution volontaire qui impressionne.
Cap sur les renouvelables
Largement couvert de forêts (près de 89%), le Gabon est un de ces pays « poumon » qui jouent un rôle déterminant dans la captation du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. Il en absorbe actuellement 4 fois plus qu’il n’en émet. Conscient de ce rôle clé dans le traitement des gaz à effet de serre (GES), le Gabon a très tôt pris des mesures visant à sauvegarder ses ressources forestières, avec notamment dès 2001 la création de 11 parcs naturels protégés, ou encore par l’intermédiaire du Plan national d’affectation des terres, visant à réduire la déforestation. Mais se limiter à une position de puits à carbone subventionné par des aides étrangères n’est pas du goût de la présidence gabonaise. L’économie du pays est en voie de diversification, bien qu’elle demeure largement dépendante de la demande mondiale de pétrole et de bois, véritables moteurs de la croissance. Or ces deux dépendances ne lui assurent pas la durabilité qu’elle souhaite. C’est pourquoi, dès le début de son mandat, le président Ali Bongo a cherché à s’en affranchir.
Le pays affiche en effet des ambitions remarquables en matière de développement énergétique. Le Gabon se trouve à la 5ème place africaine dans le classement mondial de la compétitivité énergétique des Etats, selon une étude publiée par l’Institut Choiseul et le cabinet KPMG. Une place dans le peloton de tête qui couronne l’ambitieuse politique énergétique mise en œuvre par le gouvernement. Mais le Gabon connait également une explosion démographique (+2,5% tous les ans) sans précédent, ce qui implique qu’il doit assurer une production croissante, alors que les pénuries sont encore fréquentes. Aussi poursuit-il des objectifs de croissance responsable, c’est-à-dire qu’il cherche à réduire son impact sur l’environnement, tout en augmentant sa capacité de production. Le Chef de l’Etat gabonais s’est fixé l’ambition de porter la capacité de production énergétique du Gabon à 5000 MW en 2025, tout en faisant en sorte qu’une large partie de cette électricité soit d’origine renouvelable.
Une étude portant sur la décennie 2000 – 2010 montre que l’efficacité énergétique de l’économie gabonaise s’améliore de 3,8% par an. La stabilisation de l’offre électrique dans les grands centres constitue le premier pas de la stratégie de développement de l’électricité au Gabon. Ce cycle est sur le point de s’achever. Il doit permettre d’approvisionner en quantité suffisante Libreville, Port-Gentil et Franceville, à travers un certain nombre de projets structurants. La seconde phase de cette stratégie de développement doit quant à elle permettre de recentrer cette production sur des énergies vertes, avec une attention toute particulière portée au développement du potentiel hydroélectrique et à la mise en place du Réseau National Interconnecté (RNI). Ainsi, 735 MW supplémentaires exclusivement d’origine hydroélectrique devraient voir le jour d’ici 2020. L’hydroélectrique devrait à terme représenter quelque 80% des capacités installées, tandis que le photovoltaïque permettra d’assurer en électricité les villages les plus isolés.
50 % d’émissions en moins d’ici 2025 ?
Le mix énergétique à l’horizon 2025 fera du Gabon un pays modèle ayant, si l’on en croit les objectifs qu’il s’est fixés dans le cadre de sa contribution volontaire à la COP21, réduit de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 2010. Pour se donner toutes les chances de réussir, le Gabon s’est inscrit auprès du Fonds vert pour le climat, mécanisme financier de l’Organisation des Nations unies encadrant le transfert de fonds des pays développés vers les pays les plus vulnérables, afin de les aider à combattre les effets des changements climatiques. La politique entrepreneuriale ouverte (le pays est classé 9ème du continent en la matière) du pays devrait de surcroit attirer les investissements étrangers privés.
Cette double politique est largement le fruit de la vision du conseiller et directeur de cabinet présidentiel Maixent Accrombessi, qui dès l’arrivée du nouveau président a su le convaincre de l’importance mais aussi du potentiel du développement durable. Au delà du caractère bénéfique d’une telle politique sur le plan national, Accrombessi souhaite que la pleine valorisation du potentiel énergétique gabonais permette l’exportation vers le marché régional. Selon lui, le Gabon sera en mesure d’exporter jusqu’à 3 000 MW en 2030. Avec un taux d’électrification flirtant avec les 80 %, quand celui de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne n’excède pas les 30 % en moyenne, probable que le Gabon remplira également cet objectif haut la main.