Statut : Dictature militaire
Président : Htin Kyaw
Htin Kyaw, un fidèle compagnon de dissidence d’Aung San Suu Kyi, est devenu le nouveau président de la Birmanie, le premier démocratique élu depuis des décennies, après un vote du Parlement mardi 15 mars 2016. Il est aussi le premier civil président civil du pays après près de cinquante années de dictature militaire suivi par la constitution d’un gouvernement dirigé par d’anciens généraux.
La Ligue nationale pour la démocratie (NLD), qui a remporté 80 % des sièges en lice dans les deux chambres en novembre, a proposé le nom de ce proche de la Prix Nobel de la paix, dont la route est barrée par une Constitution héritée de la junte. Il a été élu, sous les applaudissements par 360 voix sur 652 députés.
Politique intérieure
La Birmanie connaît une transition politique depuis l’été 2011, initiée par le Président Thein Sein. Les élections générales du 8 novembre 2015 se sont tenues dans de bonnes conditions et ont conduit à la large victoire de la Ligue nationale pour la Démocratie (LND), parti d’Aung San Suu Kyi. La LND a remporté 80% des sièges en jeu, s’assurant la majorité absolue dans les deux chambres nationales, malgré les 25 % de sièges réservés aux militaires.
M. Htin Kyaw, Président de la République de l’Union du Myanmar depuis le 30 mars 2016, est un proche d’Aung San Suu Kyi. Cette dernière cumule les fonctions de Ministre des Affaires étrangères, Ministre du Cabinet de la Présidence et de Conseillère pour l’Etat, poste créé spécifiquement pour elle. La Constitution de 2008 l’empêche en effet de briguer la Présidence de l’Union du fait de la nationalité étrangère de ses enfants. Les militaires conservent par ailleurs 3 ministères (au plan national comme régional) : la défense, l’intérieur et les frontières. Cela confère à l’armée la gestion exclusive des guérillas ethniques et de la situation sécuritaire, dans l’Arakan notamment.
De nombreux défis sont encore facteurs de risques pour la transition :
- La persistance de conflits armés avec des minorités ethniques (notamment Kachin, Shan et Ta’ang, avec lesquels les combats ont repris fin 2016) dans le Nord et l’Est du pays. La signature d’un accord de cessez-le-feu national entre les autorités et 8 groupes armés ethniques le 15 octobre 2015, puis l’organisation d’une conférence de paix dite de « Panglong du 21ème siècle », ont été des premiers pas dans la bonne direction. La deuxième session de la conférence s’est tenue du 24 au 29 mai 2017. La conclusion d’un accord de paix demeure un objectif de long-terme ; se pose dans l’immédiat la question de l’arrêt des combats et de l’accès humanitaire aux populations, notamment les personnes déplacées internes dont il faut préparer le retour.
- La situation des Rohingyas (musulmans) dans l’Etat de l’Arakan (majoritairement bouddhiste, frontalier du Bangladesh) est très proccupante tant sur le plan humanitaire que des droits de l’Homme. Les Rohingyas, minorité apatride, sont victimes de vagues de violences régulières depuis des décennies. Le 25 août dernier a eu lieu une attaque revendiquée par l’« Arakan Rohingya Salvation Army » (ARSA) contre des postes de sécurité birmans. La répression conséquente par l’armée birmane s’est traduite par la fuite de plus d’un demi-million de Rohingyas au Bangladesh, dont 60 % d’enfants. La France a dénoncé un nettoyage ethnique et travaille avec ses partenaires européens et ses partenaires du Conseil de sécurité pour qu’une réponse collective de la communauté internationale soit apportée. Sur le plan humanitaire, les besoins sont considérables, en particulier au Bangladesh, qui accueille désormais plus de 700 000 réfugiés Rohingya, avec des ressources limitées. La France a d’ores et déjà renforcé son aide aux populations Rohingya, au Bangladesh et en Birmanie, qui s’élève à 2,3 M€ pour cette année. La Commission européenne a annoncé en septembre 3 millions d’euros supplémentaires pour les Rohingyas, portant l’aide humanitaire de l’UE à 15 M€ pour 2017.
- Le sort des prisonniers politiques en détention, reste un sujet actuel. La LND a libéré près de 180 prisonniers politiques dès avril 2016 et près de 260 en mai 2017 mais certains cas semblent plus problématiques car sensibles pour le pouvoir militaire.