Le charity business joue la transparence

Par Cédric Bodet, publié le 07/12/2000

Afin de rendre les Français plus généreux, trois associations se regroupent pour faire certifier leurs services par un cabinet indépendant

Traumatisées par les scandales financiers et les dérives du charity business, les grosses cylindrées du monde associatif cherchent à tirer les leçons de ces années noires. Selon le baromètre de solidarité réalisé, en 1999, par le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), 55,5% des Français se disaient méfiants envers les organisations humanitaires. « Malgré une reprise des dons due à la bonne conjoncture économique – 15 milliards l’année dernière – le public reste vigilant », affirme Christophe Broulers, du CCFD.

L’ARC a ainsi perdu 200 000 bienfaiteurs après le scandale Crozemarie. L’AFM (Association française contre les myopathies), organisatrice du Téléthon les 8 et 9 décembre, a enregistré 50 000 promesses de dons en moins entre 1998 et 1999.

Au moment où l’on s’apprête à célébrer le centenaire de la loi de 1901 qui a créé les associations, l’AFM, l’Armée du salut et l’ARC – budget de 1,4 milliard de francs à elles trois – ont décidé, tels les groupes industriels, de faire certifier leurs services par un cabinet indépendant. Jusqu’à présent, il existait deux sortes de contrôle : l’un administratif, par la Cour des comptes et l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), et l’autre interne, effectué par le Comité pour la charte de déontologie, qui regroupe une cinquantaine d’associations. « Notre objectif est double, explique Michel Lucas, président de l’ARC : redonner confiance aux donateurs et encourager le mécénat d’entreprise. » La transparence a un coût élevé : 290 000 francs la première année, puis 90 000 francs les années suivantes. « Nous n’excluons pas de l’adapter aux associations aux moyens plus limités, y compris en les aidant financièrement« , précise Eric Molinié, directeur général de l’AFM. L’initiative a ses critiques. « On ne contrôle pas une association comme une entreprise, déplore Edith Archambault, chercheur au CNRS. Bien gérer une association n’implique pas forcément de réduire les coûts de fonctionnement. »

Frontières

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