Risk management
L’innovation constitue un des moteurs économiques les plus importants. Bien que la région lémanique bénéficie d’une croissance démographique soutenue et de moyens enviables, elle accuse des performances décevantes : l’économie locale n’a pas été à la hauteur des espérances. Ce constat découle d’une étude publiée par Avenir Suisse dans « Le feu au lac ». Il en ressort notamment que le potentiel économique de la région est mal exploité par une inaptitude à recueillir les bénéfices de l’innovation. La reprise vigoureuse de 2006 a été portée le rebond de l’investissement en équipements et en infrastructures industrielles et commerciales. L’investissement a en effet profité de la bonne santé financière des entreprises et d’une utilisation élevée des capacités de production. La consommation a bénéficié de la baisse du chômage et les exportations de l’amélioration conjoncturelle européenne et de la baisse du franc suisse.
Appréciation du risque
Adaptation progressive à l’appréciation du franc par la baisse des prix (et des marges)
Suite à l’abandon par la Banque Nationale Suisse du cours plafond (en place depuis 2011) de 1,2 franc pour un euro le 15 janvier 2015 et à l’appréciation qui s’en est suivie (17% en instantané, mais 10% après stabilisation), l’économie suisse, très ouverte, a nettement ralenti en 2015. Sauf nouvelle appréciation significative, l’adaptation à la nouvelle parité devrait s’achever et la croissance augmenter légèrement en 2016. La contribution principale viendra de la demande intérieure. La consommation des ménages devrait confirmer sa résistance, car, si le chômage devrait légèrement progresser, le revenu réel disponible bénéficiera de la baisse importée des prix. Par ailleurs, la population résidente continuera de progresser avec l’appoint de l’immigration. L’investissement des entreprises est plus incertain. D’un côté, le taux d’utilisation des capacités de production est loin de ses plus hauts historiques et les marges des entreprises pour lesquelles la baisse du coût des intrants importés ne compense pas la réduction des prix de vente consentie pour atténuer l’impact de l’appréciation du franc sur leur compétitivité ont diminué (hausse modérée des faillites en 2015 parmi les PME industrielles des cantons de Zurich, Bâle, Zoug et Vaud). De l’autre, le crédit est bon marché, les prix des biens d’équipement importés ont diminué et l’investissement, notamment dans l’automatisation, peut permettre de s’affranchir de coûts salariaux élevés et, avec la perspective d’un durcissement de la politique migratoire d’ici 2017, d’une moindre disponibilité de la main d’œuvre qualifiée. De négative en 2015, la contribution à la croissance des échanges extérieurs deviendrait nulle ou légèrement positive. Avec une reprise modérée en Europe et un marché nord-américain dynamique, le repli des exportations, plus marqué en valeur qu’en volume suite aux baisses de prix concédées pour atténuer l’appréciation du franc, devrait cesser. Les ventes de produits pharmaceutiques (29% du total) et d’horlogerie (11%) devraient reprendre leur progression. Par contre, les machines (12%), la chimie (9%), les instruments de précision (7%) et l’électronique (6%) rencontreront plus de difficulté. Les services financiers bénéficieront de leur excellente réputation. Le tourisme, plutôt haut de gamme, devrait encore résister, notamment auprès de la clientèle américaine dont l’augmentation atténue la diminution du nombre de visiteurs européens.
Des comptes extérieurs atypiques peu sensibles au change
L’excédent courant est confortable. Il recouvre, notamment, un excédent des échanges traditionnels de biens (3,9% du PIB en 2014), un excédent des services (3,1%) surtout généré par les services financiers et les redevances pour licences et brevets, d’importants transferts des travailleurs étrangers (3,1%), des contributions aux organisations internationales (0,6%) et les rémunérations des travailleurs frontaliers étrangers (3,1%). Cependant, si l’on soustrait l’activité de négoce de matières premières (3,9%) et les revenus étrangers (estimés à 1,4%) des multinationales et des non-résidents fortunés installés dans le pays pour des raisons fiscales, l’excédent n’est plus que de 0,8%. La domination des éléments atypiques dans le compte courant explique en partie l’impact relativement limité de l’appréciation du franc suisse. Les exportations traditionnelles résistent assez bien du fait de leur forte compétitivité hors-prix liée à leur sophistication, à leur réputation de qualité et aux faibles dépenses en personnel (cf. pharmacie : 7% du PIB mais 0,8% des emplois).
Des comptes publics solides susceptibles de renforcer la politique monétaire accommodante
Conformément à la règle budgétaire, les comptes publics affichent un équilibre structurel. En cas de dégradation significative de la situation conjoncturelle, les autorités fédérales et cantonales, par un simple vote des assemblées représentatives, disposeraient d’une capacité de relance budgétaire importante. La dette publique se répartit à égalité entre la fédération, d’une part, les cantons et les communes, d’autre part. Son coût est extrêmement faible avec des taux négatifs sur les émissions à 10 ans. Compte tenu de la déflation importée, des pressions à l’appréciation sur le franc et du ralentissement conjoncturel, la banque centrale a un taux directeur négatif (-0,75% en décembre 2015) susceptible d’être abaissé en 2016. Il n’est pas exclu qu’elle recourt à l’achat d’actifs étrangers. Par ailleurs, afin d’encourager le crédit, elle applique un taux négatif similaire sur les dépôts des banques, dès lors qu’ils dépassent de vingt fois le montant des réserves obligatoires.
Le secteur financier se réforme
Sous la pression de l’OCDE et des grands partenaires, soucieux de lutter contre le blanchiment et l’évasion fiscale, les autorités suisses imposent à leur secteur financier, notamment bancaire (10% du PIB et 6% des emplois), la transparence et la surveillance extérieure. A partir de 2018, les banques devront fournir automatiquement aux autorités fiscales de certains pays les données relatives à leurs résidents. Cela renforce un secteur composé, à la fois, de deux grands établissements à l’activité d’investissement importante affichant un effet de levier assez élevé et d’une multitude de petits acteurs.
Source : COFACE