Appréciation du risque
Une demande intérieure tirée par la politique budgétaire accommodante
La croissance devrait encore augmenter en 2016, portée par la demande intérieure, pour atteindre un niveau élevé, supérieur au potentiel. La consommation des ménages (70% du PIB), qui profite déjà du doublement des allocations familiales à la mi-2015, sera favorisée par la progression des salaires induite par le dynamisme de l’emploi et la baisse du chômage, l’augmentation des rémunérations du secteur public et l’abaissement du taux normal de la TVA de 24 à 20% dès janvier. Le logement, comme l’investissement des entreprises, profitera de la confiance et, pour le second, d’une exonération fiscale pour les bénéfices réinvestis et d’un programme de garantie d’emprunt pour les PME. Par contre, l’investissement public, déjà pénalisé par la mauvaise absorption des fonds européens (67%) liée à la bureaucratie et aux insuffisances des échelons locaux, pourrait décroître du fait de la transition entre deux programmes européens de financement. La poursuite du désendettement en devises des acteurs économiques (plus de la moitié de l’encours de crédit est en euro) devrait être compensée par l’augmentation de leur endettement en leu. Cependant, cette progression sera modérée, car les banques locales, à 90% filiales de groupes autrichiens, français, grecs et néerlandais, continueront de rembourser leur dette auprès de leurs maisons-mères, tout en développant leur base de dépôts domestiques. De plus, la prudence restera de mise avec des créances douteuses encore conséquentes (14%) et la difficulté à faire jouer les sûretés. Les exportations (bois, céréales, oléagineux, engrais, métaux, médicaments, machines, habillement) devraient être peu touchées par la faiblesse des économies émergentes en raison de leur forte orientation vers les marchés européens où la demande est attendue en légère progression. Les ventes à la Russie sont surtout constituées de machines ainsi que de véhicules et de pièces automobiles, mais ne représentent qu’environ 1% du PIB. Les ventes d’automobiles (de marques DACIA et Ford) et de pneumatiques (un quart des exportations à eux deux) ne devraient pas être affectées par les déboires de Volkswagen, même si les ventes de pièces détachées destinées à l’Allemagne représentaient 1% du PIB en 2014. Le leu, continuera d’évoluer dans le sillage de l’euro, ce qui maintiendra la compétitivité en Europe et favorisera les ventes hors de la zone euro. Cependant, comme, dans le même temps, les importations progresseront très rapidement en lien avec la demande intérieure, la contribution des échanges commerciaux sera négative. Les services seront encore les premiers bénéficiaires du dynamisme de l’activité, suivis par l’industrie. L’agriculture (11% du PIB) devrait renouer avec une croissance modérée après le recul enregistré en 2015 du fait de la sécheresse. Le taux de défaillance des entreprises devrait rester le plus élevé de la région, notamment dans la construction, l’habillement, l’agroalimentaire et l’hôtellerie-restauration. La lutte contre la corruption et l’informalité bouleverse certaines affaires.
Dégradation des comptes publics et extérieurs
Avec le relâchement de la politique budgétaire, le déficit public devrait augmenter, ce qui s’accompagnera d’un léger alourdissement de la dette. En plus de la baisse de la TVA, l’ensemble des rémunérations du secteur public croîtront de 10% (15% dans l’éducation et 25% dans les hôpitaux) et la taxe sur les dividendes passera de 16 à 5%. Les dépenses de défense vont sensiblement progresser. Les recettes attendues du surcroît de croissance, de la lutte contre l’évasion fiscale, liée à l’économie informelle, et de la restructuration des entreprises publiques, souvent déficitaires, ne compenseront pas. Le déficit courant se creusera aussi, en phase avec celui des échanges de biens (4% du PIB en 2014), malgré la progression de l’excédent des services lié au tourisme et au transport routier (4%). Les transferts des émigrés, tout comme le déficit des revenus résultant des rapatriements de dividendes et du paiement des intérêts de la dette extérieure (64% du PIB, dont un tiers pour l’Etat) se maintiendront à un faible niveau. Le déficit courant sera aisément financé par les IDE (un peu plus de 2% du PIB) et les fonds européens (3%).
Un gouvernement technique de transition
Fragilisé par son inculpation pour blanchiment d’argent, falsification et fraude fiscale par la Direction nationale anticorruption et confronté à des manifestations suite au tragique incendie d’une discothèque de Bucarest ayant causé 57 morts, Victor Ponta, chef d’un gouvernement social-démocrate disposant d’une large majorité au parlement depuis les élections de 2012, a démissionné en novembre 2015. Klaus Iohannis, issu de la petite communauté germanophone, chef du Parti national-libéral de centre droit élu à la présidence en 2014, l’a remplacé par Dacian Ciolos, ex-commissaire européen à l’agriculture. Son gouvernement composé de personnes issues de l’administration européenne et de la société civile a obtenu la confiance de l’ensemble des grandes formations politiques qui se sont engagées à le soutenir jusqu’aux élections de décembre 2016. Son objectif est de limiter la dégradation des comptes publics, sans remettre en cause l’orientation budgétaire à laquelle toutes les formations sont attachées.
Source : COFACE