Appréciation du risque et protection
Une reprise insuffisamment musclée
Après une décélération de l’activité dans la seconde partie de l’année 2015, l’indicateur du climat économique de l’Institut national des statistiques restait hésitant en début d’année 2016. La croissance est moins musclée qu’en Espagne et demeure en deçà de la moyenne de la zone euro. La reprise, d’abord tirée par les exportations, s’est étendue au marché intérieur mais celui-ci manque de dynamisme en raison notamment d’un ralentissement de la création d’emplois et d’un important endettement privé. Le taux de chômage a décru mais tendait à se stabiliser en fin d’année dernière et au tout début de cette année (à 12,2 %). Le manque de vitalité du marché du travail devrait persister et la consommation légèrement ralentir en 2016 malgré une politique budgétaire plus expansionniste et une augmentation du salaire minimum. Le désendettement des entreprises et un environnement extérieur moins porteur devraient également limiter la progression de l’investissement. La contribution du commerce extérieur à la croissance resterait légèrement négative du fait de la progression des importations.
Un endettement des entreprises élevé et une hausse des créances douteuses qui affecte la rentabilité des banques
Les marges des entreprises ont commencé à se redresser à partir de l’été 2009 en raison de la modération salariale et des restructurations de l’emploi. Néanmoins, les faillites, enregistrées notamment dans les secteurs de la construction et du commerce de gros et de détail, ont légèrement augmenté en 2015 après s’être sensiblement repliées en 2014. Elles avaient plus que triplé entre 2007 et 2013.
Par ailleurs, bien qu’en légère décrue, l’endettement des entreprises demeure élevé (118 % du PIB à fin septembre 2015) et pèse sur l’investissement. Le secteur bancaire a renforcé, globalement, sa solvabilité depuis 2012 et bénéficie de meilleures conditions de financement mais la hausse des prêts non-performants affecte sa rentabilité et restreint sa capacité à prêter aux entreprises viables. Deux dossiers continuent de peser sur le secteur : la faillite de la Banif en 2015 et la vente, prévue d’ici l’été 2017, de Novo Banco, née en 2014 du sauvetage de Banco Espirito Santo.
Le bilan du plan de sauvetage international (UE et FMI) de 78 Mds €, mis sur pied en mai 2011, est positif. Le pays a retrouvé le plein accès aux marchés obligataires avant l’expiration (juin 2014) de ce plan et n’a donc pas eu à recourir à une ligne de crédit de précaution (il fait actuellement l’objet d’une surveillance post-programme). L’activité économique s’est redressée, les comptes publics se sont améliorés et le déséquilibre des comptes extérieurs s’est résorbé. Cependant, bien que l’Etat ait été en mesure, en mars 2015, de racheter par anticipation une partie des emprunts contractés auprès du FMI, le fardeau de la dette publique et l’important besoin de financement du gouvernement continuent de faire peser des risques significatifs sur la viabilité de cette dette, dont la dynamique demeure très sensible aux chocs macro-économiques. Le marché de la dette reste volatile comme en témoigne la remontée temporaire mais notable des taux d’intérêt souverains en février 2016 liée au risque de remise en cause par le gouvernement de la politique de rigueur.
Un contexte politique plus fragile
Le Parti Social-Démocrate (PSD) a remporté les élections législatives du 4 octobre 2015 mais n’a pas obtenu la majorité absolue. Après plusieurs semaines de négociations, le président Anibal Cavaco Silva (PSD) a confirmé le premier ministre, Pedro Passos Coelho (PSD), dans son poste. Cependant, la gauche (Partis socialiste et communiste et bloc de gauche) s’est unie pour la première fois en 40 ans et a déposé une motion de censure devant le Parlement, provoquant la chute du gouvernement le 10 novembre.
Le 24 novembre, après avoir demandé au Parti socialiste (PS) des garanties sur la stabilité d’un futur gouvernement ainsi que des clarifications sur le respect des engagements budgétaires du pays, le président a été contraint de nommer son dirigeant, Antonio Costa, premier ministre. Néanmoins, la coalition parlementaire de gauche apparaît précaire, les alliés du PS réclamant la fin de la politique d’austérité. Les députés de gauche ont d’ailleurs adopté en février 2016 un budget à haut risque qui prévoit de desserrer l’étau de la rigueur tout en réduisant les déficits. En outre, le Parti communiste n’abandonne pas l’idée d’une restructuration de la dette du pays.
Enfin, le Portugal restera fragilisé par des contraintes structurelles (faiblesse de l’investissement, niveau d’endettement élevé et goulots d’étranglements) qui rendent nécessaire la poursuite de l’effort de réforme. Bien que des progrès aient été accomplis dans ce domaine, le Portugal demeure en retard par rapport à ses pairs sur le plan de la flexibilité du travail et de la concurrence intérieure. L’efficacité de l’administration et la discipline du secteur public en matière de paiement sont à améliorer, de même que le fonctionnement du régime de l’insolvabilité et des procédures de restructuration de la dette des entreprises.
Source : COFACE