Risk management
Appréciation du risque et protection
Activité soutenue par l’investissement dans l’énergie et le tourisme
En 2016, la croissance devrait encore augmenter. L’investissement sera porté par la construction de la section Podgorica-Kolašin de la route devant relier le port de Bar à Boljare, à la frontière serbe. La construction de la ligne électrique reliant le pays à l’Italie va accélérer. Des travaux de modernisation ferroviaire vont démarrer. Deux nouveaux complexes touristiques vont être lancés. Parallèlement, l’extension des capacités de traitement des eaux usées, des déchets industriels et des ordures ménagères va se poursuivre, afin de réduire l’insuffisance de capacité en période estivale avec l’afflux de touristes. La construction de mini centrales hydroélectriques et l’extension de la centrale thermique de Pljevlja devraient débuter. A l’inverse, la consommation des ménages restera bridée par un chômage encore élevé (18%), la stagnation des revenus et un crédit parcimonieusement distribué par un système bancaire concentré, dominé par les intérêts étrangers (90% des actifs) et fragilisé par les créances douteuses (16%). La consommation publique pâtira de la concentration de la dépense sur l’investissement. L’activité touristique, qui contribue pour 10% au PIB, devrait rester bien orientée en dépit des difficultés économiques de la Russie, de la Serbie et d’Ukraine d’où proviennent 60% des estivants. Les exportations d’aluminium et d’acier, qui ont redémarré suite au rachat de Kombinat Aluminijuma Podgorica (KAP) et de l’aciérie Toscelik de Nikšić par des investisseurs privés, souffriront du bas niveau des cours.
Des comptes publics et extérieurs déséquilibrés
Le déficit public et la dette restent élevés. La collecte fiscale, basée sur la TVA et les cotisations sociales, est médiocre, alors que la maîtrise des dépenses courantes, notamment de personnel, n’est pas acquise et que les dépenses d’investissement resteront élevées malgré le recours aux partenariats avec le privé et les concessions. De plus, les exonérations fiscales destinées à attirer les investissements étrangers dans le tourisme sont coûteuses. La dette continuera d’augmenter en raison, notamment, du coût (6% du PIB annuel jusqu’en 2019) de la construction de la route Bar-frontière serbe. De plus, le procès intenté à Chypre par Central European Aluminium Company (CEAC), actionnaire minoritaire de KAP lors de sa faillite et propriété d’un oligarque russe, fait peser un risque supplémentaire en raison des garanties qu’avait apportées l’Etat, en tant que principal actionnaire, sur le paiement de la dette du combinat qui a atteint 10% du PIB. Cependant, si l’on retranche la dépense routière, les comptes sont proches de l’équilibre. Les autorités espèrent que l’achèvement des investissements, en favorisant la croissance, notamment le tourisme, facilitera le désendettement. Les travaux routiers sont financés par un prêt chinois dont le remboursement sur 20 ans commencera deux ans après la mise en service et reposera sur les péages.
Malgré les recettes touristiques, les échanges commerciaux sont déficitaires à hauteur de 20% du PIB. Les exportations, essentiellement des métaux et de l’électricité, très sensibles à la conjoncture internationale et la pluviométrie, sont très largement dépassées par les importations d’équipements pour les infrastructures et de produits alimentaires. Les autorités comptent sur la modernisation de l’agriculture (10% du PIB) financée par un prêt de 50 millions d’euros d’Abou Dhabi, ainsi que sur les futures exportations d’électricité vers l’Italie et les recettes générées par les nouveaux complexes touristiques. Les transferts des expatriés représentent près de 4% du PIB. Les investissements étrangers, russes à 28%, dans le tourisme et l’énergie, ainsi que les entrées non déclarées de capitaux financent le déficit courant. 40% des biens immobiliers appartiennent à des russes. Le pays n’a pas la maîtrise du change, puisqu’il a adopté unilatéralement l’euro en 2002. La dette extérieure représente 115% du PIB (hors dette liée aux IDE), dont 60% pour le secteur privé.
Paysage politique figé depuis 1991
Le premier ministre Milo Djukanovic et le Parti démocratique socialiste (DPS), issu de l’ancien parti communiste, dominent la scène politique depuis 1991. Ils gouvernent au sein d’une coalition comprenant aussi le Parti social-démocrate (SDP) et le Parti libéral, avec l’appui d’élus des minorités albanaise et bosniaque. Depuis l’automne 2015, des manifestations soutenues par le Front démocratique regroupant deux partis conservateurs représentatifs de la minorité serbe (30% de la population), se produisent régulièrement, réclamant la démission du premier ministre et la nomination d’un gouvernement technique avant les élections d’octobre 2016. Le Parti socialiste populaire (SNP), l’autre parti d’opposition également issu de la communauté serbe, est en retrait. Le DPS devrait rester le premier parti, mais le maintien de la coalition dépendra du jeu des alliances et des attitudes face à la future adhésion à l’OTAN. La vie des entreprises est compliquée par la corruption, la politisation de la justice, le crime organisé, un cadastre approximatif et la lenteur administrative. Les négociations d’adhésion avec l’U.E. induisent des progrès qui placent l’environnement des affaires au même niveau que la Turquie ou la Bulgarie. Celles en vue de l’adhésion à l’OTAN provoquent l’ire de la Russie dont la présence financière et immobilière est conséquente.
Source : COFACE