Risk management
Appréciation du risque et protection
Une croissance robuste
La croissance, déjà supérieure à 3%, devrait légèrement progresser en 2016. Son principal moteur demeurera la demande intérieure. Dans une année électorale, la consommation des ménages sera soutenue par la hausse des pensions de retraite, des transferts sociaux et des salaires du secteur public (police, notamment). Elle serait aussi favorisée par l’emploi qui devrait augmenter avec le démarrage de plusieurs usines étrangères et les programmes d’emplois publics subventionnés. En outre, les remises des travailleurs émigrés resteront à un niveau élevé. Le crédit, dont 43% de l’encours est en euros, devrait encore afficher une bonne progression grâce à la bonne santé du système bancaire et à des taux bas. L’investissement public dans les infrastructures de transport routier et ferroviaire, dans l’énergie et la santé conservera son dynamisme. Inversement, l’investissement des entreprises, notamment étrangères, restera timide du fait d’une situation politique interne agitée. Les exportations de pièces automobiles (câbles, circuits électroniques), de produits chimiques, de plastique, de textile, de matériau de construction, de verre alimentaire bénéficieront de la croissance européenne modérée. Comme, dans le même temps, les importations seront boostées par la demande intérieure, la contribution des échanges à la croissance devrait rester légèrement négative.
Une dette publique croissante
La situation des finances publiques restera déficitaire. Les recettes (28% du PIB en 2014) sont obérées par l’évasion fiscale, le niveau élevé de l’économie informelle et un taux d’imposition unique des revenus et des bénéfices de 10%. De plus, afin d’attirer et de retenir les investissements étrangers, ces derniers bénéficient d’une exonération fiscale pendant 10 ans et d’un accès gratuit aux services publics. 80% des dépenses publiques concernent les salaires, les pensions, les transferts sociaux et les intérêts de la dette et sont donc peu flexibles. Le déficit récurrent et les emprunts contractés par les entreprises publiques pour la construction d’infrastructures sont à l’origine de l’endettement élevé, croissant et surtout libellé en euro. Néanmoins, les autorités se sont engagées à respecter dès le début de 2017 des plafonds très ambitieux de déficit et d’endettement de, respectivement, 3 et 60%, qui nous semblent difficilement atteignables.
Un déficit commercial presque équilibré par les transferts des émigrés
Malgré l’essor des exportations des entreprises étrangères installées dans le pays, le solde commercial demeure largement déficitaire, à hauteur de 22% du PIB. Ceci s’explique par l’importance des importations liées à l’investissement, notamment public, ainsi que par le dynamisme de la demande intérieure. Les remises des travailleurs émigrés (19% du PIB) et, dans une moindre mesure, les dépenses des visiteurs en provenance de Turquie, de Bulgarie ou d’autres pays européens couvrent environ 95% du déficit commercial. Les investissements directs étrangers représentent environ 3% du PIB. L’endettement extérieur atteint près de 70% du PIB et augmente du fait de l’accroissement des engagements extérieurs du secteur public et des emprunts liés aux investissements directs étrangers. Le risque de change est réduit par l’ancrage du denar à l’euro fermement défendu par les autorités monétaires.
Une vie politique agitée potentiellement dissuasive pour les investisseurs
Suite aux élections de 2014, la coalition au pouvoir depuis 2006 regroupant les chrétiens-démocrates de VRMO-DPMNE et le DUI, plus important parti de la minorité albanaise, a été reconduite sous la direction du premier ministre Nikola Gruevski. Cependant, l’opposition social-démocrate représentée par le SDSM, contestant l’honnêteté des élections, a immédiatement boycotté le parlement. Le conflit a culminé au printemps 2015 avec la diffusion d’enregistrements audio impliquant des membres de la coalition dans des affaires de corruption et de trucage des élections, puis des manifestations de la communauté albanaise dont la répression s’est soldée par 22 morts. Rapidement, les Etats-Unis et l’Union européenne sont intervenus. Un compromis est intervenu en juillet 2015, prévoyant la nomination d’une procureure spécial dotée d’une équipe et chargée d’enquêter sur les enregistrements, la fin du boycott par l’opposition et des élections anticipées en avril 2016 précédées de la mise en place d’un gouvernement intérimaire comprenant des membres de l’opposition. L’application de l’accord est laborieuse et la tenue des élections en avril 2016 n’est pas acquise. L’efficacité des pressions européennes et américaines est réduite par le véto grec à l’adhésion du pays à l’Union européenne et à l’OTAN. Athènes refuse de voir son voisin s’appeler Macédoine, nom qui désigne une région grecque. Cette situation incite les investisseurs à la prudence. Si, au sein des Zones de Développement industriel et Technologique (zones franches), les entreprises étrangères profitent d’avantages fiscaux considérables et de salaires peu élevés, elles sont confrontées au manque de main d’œuvre qualifiée, à l’insuffisance des infrastructures, à la faiblesse des moyens dédiés à la recherche et au développement, à la lenteur des paiements domestiques et de la justice, ainsi qu’à la corruption. L’activité des entreprises étrangères, à l’origine de la plus grande partie des exportations, profite peu au tissu entrepreneurial local qui reste peu développé.
Source : COFACE