Dans les comptes régionaux des Antilles-Guyane, les chiffres de la croissance ne sont pas redressés en tenant compte du travail au noir, contrairement aux autres régions françaises, donnant lieu à un rehaussement évalué de manière très empirique à 1 %.
L’emploi informel, « koudmen » (coup de main) ou « jobbage », est la seule source de revenus des chômeurs non indemnisés – il y a plus de 20 % de chômage en Guyane (selon les nouvelles normes de l’Insee).
On y reconnaît par exemple l’usage du travail au noir dans le cadre de la construction entre particuliers, explique l’Insee, l’institut des statistiques françaises, qui considère que « ce procédé n’est pas en soi illégal s’il ne va pas jusqu’aux paiements dissimulés ».
« 50 % de la construction se fait sans permis de construire, beaucoup de commerces sont tenus par des familles chinoises… Il est difficile de dire où finit le service rendu et où débute le travail », détaille Benoit Hurpeau, chef du département études diffusion au service régional de l’Insee en Guyane.
Une étude réalisée en 2010 a cependant évalué que dans la zone la plus comparable avec la métropole, sur le littoral guyanais, 9,2 % de la population des 15-64 ans reconnaissait avoir eu une activité professionnelle non déclarée au cours des six derniers mois de cette année-là (près de 12 % chez les 25-49 ans). « Pour le reste du territoire, très éloigné de l’économie de marché, on n’a pas de chiffres », avoue Benoit Hurpeau.
Fonctionnaires indemnisés
L’Education nationale peine à recruter en Guyane, malgré un régime exceptionnel revu récemment encore à la hausse. « La Guyane bénéficie d’un régime très souple compte tenu de l’importance des effectifs concernés, de la superficie du territoire et de la diversité des situations selon les affectations », explique le ministère de l’outre-mer.
L’indemnité de sujétion et d’installation, appelée aussi « prime moustique » représente un montant de dix à vingt mois de traitement pour quatre ans de présence, soit la plus élevée de France, sachant que le traitement est lui-même majoré de 40 % par rapport à la métropole (105 % à Wallis et Futuna, 108 % en Polynésie).
Une revalorisation qui se justifie dans le cas de la Guyane par l’enclavement de certaines zones, dans la jungle notamment, et du niveau de vie élevé sur place (tiré à la hausse, ironiquement, par le fort pouvoir d’achat des fonctionnaires expatriés).