Président :
Premier ministre : Abdulla Oripov
Le président est élu pour sept ans au suffrage universel direct. Il nomme le gouvernement, qui doit recevoir l’investiture du Parlement.
Islam Karimov fit prolonger son mandat par référendum par deux fois, en décembre 1995 (jusqu’en 2000) puis en janvier 2002 (jusqu’en 2007), afin de contourner la limite constitutionnelle de deux mandats consécutifs. La majorité des observateurs internationaux refusèrent de prendre part au processus, considérant qu’il n’était pas conforme aux standards démocratiques de base.
Le Sénat de l’Ouzbékistan a approuvé le 5 décembre 2011 un amendement constitutionnel qui réduit le mandat présidentiel de sept à cinq ans. La Chambre basse du parlement, la Chambre législative, a approuvé le changement plus tôt. Le changement a été initié par le président Islam Karimov. La Constitution de l’Ouzbékistan avait fixé le mandat présidentiel à cinq ans mais un référendum en 2002 a étendu le mandat à sept ans.
Politique intérieure
Institutions et grandes lignes politiques
A son indépendance, l’Ouzbékistan s’est doté d’un régime présidentiel. Le président Islam Karimov, ancien Premier secrétaire du Parti communiste de la RSS d’Ouzbékistan, puis fondateur du Parti populaire démocratique de l’Ouzbékistan, s’est maintenu au pouvoir de 1989 jusqu’à la date de son décès le 2 septembre 2016 à l’âge de 78 ans. Le Premier ministre Chavkat Mirziyoïev lui a succédé le 4 décembre 2016 avec 88,61 % des voix (voir infra). Le parlement se compose d’une chambre législative (chambre basse) constituée de 135 députés élus directement dans les circonscriptions et de 15 représentants choisis par le gouvernement au sein du Mouvement écologique d’Ouzbékistan, et d’un sénat de 84 membres élus par les gouvernements locaux et 16 nommés directement par le président.
Les réformes institutionnelles lancées en 2010 visaient à donner plus de poids au Premier ministre : il est désormais désigné par la majorité parlementaire. Le président du sénat (actuellement M. Nigmatilla Yuldachev) assurerait en outre l’intérim en cas de vacance du pouvoir présidentiel. L’objectif de la dernière réforme constitutionnelle de 2014 est de renforcer le rôle du parlement.
D’après la mission d’observation limitée de l’OSCE, les dernières élections législatives des 21 décembre 2014 et 4 janvier 2015 ont été organisées de manière compétente mais n’ont pas permis de compétition électorale et de débat réels. Les quatre partis soutenant le gouvernement et soutenus par lui n’étaient pas en compétition : ces partis (Parti libéral démocrate / Mouvement des entrepreneurs et des hommes d’affaires ; Parti démocrate de renaissance nationale ; Parti populaire démocrate ; Parti social-démocrate Adolat) sont des émanations du pouvoir et leur fonction est de représenter les diverses composantes de la société ouzbèke, non des projets politiques alternatifs. Les deux partis historiques d’opposition « Erk » et « Birlik », créés après l’indépendance en 1991, demeurent interdits et leurs anciens dirigeants emprisonnés ou en exil.
Les élections présidentielles anticipées du 4 décembre 2016 consécutives au décès d’Islam Karimov le 2 septembre 2016, ont vu la victoire à une large majorité de l’ancien Premier ministre et président ad interim Chavkat Mirziyoïev, face à trois autres candidats. L’OSCE a exprimé des réserves sur l’organisation de la campagne comme du scrutin.
La société ouzbèke est fondée sur des valeurs familiales et traditionnelles, encouragées par le Gouvernement. Le maintien de la laïcité héritée de l’ère soviétique est une priorité, le fondamentalisme religieux étant perçu comme une menace grave pour la sécurité : l’Ouzbékistan a subi des attentats suicides en 1999 et 2004 à Tachkent et en 2009 dans la vallée de Ferghana, et surveille les mouvements islamistes à travers le pays, particulièrement à la frontière afghane et dans la vallée de Ferghana.
Dans la nuit du 12 au 13 mai 2005, des troubles ont éclaté dans la ville d’Andijan (vallée de Ferghana) après l’assaut d’une prison et de la mairie suivi d’une manifestation de la population locale. Les autorités ont dénombré 173 morts et attribué la responsabilité des violences aux islamistes radicaux. Les ONG estimaient alors que la répression aveugle aurait fait plus de 500 victimes. Le 23 mai 2005, l’Union européenne a condamné le recours « excessif, disproportionné et aveugle » à la force par les organes de sécurité ouzbeks et demandé la mise en place d’une mission d’enquête internationale indépendante. Face au refus des autorités ouzbèkes, l’UE a adopté, le 3 octobre 2005, des sanctions contre l’Ouzbékistan (embargo sur les armes et équipements militaires, suspension partielle de l’accord de partenariat, interdictions de visas pour les responsables de la répression). A partir de novembre 2006, l’Ouzbékistan a renoué progressivement avec l’UE et tenu à Tachkent des réunions sur les événements d’Andijan avec des experts de l’UE (décembre 2006 et avril 2007). L’Union européenne a rétabli progressivement un dialogue structuré avec l’Ouzbékistan dans le cadre de l’accord de partenariat et de coopération. Les sanctions ont été levées par étapes entre 2007 et 2009.
La situation des droits de l’Homme demeure préoccupante en Ouzbékistan et la France évoque régulièrement ces questions avec les autorités ouzbèkes, tant dans un cadre bilatéral que dans le cadre européen et celui des instances multilatérales. Des progrès ont été enregistrés depuis 2008 dans certains domaines, notamment la suppression de la peine de mort, l’introduction dans la législation d’un habeas corpus, et, en 2013, une amélioration notable concernant le travail des enfants pendant la récolte du coton. L’Ouzbékistan s’est engagé en 2013 à mettre en œuvre 145 des 183 recommandations faites au titre de l’examen périodique universel mené dans le cadre du Conseil des droits de l’Homme à Genève. L’UE continue d’exprimer ses préoccupations et ses attentes, notamment la libération des défenseurs des droits de l’Homme et prisonniers d’opinion maintenus en détention, la libre activité des ONG, la coopération avec tous les rapporteurs spéciaux des Nations unies, la garantie de la liberté d’expression et de religion et de la liberté des médias. L’Ouzbékistan occupe la 166e place sur 180 dans le classement international de la liberté de la presse de Reporter sans Frontières..
Les djihadistes du Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) ont été chassés du pays au début des années 2000 et se sont installés dans les zones tribales pakistanaises, puis en Afghanistan où ils ont été éliminés par les talibans fin 2015 après que leur chef eut prêté allégeance à l’Etat islamique. Des membres présumés de mouvements islamistes illégaux sont régulièrement arrêtés et condamnés.
Une forte communauté ouzbèke est présente dans les pays limitrophes ; au Kirghizstan, de graves affrontements interethniques ont eu lieu en juin 2010 sur fond de lutte pour le pouvoir (470 morts, aux ¾ des Ouzbeks).
Les bonnes performances de l’Ouzbékistan en termes de croissance du PIB ne doivent pas masquer les faiblesses structurelles du pays : la part encore prédominante du secteur agricole, le sous-dimensionnement du système financier, le manque de diversification, la vétusté de l’appareil industriel et le manque d’ouverture de l’économie ouzbèke qui reste largement dépendante de ses relations avec la Russie et la Chine.