Appréciation du risque & protection
Croissance atone en 2016
L’économie libanaise reste affectée par la dégradation du climat sécuritaire de la sous-région et par l’importance du flux de réfugiés que le pays reçoit sur son sol. L’intensification de la guerre en Syrie et les risques de déportation du conflit sur le territoire libanais continueront de constituer un frein à une réelle reprise économique en 2016. Les moteurs de croissance habituels que sont les services financiers, le tourisme et l’immobilier continueront de souffrir de la détérioration de la confiance des ménages et des entreprises. Depuis le deuxième trimestre 2015, la construction et l’immobilier ralentissent et la perspective d’une reprise en 2016 semble peu probable. En effet, les ventes immobilières ont baissé de 12 % sur les trois premiers trimestres de 2015. La consommation devrait se maintenir en 2016 mais bénéficiera aux importations qui comptent pour plus de 70 % du PIB. Le ralentissement ainsi que les mesures de rigueur budgétaires annoncées dans les pays arabes ou est présente une grande partie de la diaspora devraient également limiter le pouvoir d’achat des expatriés libanais ce qui aurait des répercussions sur les secteurs immobiliers et bancaires. Par ailleurs, dans un contexte de durcissement de la politique monétaire américaine, la banque du Liban pourrait être contrainte de remonter ses taux ce qui limiterait une reprise de l’investissement et du crédit aux ménages.
Maintien des équilibres publics et extérieurs dans un contexte économique et sécuritaire difficile
Après une amélioration du solde public en 2014 dû à un transfert exceptionnel des arriérés du secteur des télécommunications vers l’Etat, celui-ci s’est creusé en 2015. La morosité de l’économie a entrainé une diminution des recettes tirées des prélèvements obligatoires. La baisse des transferts à Electricité du Liban qui a profité du faible prix du pétrole s’est néanmoinstraduite par une baisse des dépenses publiques. Aussi, le solde de la balance primaire a présenté un excédent en 2015. Cependant, l’alourdissement du service de la dette suite à l’appréciation du dollar américain a conduit à une aggravation du déséquilibre des comptes publics. En 2016, les finances publiques continueraient de profiter d’une faible facture énergétique limitant le poids des transferts fait à la compagnie électrique mais ces bénéfices risqueraient d’être annulés par les faibles perspectives de relance et l’inertie des décideurs. En effet, la paralysie politique dans laquelle s’enlise le Liban limite toute forme de réforme allant dans le sens d’une consolidation des comptes publics.
La dette publique dont 40 % est imputable à Electricité du Liban, diminuerait légèrement. Néanmoins, étant détenue dans une large mesure par les banques locales, la décélération des dépôts bancaires ferait peser un risque sur la viabilité de la dette.
Les effets de la baisse du prix de pétrole observée depuis 2014 se sont matérialisés par une contraction du déficit de la balance courante en 2015. L’impact de cette baisse sur les importations a en effet été compensé par la diminution des exportations, notamment dans les secteurs agricoles et industriels. Le déficit de la balance courante devrait se stabiliser en 2016, les exportations bénéficiant timidement de la reprise européenne. Les importations continueraient de tirer avantage du faible prix des hydrocarbures. Les transferts des expatriés et les IDE seraient affectés par la baisse de l’activité dans les pays du Conseil de Coopération du Golfe. Le pays dispose cependant d’importantes réserves de change (équivalentes à 13 mois d’importations).
Paralysie politique dans un contexte de crise régionale
Depuis 2014, la situation politique est paralysée. La présidence est restée vacante depuis la fin du mandat de Michel Sleimane en mai 2014 et les élections législatives d’octobre 2014 ont été reportées en raison de la menace extérieure qui pèse sur le pays. La crise des déchets de juillet 2015 qui s’est traduite par un mouvement de manifestations général contre l’inertie de la classe dirigeante à entre outre mis à jour les problèmes de clientélisme et de corruption qui minent le pays.
La prise de contrôle des frontières par l’armée libanaise a cependant permis de repousser les intrusions des djihadistes de l’Etat islamique sur le territoire libanais. L’attentat du 12 novembre perpétré par l’Etat islamique et qui visait un quartier dirigé par le Hezbollah témoigne d’un risque de déportation du conflit au sein du territoire. En plus d’être une cible de l’Etat Islamique, la menace est renforcée par la proximité géographique entre le Liban et son voisin syrien et par l’implication directe des forces du Hezbollah auprès des armées de Bachar El Assad. Le Liban fait également face à un flux constant de réfugiés en provenance de Syrie dont le nombre atteint un tiers de la population libanaise d’après le HCR.
Source : COFACE