Appréciation du risque & protection
Après un important ralentissement en 2015, la levée des sanctions suite à l’entrée en vigueur du plan d’action conjoint en janvier 2016 devrait favoriser une reprise de l’activité économique notamment via le rebond des exportations. Le retour de l’Iran sur le marché mondial bénéficiera principalement aux exportations d’hydrocarbures. La production de pétrole iranien qui a été pénalisée par les restrictions imposées aux exportations était estimée à 3 Mb/j en 2015. La relance du secteur pourrait permettre d’atteindre 3,7M/bj en 2016 et 4,4 Mb/j à l’horizon 2020 selon l’AIE. L’économie hors hydrocarbures profitera également des retombées positives induites par un regain d’activité de la production de pétrole ainsi que par un retour de la confiance des ménages et des entreprises. Les effets positifs de la levée des sanctions pourraient néanmoins être limités par l’atonie du marché pétrolier. La faiblesse du cours des hydrocarbures risque d’une part de contraindre les recettes d’exportations et d’autre part d’entraîner le report des investissements dans le secteur. Les secteurs clefs, tels que l’automobile et la construction devraient connaître une reprise progressive suite à leur ralentissement marqué en 2015. A moyen terme, les rigidités et les vulnérabilités structurelles de l’économie iranienne tels que des taux d’inflation élevés et une baisse tendancielle de la productivité du capital continueront de peser sur la croissance.
Des finances publiques pénalisées par la faiblesse du prix des hydrocarbures
Sous le régime de sanctions, les autorités iraniennes ont progressivement diversifié leurs sources de financement. Aussi, la baisse des cours des hydrocarbures a eu un effet moins négatif sur les comptes publics que celle qui a été observée dans d’autres pays pétroliers. Néanmoins les effets cumulés de la baisse de l’activité en 2015 et du cours des matières premières ont favorisé le creusement du déficit public. Alors que l’atonie du marché pétrolier perdurerait en 2016, le solde public évoluerait favorablement en raison de la reprise attendue suite à la levée des sanctions (accroissement des recettes hors pétrole). De même les recettes pétrolières augmenteraient à la faveur d’une progression des volumes d’exportations. L’investissement pourrait néanmoins peser négativement sur les finances publiques. On s’attend en effet à ce que la levée des sanctions permette au gouvernement d’entreprendre un ensemble de projets d’infrastructures dans le cadre du sixième plan de développement quinquennal. La dette iranienne demeure faible et majoritairement contractée auprès des banques publiques. L’Etat devrait en outre bénéficier de ses avoirs gelés à l’étranger.
Des comptes extérieurs résilients
Le compte courant devrait rester excédentaire sous l’effet cumulé de la levée des restrictions et d’une baisse des coûts de transaction des exportations. Néanmoins les retombées positives de la levée des sanctions pourraient être limitées. D’une part, les exportations iraniennes restent fortement tributaires du secteur des hydrocarbures et des secteurs industriels dépendants de la production de pétrole. Aussi, la faiblesse du prix du baril de brut devrait freiner la progression des recettes d’exportations pétrolières alors même que les volumes augmenteraient. D’autre part, les exportations pourraient être contraintes par une appréciation du taux de change résultant de l’afflux de capitaux. Les importations augmenteraient. Les IDE devraient en effet s’accroitre sans pour autant retrouver leur niveaux d’avant 2012.
Le système bancaire iranien souffrait déjà de fragilités structurelles avant le renforcement des sanctions. Les banques d’Etat y occupent un rôle important et il reste sous-capitalisé. L’exclusion des banques iraniennes du SWIFT a accru cette vulnérabilité en gelant les avoirs des banques iraniennes à l’étranger et en limitant les dépôts en devise étrangère. La Banque centrale, en accord avec les préconisations du FMI, entend mener une recapitalisation des banques en difficulté ainsi qu’une remise à niveau du système bancaire en accord avec la législation prudentielle internationale.
Vers une ouverture internationale
Après que l’agence internationale atomique ait validé le rapport concernant le respect par l’Iran des termes de l’accord du 14 juillet 2015, les sanctions à l’encontre du pays imposées en 2012 ont été levées le 16 janvier 2016. L’annulation des sanctions représentait un enjeu majeur à la veille des élections du 26 février 2016 qui devait déterminer les membres du nouveau parlement (Majlis) ainsi que l’assemblée des experts (réélu tous les huit ans et dont le rôle est de choisir le Guide). Ces élections, dont le taux de participation a approché les 62 % ont été marquées par la victoire des partisans du président Rohani. Le nouveau parlement devrait ainsi faciliter la mise en place des réformes voulues par le gouvernement. Néanmoins elles devraient se limiter à la sphère économique. En effet, bien que les réformateurs aient une place plus une grande au sein de la représentation politique, le camp ultraconservateur reste très influent.
En outre, bien que les sanctions soient levées, les difficultés d’accès au marché iranien en raison d’un climat des affaires peu favorables devraient continuer à limiter les investissements étrangers en Iran. A noter que l’Iran reste sous le coup d’autres sanctions internationales réprimant le financement du terrorisme et la violation des droits de l’homme.
Source : COFACE