Appréciation du risque
La croissance sera tirée par ses composantes internes en 2016
En 2015, la croissance paraguayenne a pâti d’une plus faible demande du Brésil qui absorbe 30 % de ses exportations de biens. Une baisse de croissance de 1 % du PIB de l’économie brésilienne a en effet un impact de 0,5 % sur celle du Paraguay. Dans le même temps, les sécheresses répétées ont pesé sur la production hydroélectrique et le secteur agricole (soja, maïs, blé) qui représente près de 90% des exportations totales du Paraguay. Dans ce contexte, le gouvernement a annoncé en avril 2015 un plan de soutien qui permettrait de soutenir la demande interne et d’accélérer l’activité. Il vise notamment à lancer de nouveaux projets d’infrastructures et à augmenter les dépenses sociales. Les revenus des ménages continueraient de croitre dans un contexte de chômage faible (5,5 % de la population active). L’augmentation de la croissance en 2016 s’appuierait donc essentiellement sur ses composantes internes. Toutefois, si les efforts de consolidation des finances publiques s’appuient sur un élargissement de l’assiette fiscale, dont les résultats tardent à se faire ressentir, le budget 2016 affiche une baisse de 0,9 % par rapport à l’année précédente. Les salaires des fonctionnaires seront ainsi gelés sur l’année.
Dans un contexte de baisse des prix du pétrole et de l’appréciation du guarani face aux monnaies de ses principaux partenaires, que sont le Brésil et la Russie, l’inflation s’est sensiblement réduite en 2015. Le taux directeur de la Banque Centrale a donc été réduit à 4 reprises sur l’année, ce qui dans le même temps permet de soutenir la consommation du secteur privé via le canal du crédit bancaire. Le surplus de demande interne ainsi que la modération des prix des matières premières raviveraient les pressions inflationnistes en 2016, mais l’inflation resterait en deçà de la cible à 5 %.
Une consolidation fiscale en marche
Les finances publiques demeurent bien gérées sous l’égide de la loi de Responsabilité Fiscale, effective en 2015, qui limite le déficit à 1,5 % du PIB et l’augmentation des dépenses courantes à 4 % plus l’inflation. En raison d’une plus forte croissance de l’économie et de la réduction des dépenses, le déficit budgétaire se réduirait en 2016. Après avoir fortement progressé depuis 2013, la dette publique se stabiliserait mais elle demeurera inférieure à la moyenne de la région (52 % du PIB en 2014). Le Paraguay doit toutefois augmenter l’assiette de l’impôt, l’une des plus faibles d’Amérique Latine, afin d’atteindre ses objectifs de déficit budgétaire. Mais le gouvernent affronte l’opposition publique. La fin de l’exemption de TVA (10 %) sur les emprunts contractés par les entreprises coopératives, qui emploient 1,3 millions de personnes, a ainsi dû être repoussée de 6 mois à avril 2016 face au mécontentement social. Enfin, la performance des entreprises publiques, présentes dans de nombreux secteurs (ports, aéroports, télécommunication, ciment, alcool), pâtit de la faiblesse des investissements. Leur poids sur les finances publiques est estimé à 1,5 % du PIB en 2014.
Le solde courant demeurera en déficit en 2016
Le secteur exportateur s’appuie sur les produits agricoles dont les prix internationaux resteraient faibles. Mais c’est davantage la moindre croissance de ses partenaires qui pèseront sur le solde commercial, bien que légèrement excédentaire, essentiellement en provenance du Brésil et de la Russie (30 % des exportations de soja) qui resteront en récession en 2016. Les exportations d’électricité (23 % des exportations de biens en 2014) souffriront d’une faible demande de ses deux uniques clients que sont le Brésil et l’Argentine. De plus, l’attractivité du pays (exemptions de taxes, faible taux de TVA) soutient les IDE et donc le rapatriement des revenus des entreprises étrangères qui restera soutenu (5 % du PIB en 2014). Toutefois, les réserves de changes devraient rester confortables pour représenter 6 mois d’importations de biens et services.
Des résistances aux réformes promises
En fonction depuis août 2013, le Président Horacio Cortes (PC) mène une politique de réformes ambitieuse visant principalement à réduire la pauvreté, développer le secteur agricole et améliorer l’efficacité et la transparence du secteur public. Bien que majoritaire avec 145 des 250 municipalités, le Partido Colorado (PC) a subi un revers lors des élections locales de novembre 2015 en perdant le contrôle de 5 importantes villes et notamment la capitale Asunción. La position du PC, majoritaire au Parlement et non au Sénat, semble donc fragilisée puisqu’elle affronte également des dissidents dans ses rangs. L’adoption des réformes pourrait ainsi ralentir.
L’environnement des affaires reste difficile notamment en raison de l’importance de l’économie informelle. Le pays est en outre l’un des plus corrompus en Amérique Latine après le Venezuela. L’ancien Président Federico Franco est ainsi poursuivi depuis octobre 2015 pour enrichissement personnel illicite, blanchissement et association de malfaiteurs. Enfin, les difficultés éprouvées par le gouvernement à contrer le mouvement de guérilla EPP dans le nord du pays accroit le sentiment d’insécurité et pèse sur la popularité du PC.
Source : COFACE