Appréciation du risque
Hausse progressive de la croissance soutenue par l’activité américaine
L’amélioration de la croissance en Jamaïque devrait se poursuivre en 2016 tirée notamment par l’activité soutenue aux Etats-Unis. Les Etats-Unis sont le principal partenaire commercial et principal pourvoyeur de fonds, ainsi que la première source de transferts liés à la diaspora. La hausse de la fréquentation touristique observée en 2015 ainsi que la bonne tenue de la production minière devraient aussi participer à la croissance du PIB jamaïcain. Les exportations agricoles devraient néanmoins ralentir du fait des répercussions de la sécheresse sur la production. La demande interne restera encore inhibée par la politique d’austérité menée par le gouvernement dans le cadre de l’accord avec le FMI. Le taux de chômage élevé (autour de 14%) continue de limiter la consommation des ménages, malgré la progression des transferts des migrants qui bénéficient de la reprise du marché de l’emploi aux Etats-Unis. Le potentiel de croissance restera obéré par les insuffisances en matière d’infrastructure, par la faible productivité liée à la main d’œuvre peu qualifiée ainsi que par le taux de criminalité élevé. Malgré la baisse du prix du pétrole, l’inflation devrait s’accélérer sous l’effet de la hausse des prix des denrées alimentaires en raison de la sécheresse qui sévit dans le pays.
Un désendettement progressif de l’Etat grâce aux efforts de consolidation budgétaire et du soutien du FMI
Le gouvernement devrait poursuivre sa politique de consolidation budgétaire en contrepartie du soutien financier du FMI, en place depuis 2013 pour une durée de 4 ans. Des prêts de la Banque Mondiale et de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) devraient également compléter l’offre du Fonds Monétaire dans le courant de 2016. L’assainissement des comptes publics prévoit notamment la réduction de la masse salariale du secteur public à 9% du PIB à l’horizon de 2016-2017 (contre 10,1% du PIB actuellement), une meilleure collecte des impôts liée aux mesures de simplification du système fiscal ainsi que l’introduction de nouvelles taxes à la consommation. La marge de manœuvre du gouvernement reste toutefois limitée par la faiblesse de la croissance et le mécontentement de la population, déjà très touchée par la pauvreté et la précarité de l’emploi. La consolidation budgétaire semble pourtant indispensable pour la réduction de la dette publique, qui se situe parmi les dix les plus élevées au monde, d’autant plus que le FMI en a fait une des conditions pour son aide. En outre, le pays s’est fixé comme objectif de ramener le taux d’endettement public en dessous de 100% du PIB à l’horizon 2019-20. En attendant, le service de la dette publique reste conséquent et continuera d’affecter le budget de l’Etat.
Amélioration nette du déficit courant tirée par la contraction des importations
Le déficit courant s’est progressivement amélioré ces dernières années grâce notamment à la contraction des importations. En 2015, il s’est nettement réduit du fait de la baisse de la facture énergétique, du pétrole importé principalement et de l’accroissement des recettes touristiques. En 2016, le pays devrait encore tirer profit des cours du pétrole bas ainsi que de la hausse de la fréquentation touristique et des transferts des migrants, notamment en provenance des Etats-Unis. La dépréciation de la monnaie locale devrait par ailleurs contraindre la demande interne pour les produits importés et augmenter la compétitivité des exportations agricoles. Ces dernières devraient bénéficier de la hausse de la demande en provenance du marché nord-américain. Le solde courant reste cependant menacé par une éventuelle rupture des accords de livraison du pétrole vénézuélien dans le cadre du programme PetroCaribe. La Jamaïque bénéficie toujours du programme, malgré le remboursement anticipé de sa créance (2 Mds USD en juillet 2015) auprès de la compagnie pétrolière du Venezuela, PDVSA, en raison des difficultés financières rencontrées par cette dernière.
Un gouvernement donné favori aux prochaines élections
Monarchie constitutionnelle officiellement dirigée par la reine d’Angleterre, la Jamaïque jouit d’une situation politique relativement stable. La Première ministre, Mme Portia Simpson-Miller, élue en décembre 2011, dispose d’une confortable majorité au Parlement avec 42 sièges sur 63 tenus par les membres de son parti, le People National Party (PNP). Elle est d’ailleurs donnée favorite aux prochaines élections législatives qui devraient se dérouler par anticipation avant décembre 2016 (date butoir prévue par la constitution). La ministre entend ainsi profiter du regain de popularité de son parti grâce à la reprise de l’économie, qui reste néanmoins modeste, et à la réussite des accords salariaux avec le secteur public, pour remporter les élections. Le prochain gouvernement devrait davantage concentrer ses efforts dans la lutte contre la criminalité, le taux d’homicide étant reparti à la hausse en 2015. La progression de la criminalité contribue à la dégradation de l’environnement des affaires en raison du coût important que cela engendre pour les entreprises et constitue un frein à l’investissement.
Source : COFACE