Risk management
Appréciation du risque
Une croissance soutenue par la reprise américaine et la consommation privée
En 2016, la croissance devrait rester résiliente soutenue par la hausse de la demande américaine et de la consommation privée. Les Etats-Unis sont le premier client à l’export du pays (44 % des exportations y sont destinées) et le premier pourvoyeur de fonds liés à la diaspora (plus de 80 % des transferts financiers des émigrés proviennent des USA). Les exportations agricoles et manufacturières devraient gagner en compétitivité du fait de la dépréciation de la monnaie locale, le lempira. De plus, la production de café (9% des exportations), qui avait été affectée par l’attaque parasitaire de la rouille entre 2012 et 2013, est repartie à hausse et devrait permettre de soutenir les ventes à l’export. L’investissement privé dans les télécommunications, les zones franches « maquilas » et les énergies renouvelables devrait également rester soutenu. La politique d’austérité menée par le gouvernement dans le cadre de l’accord signé avec le FMI devrait toutefois ralentir l’investissement public. La consommation des ménages devrait rester dynamique, grâce à la hausse des transferts des expatriés qui bénéficient de la reprise du marché du travail américain, mais aussi de la hausse attendue de l’emploi (dans l’industrie manufacturière notamment) afin de répondre à la demande extérieure. L’inflation inférieure à la cible fixée par la banque centrale (5-7 %) en 2015 devrait augmenter en 2016 notamment grâce à la hausse de la consommation privée. La modération du prix du pétrole devrait néanmoins permettre de contenir une hausse des prix.
Poursuite d’une politique d’austérité dans le cadre de l’accord avec le FMI
En 2016, le gouvernement devrait poursuivre sa politique de consolidation budgétaire dont les lignes directrices sont majoritairement fixées par le FMI. Les mesures d’ajustements adoptées dès 2014 (hausse des taxes sur le carburant et de la TVA de 12 à 15 %, suppression de certaines niches fiscales et gel des salaires des fonctionnaires) restent en vigueur et contribuent à la réduction sensible du déficit des comptes publics. La contraction des dépenses publiques, notamment des dépenses courantes liées aux salaires et traitements des fonctionnaires devrait se poursuivre dans le courant de l’année. La privatisation partielle ou totale d’entreprises publiques pourrait également être envisagée. Ces efforts visent notamment à la réduction de la dette, dont le montant n’a cessé d’augmenter ces dernières années.
Des comptes extérieurs qui devraient encore tirer profit de la baisse du prix du pétrole
L’amélioration progressive du déficit courant est notamment liée à la baisse de la facture énergétique facilitée par la chute du prix du pétrole observée depuis la mi-2014. En 2016, le pays devrait encore bénéficier du niveau bas du prix de l’énergie, malgré un niveau d’importations de carburant relativement élevé tiré par la reprise de l’activité interne soutenue par celle des Etats-Unis (principal client à l’export et première source d’envois financiers liés aux transferts des expatriés). Les échanges commerciaux devraient cependant rester déficitaires, les importations de pétrole et de produits intermédiaires dépassent largement les exportations agricoles (café, banane) et manufacturières (textile principalement). Le niveau élevé de criminalité continuerait d’affecter le secteur touristique et participe au déficit structurel de la balance des services. Le déficit de la balance des revenus continuerait à progresser avec l’augmentation des rapatriements de dividendes et des intérêts sur la dette extérieure. Les investissements directs étrangers devraient rester faibles en raison de la violence et de l’insécurité qui réduisent sensiblement l’attractivité du pays. Ils se concentrent notamment dans le secteur des télécommunications et de l’industrie manufacturière dévouée à l’export (maquilas).
La criminalité et la corruption restent un fléau au Honduras malgré quelques progrès
Arrivé au pouvoir en janvier 2014, le président Juan Orlando Hernandez du Partido Nacional (PN) a fait de la lutte contre la criminalité et le trafic de drogue l’une des priorités de son gouvernement. Après une victoire contre le crime organisé avec le démantèlement d’un des plus grands cartels de la drogue du pays, le Cartel de los Valles, et l’extradition des trafiquants vers les Etats Unis, le président peut aussi se targuer de la baisse du taux d’homicide dans son pays (passant de 79 à 66 pour 100 000 habitants entre 2013 et 2014). Il devrait ainsi pouvoir briguer un nouveau mandat lors des élections législatives et présidentielles de novembre 2017. Malgré les progrès réalisés, le Honduras reste parmi les pays les plus dangereux au monde. La violence et la criminalité constituent d’ailleurs l’un des principaux freins à l’investissement. La corruption reste encore très répandue (police et justice compris), comme en témoigne l’affaire de la banque Continental dont les dirigeants (famille Rosenthal) sont accusés d’avoir blanchi l’argent du trafic de drogue via des comptes aux Etats Unis entre 2004 et 2015 alors que des procureurs de l’Etat avertis auraient préféré ne pas enquêter sur l’affaire. Cela porte également atteinte à l’image du président et à celle du pays, dont l’économie est encore associée au trafic de drogue.
Source : COFACE