Le graffiti est un art très vivant à Rio de Janeiro, une ville qui a décidé de soutenir et d’organiser l’expression murale, d’où des accrocs avec un milieu attaché à sa liberté.
À l’image de Barcelone, New York ou de Sao Paulo, la ville la plus peuplée du Brésil, Rio, est riche en peintres de rue, avec en figure de proue Anarkia Boladona, une jeune femme couverte de prix internationaux, et le quartier bohème de Lapa en guise d’espace d’exposition permanente.
Dans le mouvement de libéralisation de l’art urbain, initié par la loi fédérale de 1998 qui le décriminalise, Rio a décidé d’aller plus loin, après concertation avec des dizaines de graffeurs.
Le maire Eduardo Paes a signé en février 2014 le décret «GrafiteRio» qui autorise les graffitis sur les lieux publics n’appartenant pas au patrimoine historique (à condition qu’ils ne portent aucun message publicitaire, pornographique, raciste, discriminatoire ou d’offense religieuse). Il maintient cependant l’interdiction des tags, ces signatures stylisées.
Autres nouveautés: un Conseil carioca du graffiti, un Jour du graffiti chaque 27 mars et la création d’un catalogue des œuvres sur internet, StreetArtRio, qui recense près de 500 artistes.
Comme à Sao Paulo, où a été peinte une galerie à ciel ouvert menant à l’Arena Corinthians en construction (le stade où sera joué le match d’ouverture du Mondial), Rio a confié aux graffeurs la décoration extérieure de tronçons entiers de son métro.
Après la «Coupe du graffiti» en 2012 (300 artistes sur 5,4 km), la mairie a lancé le 27 mars un projet de plus grande ampleur, «GaleRio»: contre rétribution, 130 artistes illustrent 40 kilomètres le long de la Ligne 2 du métro, avec pour thème le quartier traversé.
Mais le milieu du «streetart», qui se veut underground, souvent proche de l’anarchisme, s’avère traditionnellement rétif à toute volonté de contrôle extérieur, surtout de la part d’un maire assez impopulaire.
Et certains soupçonnent Eduardo Peas de vouloir encadrer le graffiti pour l’éloigner des quartiers chics et touristiques de la Zone Sud, les emblématiques Copacabana et Ipanema.
Dès le mois de mars 2014, première polémique: les graffeurs n’ont pas apprécié qu’on efface une partie des œuvres peintes sur les murs de l’enceinte du Jockey Club, haut lieu du graffiti carioca, mais classés monument historique par la municipalité.
«Quelle tristesse, ce qu’ils ont fait aux murs du Jockey Club! Comment voulez-vous qu’on leur fasse confiance?», lance à l’AFP un jeune graffeur, «Fiuz».