Malgré une histoire politique très mouvementée depuis l’indépendance, la Bolivie demeure l’un des pays les plus sûrs du continent sud-américain.
Appréciation du risque et protection
Ralentissement de l’activité en raison de la baisse du prix des hydrocarbures
En 2015, la chute des prix des hydrocarbures a pesé sur la croissance bolivienne, restée inférieure de la moyenne de 5% observée ces sept dernières années. En 2016, la croissance devrait encore pâtir de la moindre contribution du commerce extérieur affecté par la baisse des prix des matières premières (gaz naturel, pétrole et minerais) qui représentent près de 90% des exportations du pays. L’absence de diversification de l’économie et les faiblesses structurelles (environnement des affaires encore médiocre et manque d’infrastructures) participent également à l’affaiblissement de l’activité. La demande interne devrait néanmoins se maintenir, soutenue par la politique budgétaire expansionniste du gouvernement. L’investissement public devrait ainsi augmenter avec la mise en place d’un plan de relance qui vise à accroître les capacités de production des industries extractives. La consommation des ménages devrait rester soutenue grâce aux retombées de l’investissement public sur l’emploi et les salaires et grâce aux différents programmes sociaux. Les IDE devraient rester faibles du fait de la baisse du prix des hydrocarbures et des minerais, secteurs où ils se concentrent, mais aussi en raison de l’instabilité du cadre règlementaire.
L’inflation devrait légèrement s’accélérer sous l’effet de la hausse du pouvoir d’achat, mais restera à un niveau inférieur à la fourchette (5-5,5%) ciblée par la banque centrale. Le maintien d’un taux de change stable et les subventions aux importations alimentaires de base permettent en effet de contenir sa progression.
Une politique expansionniste en dépit de la baisse des recettes budgétaires
En 2016, le déficit des comptes publics observé depuis 2014 devrait encore se creuser. Le solde budgétaire devrait être fortement pénalisé par la faiblesse des prix des matières premières (près de 47% des recettes du secteur public) et par la hausse des dépenses liées au plan de relance de l’investissement public. Ce dernier serait en partie financé par le fonds souverain FINPRO (Fondo para la Revolución Industrial Productiva), et le gouvernement n’écarte pas la possibilité de faire appel aux financements externes. L’augmentation du déficit public et l’appel aux marchés financiers devraient entrainer une hausse de la dette publique estimée à près de 40% du PIB en 2016.
La disparition du surplus commercial continue de peser sur les comptes extérieurs
En 2015, la Bolivie a enregistré son premier déficit du solde courant depuis près de 12 ans. En 2016, celui-ci devrait encore se dégrader, entrainé par le déficit de la balance commerciale et la perte de compétitivité des exportations du fait de la relative stabilité de la monnaie locale face à la vague de dépréciations des principales monnaies régionales. Les exportations de gaz (49% du total des exportations) souffrent de la baisse des prix des matières premières et du ralentissement de l’économie du Brésil et de l’Argentine (les deux principaux débouchés du gaz bolivien). La balance des services, structurellement déficitaire, et celle des revenus devraient rester négatives, en raison de l’importance des rapatriements des dividendes des sociétés étrangères. La balance des transferts devrait, a contrario, rester excédentaire, soutenue par les transferts privés des travailleurs émigrés.
Un environnement des affaires toujours difficile
Au pouvoir depuis décembre 2005, le président Evo Morales et son parti MAS (Movimiento al Socialismo) restent la force politique dominante en Bolivie et ce malgré la multiplication des scandales de corruption qui a coûté leur place à plusieurs candidats du MAS lors des élections régionales de mars 2015. L’image du président semble néanmoins épargnée ce qui devrait lui permettre de remporter le référendum national qui sera tenu en 2016 pour lui permettre de se représenter indéfiniment. Evo Morales devrait ainsi pouvoir briguer un quatrième mandat en 2020. Toutefois, l’échec du gouvernement à satisfaire les exigences des divers groupes sociaux est source de risque de troubles sociaux. L’incapacité du gouvernement bolivien à s’accorder sur la somme des compensations à verser aux investisseurs expropriés, la relative insécurité juridique (les expropriations et nationalisations sont toujours possibles) et l’interdiction de toute possibilité de recours à l’arbitrage international continue d’affecter l’environnement des affaires bolivien.
Source : COFACE