Appréciation du risque
Stabilisation de la croissance en 2016
L’activité économique namibienne devrait rester relativement stable en 2016. Le secteur manufacturier devrait continuer à souffrir des défaillances d’approvisionnement en électricité, les trois principaux fournisseurs du pays (Afrique du Sud, Zambie, Zimbabwe) étant eux-mêmes confrontés à des difficultés de production. La construction, dynamisée ces dernières années par le développement de grands projets miniers, pourrait bénéficier des travaux d’extension du port de Walvis Bay et des projets d’infrastructure publics (transports, hydroélectricité). L’exploitation des nouvelles mines (d’or d’Otjikoto et de cuivre de Tschud), devrait éviter un repli de l’activité du secteur industriel, confronté à la faiblesse de la demande et des prix des produits miniers. L’investissement sera tiré par les dépenses publiques. Les mesures de contrôle du crédit aux ménages devraient en revanche atténuer la hausse de la consommation privée, pourtant encouragée par une politique budgétaire relativement expansionniste.
L’inflation, alimentée par le niveau élevé des prix en Afrique du sud, principal fournisseur de la Namibie, en particulier de biens alimentaires, devrait rester forte en 2016. La politique monétaire plutôt restrictive pourrait éviter qu’elle ne dépasse la cible de 6 % fixée par les autorités monétaires.
Dégradation des finances publiques et persistance du déficit courant
La volonté du gouvernement de soutenir la croissance dans un contexte de réduction des revenus devrait conduire à une aggravation du solde budgétaire en 2016. Les mesures destinées à améliorer le recouvrement de l’impôt ne devraient pas avoir d’effet à court terme. Les recettes fiscales provenant du secteur minier seront freinées par des conditions peu favorables des marchés (demande et prix). Enfin, les droits de douane reversés à la Namibie dans le cadre de l’Union douanière (SACU), qui contribuent pour environ un tiers des recettes fiscales du pays, devraient baisser en raison de la réduction des échanges en Afrique australe. Les dépenses du programme national en faveur de la croissance et de l’emploi, concentrées sur l’éducation, l’emploi et les infrastructures, ne devaient pas être revues à la baisse. Les salaires devraient également continuer à progresser, même modérément, pour soutenir la demande des ménages.
L’endettement de l’Etat augmentera pour couvrir ce déficit croissant. La dette publique pourrait ainsi excéder en 2016 la limite de 35 % du PIB que s’était fixée le gouvernement. Il s’agit pour l’essentiel (70 %) d’une dette locale, majoritairement libellée en dollar namibien et en rand. Mais l’étroitesse du marché local contraint le pays à se tourner vers les marchés internationaux, sur lesquels le gouvernement a ainsi levé 750 millions d’USD en octobre 2015, grâce à une émission obligataire.
Le déficit courant pourrait se creuser nettement en 2016. Les importations devraient augmenter pour satisfaire les besoins croissants en biens d’équipement (pour les projets d’infrastructure) comme de consommation. Parallèlement, les exportations namibiennes devraient être handicapées par la faible croissance en Afrique du Sud (son premier partenaire commercial avec près d’un quart des exportations) et le bas niveau des prix de certains produits miniers (cuivre, zinc, minerai de fer). La progression attendue des prix et de la demande de diamants (près de 27 % des exportations), après une année 2015 marquée par un fort recul du marché diamantaire, devrait être insuffisante pour empêcher une dégradation du solde courant. Le pays pourra néanmoins compter sur les investissements étrangers pour financer son déficit.
Le dollar namibien, indexé au rand sud-africain, continuera à subir en 2016 la baisse et la forte volatilité de la monnaie d’Afrique du Sud.
Contexte politique stable et performances satisfaisantes en termes de gouvernance
La Swapo, au pouvoir depuis l’indépendance (1990), domine la scène politique. Son candidat, Hage Geingob a été élu à la présidence avec 87 % des voix en novembre 2014, succédant à H. Pohamba qui ne pouvait pas, en application de la Constitution, briguer un troisième mandat. Les mesures en faveur de l’éducation, des dépenses sociales et de l’emploi devraient continuer à contenir les tensions sociales, bien que les progrès en matière de lutte contre la pauvreté, les inégalités et le chômage restent lents.
La Namibie est dotée d’un système financier sophistiqué. Le pays figure parmi les pays d’Afrique subsaharienne les mieux classés selon les indicateurs de gouvernance de la Banque Mondiale. Ses performances, qui progressent en matière de respect des lois et de liberté politique, tendent à se dégrader concernant la lutte contre la corruption (79ème rang en 2014 contre 72ème en 2012) mais restent meilleures que celles de la majorité des pays de la région.