Atouts stratégiques
Les fortes variations de la croissance libyenne s’expliquent principalement par les variations de la production pétrolière, qui représente environ 70% du PIB ces dernières années. Les recettes pétrolières se sont effondrées depuis 2011 sous l’effet de la chute de la production entraînée par la dégradation sécuritaire, conjuguée à la baisse des prix. La production de pétrole est passée de 1,65 million de barils/jour (b/j) début 2011 à un peu plus de 300 000 b/j début 2015. Si elle est remontée à 440 000 b/j en octobre 2015, elle n’a cessé de fluctuer au premier semestre 2016. L’économie libyenne a connu trois années de récession en 2011, 2013 et 2014, qui ont réduit le PIB de moitié (82 Mds USD en 2012 contre 41 Mds USD en 2014). Le redressement de la production pétrolière, qui passe par la recherche d’accords avec les différents acteurs impliqués et par la modernisation des infrastructures, est une priorité pour le gouvernement d’entente nationale.
A cette dépendance aux hydrocarbures, s’ajoutent d’autres faiblesses structurelles qui obèrent le potentiel de croissance de l’économie libyenne : hypertrophie du secteur public, faible diversification, environnement des affaires inadapté, infrastructures obsolètes. Par ailleurs, le chômage (30%) est exacerbé par le manque de formation et l’inadaptation du système éducatif au marché du travail.
Les défis demeurent donc immenses pour le gouvernement d’entente nationale : à court terme, résolution de la crise de liquidité bancaire et des insuffisances du réseau électriques, alors que les fréquentes coupures d’électricité peuvent durer plusieurs heures par jour ; à plus long terme, développement du secteur privé, rationalisation de la gestion des finances publiques, modernisation du secteur financier.
La Libye conserve toutefois un potentiel important. Elle reste le pays d’Afrique du Nord au revenu par habitant le plus élevé (6 600 USD en 2014 contre 5 360 USD en Algérie, deuxième pays de la zone). Elle possède les premières réserves pétrolières d’Afrique, devant le Nigéria. Les institutions économiques et financières fonctionnent malgré la crise.
Aides et zones attractives
Le gouvernement libyen n’encourage pas les investissements dans tous les secteurs : la loi numéro 5 de 1997 a été modifiée par la loi numéro 7 en 2003. Les IDE (Investissement Direct à l’Etranger) ne sont pas autorisés dans tous les secteurs. Peu de secteurs sont ouverts à l’étranger : il y a l’industrie, le tourisme, les services et l’agriculture. Tous les autres secteurs sont régis par une loi particulière (secteur pétrolier) ou réservés (secteur financier, des télécommunications…).
Pour encourager les IDE dans les secteurs autorisés, le gouvernement a pris un certains nombres de mesures :
exemption des taxes et des droit de douane sur les machines et équipements, matières premières et pièces de rechange requis pour la réalisation d’un projet,
exemption de l’impôt sur les sociétés pour une durée de 5 ans,
exemption de droits et taxes sur les biens à l’exportation.
Flux & IDE en milliards $
2002: 0,14
2003: 0,14
2004: 0,35
2005: 1,04
2006: 2,06
2007: 4,69
2008: 4,11
2009: 1,37
2010: 1,78
2011: N/C
2012: 1,42
2013: 0,70
Repères économiques
L’année 2004 aura été marqué par le retour en grâce de la Libye au sein de la communauté internationale. En effet, le pays est longtemps resté à l’écart du commerce international après l’embargo américain édicté en 1996 (loi d’Amato) et les sanctions décidées par le Conseil de Sécurité de l’ONU après l’attentat de Lockerbie en 1988.
Les mesures prises par l’ONU ont été levées en septembre 2003 tandis que l’embargo américain a totalement pris fin en juin 2004. Plusieurs événements ont démontré les efforts de la Libye pour rentrer dans la communauté internationale : son intervention dans la prise d’otage de Jolo (Philippines), la déclaration de la Libye contre les armes de destruction massive, et surtout la reconnaissance de sa responsabilité dans l’affaire de Lockerbie.
En 2003, le colonel Muammar al-Kadhafi a nommé comme premier ministre Choukri Ghanem dont la priorité est d’attirer des Investissements Directs ‘Etrangers et de libéraliser l’économie en développant le secteur privé. En 2005, le PIB libyen s’est élevé à 37,8 milliards de dollars, en croissance de 4,3% par rapport à 2004 (à prix constants). Le PIB par habitant s’est élevé en 2005 à 7 046 US$ ce qui positionne la Libye comme l’un des pays les plus riches d’Afrique.
La bonne santé économique de la Libye provient essentiellement de sa richesse en pétrole. La vente d’hydrocarbures a représenté en 2004 près de 95% des exportations totales de la Libye qui a produit en moyenne 1,4 millions de barils par jour alors que son quota OPEP en 2004 était de 1,39 millions de barils par jour.
La Libye fait partie de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) dont elle est un membre actif. Elle a par ailleurs demandé son adhésion à l’OMC, demande qui a été acceptée le 27 juillet 2004 après le retrait du véto américain.
Les principaux fournisseurs de la Libye sont l’Italie (qui représente 41,4% des importations) , l’Allemagne (12,5%), le Japon (12%) et ses principaux clients sont l’Italie (40% des exportations), l’Espagne (14,7%) et l’Allemagne (14.6%). La Libye importe essentiellement des équipements de transport et des produits manufacturés et exporte essentiellement du pétrole.
Ses principaux partenaires commerciaux se trouvent en Europe ce qui explique son intérêt pour le processus de Barcelone qui prévoit la mise en place d’une zone de libre-échange entre la zone méditerranéenne et l’Union Européenne vers 2008
Principaux indicateurs économiques
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PIB : 29,153 Mds USD (41,1 Mds USD en 2014 ; 65,5 Mds USD en 2013) (Banque Mondiale)
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PIB par habitant : 4 640 USD/hab (2015, Banque Mondiale) (6 575 USD/hab en 2014, 10 563 USD/hab en 2013)
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Taux de croissance : -10,2% en 2015 ; -24% en 2014 ; -10,9% en 2013 ; +104,5% en 2012 (estimations Banque mondiale)
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Taux de chômage : 19,2 (2014, Banque Mondiale)
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Taux d’inflation : 9,7 (prévision 2016) (estimé à 8,6 en 2015) (African Economic Outlook)
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Solde budgétaire : déficit estimé à 58,9% du PIB en 2015, et prévision de 60,7% pour 2016 (African Economic Outlook)
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Solde extérieur (biens et services) : déficit à hauteur de 30,9% du PIB en 2014 (Banque Mondiale)
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Principaux clients : Italie, Allemagne, Chine, France
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Principaux fournisseurs : Italie, Chine, Turquie, Egypte
-
Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB (2013, African Economic Outlook) :
- Agriculture : 0,9%
- Industrie : 67,4%
- Services : 31,7 %
- Principales ressources : Pétrole, Gaz.
- Risque pays (Coface): 5/6
- Notations BM: 188/189
PIB en milliards $
2002: 19,84
2003: 24,06
2004: 33,38
2005: 44,00
2006: 56,48
2007: 71,80
2008: 93,16
2009: 62,36
2010: 74,75
2011: 34,70
2012: 81,87
2013: 74,20
Taux de chômage %
2003: 20%
2004: 19,9%
2005: 19,8%
2006: 19,6%
2007: 19,4%
2008: 19,1%
2009: 18,9%
2010: 18,8%
2011: 18,2%
2012: 19,6%
2013: 19,6%
PIB & Taux de croissance %
2002: -1,3%
2003: 13,0%
2004: 4,4%
2005: 9,9%
2006: 5,9%
2007: 6,0%
2008: 3,8%
2009: 2,1%
2010: 5,0%
2011: -62,1%
2012: 104,5%
2013: -10,9%
Opportunités
Le 1er janvier 2004, le programme de restructuration de l’économie libyenne, fondé jusqu’alors sur le secteur public, a été lancé. Exécuté en trois phases d’ici au 31 décembre 2008, il vise le transfert de la propriété vers le secteur privé de 360 unités économiques agissant dans l’industrie, l’agriculture, les ressources animales et maritimes et l’industrie pétrolière.
Le programme a connu une avancée significative en 2005 avec la décision de l’Autorité générale de transfert de la propriété des sociétés et unités économiques publiques libyennes de céder des actions de plusieurs sociétés et unités de production publiques libyennes. Plusieurs rencontres et conférences scientifiques ont été organisées cette même année sur le processus de privatisation et de libéralisation de l’économie, avec pour objectif de sensibiliser les opérateurs économiques.
Grands chantiers
Trouver des ressources alternatives au pétrole – Une enveloppe de 35 milliards de dollars pour la réhabilitation des infrastructures, la modernisation de l’industrie pétrolière ainsi que la création de sociétés mixtes avec des investisseurs privés locaux et étrangers dans les domaines du tourisme, des télécommunications, de la santé, du transport aérien, de l’électricité et de la pêche maritime va dynamiser l’économie du pays et préparer l’après pétrole.…