Appréciation du risque
Une croissance qui reste peu élevée dans un contexte de réduction des déficits
La croissance ghanéenne ne devrait repartir que modérément en 2016. La progression de la production de pétrole demeure plus lente que prévue en raison des problèmes techniques récurrents rencontrés dans l’exploitation du champ de Jubilee. La montée en puissance de l’usine de production de gaz d’Atuabo devrait améliorer la production d’électricité alors que les fréquentes coupures de courant nuisent à l’activité industrielle. Le secteur agricole devrait bénéficier de meilleures récoltes de cacao après une production réduite en 2015 par les conséquences d’une épidémie touchant les cacaotiers. Les services (financiers, télécommunications) devraient rester porteurs.
La demande des ménages et les investissements subiront les effets de la réduction des dépenses publiques dans le contexte d’austérité budgétaire. Le niveau élevé des taux d’intérêt (26 % en novembre 2015) continuera à peser sur l’accès au crédit.
L’inflation devrait rester élevée sous l’effet conjugué de la hausse des prix de l’eau (59 %) et de l’électricité (67 %) annoncée en décembre 2015 et de la dépréciation du cedi. La relative modération de la demande intérieure devrait cependant contribuer à atténuer la hausse des prix.
La situation des finances publiques et du solde courant ne devrait s’améliorer que lentement.
Le déficit budgétaire devrait continuer à se réduire en 2016 mais l’objectif de -5,3 % du PIB prévue dans le budget paraît difficile à atteindre pendant une année électorale, dans un contexte de faiblesse des cours des matières premières. Les recettes fiscales devraient rester contraintes par les prix bas et la lente augmentation de la production de pétrole, ainsi qu’une croissance modérée de l’activité qui pourrait limiter les recettes hors pétrole. La mise en œuvre des mesures de maîtrise des dépenses apubliques annoncées conformément à l’accord conclu avec le FMI, notamment la baisse de la part des salaires dans les dépenses (de l’ordre de 35 % depuis plusieurs années), pourrait être ralentie par la perspective des élections nationales de fin 2016. Le paiement d’arriéré dus au Nigeria au titre de la fourniture de gaz pèsera également sur le budget et la situation financière dégradée de certaines entreprises publiques (compagnie d’électricité) est également une source d’inquiétude.
L’endettement public devient préoccupant, accru par les effets de la dépréciation du cedi (plus de 60 % de la dette est libellée en devises) et l’Eurobond émis en octobre 2015 (1 milliards d’USD) à un taux élevé (10,75 %) qui alourdira la charge de remboursement.
Les besoin d’importations en biens d’équipements d’infrastructures (notamment pétrolières) continueront à peser sur le solde courant. Les recettes d’exportations, provenant principalement de l’or et du pétrole, ne devraient pas augmenter fortement en raison de l’absence de perspective de rebond des prix et d’une production qui ne devrait pas non plus beaucoup progresser. La hausse attendue des cours et du volume de cacao exporté devrait être insuffisante pour réduire nettement le déficit courant.
L’évolution du cedi, qui a perdu près de 20% de sa valeur entre janvier et fin octobre 2015, a été marquée par une très forte volatilité. Les pressions à la baisse devraient perdurer en raison de la persistance d’importants déficits jumeaux et des incertitudes liée à la perspective des élections fin 2016.
Le secteur bancaire est de plus en plus fragilisé par la faiblesse de la croissance qui se traduit par la baisse des dépôts. Les créances douteuses augmentent (13 % en juillet 2015).
L’échéance électorale de fin 2016 pourrait être source de tensions alors que la gouvernance tend à se détériorer
La situation économique et les coupures récurrentes d’électricité alimentent le mécontentement de la population, susceptible de remettre en cause la domination de John Dramani Mahama (NDC), au pouvoir depuis le décès de son prédécesseur en 2012. Le principal parti d’opposition (NPP) est cependant en proie à d’importantes dissensions internes, rendant incertaine l’issue du scrutin présidentiel de novembre 2016.
Un différend au sujet de frontières maritimes oppose le Ghana à la Côte d’Ivoire depuis la découverte des gisements pétroliers offshores. En attendant la décision d’arbitrage qui devrait être rendue courant 2016, le Ghana a dû suspendre tout nouveau forage dans la zone contestée.
Le pays bénéficie d’une image de démocratie installée et d’un climat des affaires relativement favorable au regard des autres pays de la région. Les performances en termes de gouvernance sont toutefois en net recul concernant la lutte contre la corruption (repli du 84ème au 103ème rang sur 215 entre 2010 et 2014) ou l’efficacité du gouvernement (perte de 20 places de 2010 à 2014).