Appréciation du risque
Une croissance qui ne se dément pas
L’activité est restée nourrie en 2015 (année fiscale se terminant le 7 juillet), tirée principalement par la demande intérieure. En revanche, les exportations de biens et services se sont contractées sous l’effet de la baisse des prix des oléagineux et de l’or et du recul des recettes touristiques, tandis que les importations ont progressé fortement. Le secteur manufacturier, la construction et l’agriculture ont affiché un dynamisme certain alors que l’activité dans le secteur des services, dont la contribution à la croissance reste la plus importante, a ralenti.
La sécheresse a affecté la production agricole en début d’année fiscale 2016 mais la croissance devrait continuer à bénéficier de la mise en œuvre d’un important programme d’investissements publics, qui se poursuit dans le cadre du 2ème Plan pour la croissance et la transformation de l’Éthiopie. Celui-ci reste axé sur le développement des réseaux de transport et des infrastructures énergétiques (dont la poursuite du projet majeur de barrage de la Grande Renaissance), de télécommunications et de celles liées aux technologies de l’information. Le secteur manufacturier est au centre du nouveau plan. Les secteurs du cuir, de la chaussure, du textile et de l’agro-alimentaire devraient continuer à jouer un rôle moteur dans son expansion.
En dépit des progrès réalisés sur le plan économique et des perspectives de montée en gamme de la production, le pays reste très dépendant des produits de base, notamment agricoles, et, de ce fait, vulnérable aux aléas climatiques et à l’évolution des cours mondiaux. Des efforts importants restent à accomplir en vue d’améliorer le climat des affaires et la compétitivité. Le faible accès au crédit, la lourdeur des procédures administratives, la faiblesse des infrastructures et l’insuffisance de la formation de la main-d’œuvre constituent des handicaps.
L’inflation, maintenue sous la barre des 10% jusqu’à mi 2015, est en augmentation, du fait du manque de pluie et de la hausse induite des prix des produits alimentaires.
Des déséquilibres internes et externes accrus
Le déficit courant a augmenté en 2015 du fait du recul des exportations de biens et services (graines oléagineuses, or, voyages) et de la progression des importations. Les ventes de café et les remises des travailleurs expatriés ont, en revanche, légèrement augmenté. Le déficit courant devrait se stabiliser à un niveau légèrement inférieur en 2016 et 2017 grâce à la reprise des exportations, tirées par l’industrie légère, l’horticulture et la vente d’électricité, et à une hausse plus raisonnable des importations. La baisse des cours des matières premières agricoles devrait être en grande partie compensée par le recul du prix du pétrole importé. En revanche, la surévaluation de la monnaie éthiopienne (birr) continuera à peser sur la compétitivité. Le rééquilibrage éventuel de la croissance en Chine (1er investisseur étranger), à moyen terme, au profit de la consommation, devrait être profitable au pays, qui devrait continuer à bénéficier de la délocalisation d’entreprises chinoises. La hausse des investissements directs étrangers et celle des emprunts d’État et des entreprises publiques a permis d’accroître les réserves de change en 2015 mais celles-ci ne représentent que deux mois d’importation, ce qui reste insuffisant.
Le déficit budgétaire progresse modérément sous l’effet de la hausse des dépenses consacrées à la réduction de la pauvreté et à la modernisation des infrastructures. Le ratio dette publique/PIB devrait augmenter jusqu’en 2018 puis s’infléchir par la suite du fait de l’achèvement des projets d’investissement public. Néanmoins, si la viabilité de la dette n’est pas remise en cause, le risque de surendettement a augmenté sous l’effet du recours accru à l’emprunt extérieur non concessionnel.
Un environnement régional difficile et la persistance de tensions internes
L’Éthiopie se situe dans une région instable, marquée par des problèmes de sécurité et de stabilité politique. Les relations restent tendues entre l’Éthiopie et l’Érythrée, anciens belligérants. L’instabilité en Somalie constitue une menace pour la sécurité des pays voisins, dont l’Éthiopie. Par ailleurs, les tensions n’ont pas disparu avec le Soudan et l’Égypte au sujet du barrage de la Grande Renaissance. Enfin, sur le plan interne, on doit noter la persistance de mouvements séparatistes ou rebelles et de dissensions entre chrétiens et musulmans. Le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien, qui garde sa mainmise sur le pays, devrait toutefois conserver le pouvoir jusqu’aux prochaines élections législatives (2020).