L’énergie est un secteur essentiel à la renaissance économique de l’Égypte stimulant davantage le développement du secteur privé. Parvenir à une croissance économique forte et soutenue ainsi qu’à une amélioration du niveau de vie dans le pays aboutira à une hausse correspondante de la demande d’énergie.
Cependant, au cours des dernières années, le secteur a fait face à des défis majeurs sur l’ensemble de la chaîne, causant ainsi des pannes de courant fréquentes et des pertes importantes pour l’économie. Cette situation était la résultante d’une très forte croissance de la demande qui n’a pas été compensée par le développement et l’entretien de la capacité de production et de transport. La plupart des centrales fonctionnent au gaz naturel, qui a connu des pénuries de production, en particulier au cours des trois dernières années. Ce retard dans la production de gaz naturel et les difficultés liées à l’utilisation du mazout comme un substitut ont causé des pannes de courant qui ont atteint un sommet à l’été 2014.
La capacité de production de l’Égypte affiche actuellement une marge de réserve négative par rapport à la demande de pointe. Le pays doit augmenter sa capacité chaque année en moyenne de 5,2 GW jusqu’à 2022, ce qui se traduit par une exigence d’investissement de 5 milliards de dollars en moyenne par an. En outre, le bouquet énergétique de l’électricité est fortement concentré sur le pétrole et le gaz (91%, avec 8% assuré par l’hydroélectricité). L’intensité énergétique de l’Égypte est 26 000 BTU par dollars du PIB, ce qui est 4 à 5 fois plus élevé que dans la plupart des pays européens et indique clairement une efficacité énergétique faible.
Il existe cependant des raisons de rester optimiste. En effet, l’Égypte a le potentiel éolien le plus élevé dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (30 GW ou près de la capacité totale de production de courant) et bénéficie d’un rayonnement solaire direct entre 2000-3200 kWh / m2 / an sur une vaste partie de son territoire. L’intégration régionale offre également des possibilités : il est envisagé un projet d’interconnexion d’électricité de 3000 MW entre l’Égypte et l’Arabie Saoudite qui sera exploité sans contrainte légale dans la mesure où les périodes de demande de pointe varient entre les deux pays.
La stratégie à court et moyen terme du gouvernement égyptien comprend des mesures visant à relancer le secteur et à combler le fossé entre l’offre et la demande sur cinq ans.
Les principales mesures prises par le gouvernement porte sur les éléments suivants : (1) la sécurité, en renforçant la sécurité énergétique, en diversifiant les sources d’énergie et en améliorant l’efficacité énergétique ; (2) la viabilité, en s’attaquant à l’accumulation de la dette et en éliminant progressivement les subventions d’une manière socialement responsable et (3) la gouvernance, en modernisant et en privatisant une grande partie des segments du secteur de l’électricité (production et distribution) et en encourageant l’investissement du secteur privé.
Des mesures spécifiques prises ou qui seront prises à court terme sont:
Sécurité:
- L’augmentation de la capacité de production d’électricité (6 GW prévus dans un avenir proche et 34 GW à moyen terme)
- Une diversification du bouquet énergétique à travers 6 GW de production d’électricité au charbon et des contrats renouvelables pour atteindre 20% de la capacité totale d’ici 2020. Les cimenteries se préparent actuellement à utiliser du charbon comme substitut
- L’attribution du contrat pour le projet d’interconnexion de 3 GW avec l’Arabie saoudite
- L’attribution de contrats pour la conversion de la production d’énergie à cycle ouvert en production d’énergie à cycle mixte
- L’adoption d’une loi sur les énergies renouvelables (terminée) et d’une loi sur l’électricité (qui devrait aboutir bientôt)
- Inclusion des mesures visant à améliorer l’efficacité énergétique dans la loi sur l’électricité
- L’élimination progressive des ampoules à incandescence et leur remplacement par des lampes à DEL
Viabilité:
- La suppression progressive des subventions à l’électricité d’ici 2018/19
- Rétablissement de l’équilibre financier de l’Egyptian Electricity Holding Company (notamment par la restructuration de la dette et l’augmentation de la perception des recettes)
- L’atténuation de l’impact de la suppression des subventions à travers une série de mesures, y compris augmentation des branchements domestiques au gaz naturel et l’investissement des économies pour stimuler les dépenses sociales
Gouvernance:
- Élaboration d’une stratégie énergétique nationale
- Une plus grande ouverture du secteur à l’investissement privé dans la production et la distribution
- L’amélioration de l’information financière au sein de l’EEHC et l’adoption des principes modernes de gouvernance d’entreprise
- La mise en place de procédures claires et transparentes pour la sélection des producteurs d’électricité indépendants