La situation économique à laquelle doit faire face le nouveau Président Azali reste des plus précaires. Le pays fait partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), 45% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté et les Comores figurent au 169e rang sur 187 en termes d’indice de développement humain. Le pays est structurellement dépendant des financements extérieurs, essentiellement assurés par les transferts (20% du PIB) de la diaspora comorienne résidant majoritairement en France, et par l’aide des bailleurs. Le pays dispose de peu de ressources naturelles et souffre d’un marché étroit.
Début 2016, l’activité économique des Comores est atone. Après une prévision 2014 de +4,5%, la croissance du PIB se situerait finalement à +2,1% et la prévision 2015 s’inscrit encore en retrait à +1,2%.
Si l’inflation reste sous contrôle à environ +2% pour 2015, le déficit budgétaire se creuse, produisant des arriérés de salaires pour les fonctionnaires. Les transferts de la diaspora permettent cependant de maintenir un niveau de réserves confortables (7 mois d’importations).
Compte tenu de la faiblesse de ses ressources propres, l’État comorien doit faire appel aux appuis budgétaires de la communauté internationale. Le Qatar a par exemple accordé à Moroni une aide budgétaire de 20M$ (14M€) en mai 2010. Les Comores ont également signé un accord de coopération économique et technique avec la Chine en décembre 2012 pour un montant de 10M€. La France a accordé fin 2012 une aide budgétaire globale de 3M€ destinée au financement partiel du programme économique et financier et affectée à des dépenses additionnelles de lutte contre la pauvreté (santé, emploi). Enfin, le gouvernement a annoncé en décembre 2015 que l’Arabie saoudite avait fait un don de 40 M US$ aux Comores, lui permettant d’éponger la totalité des arriérés de salaires des fonctionnaires accumulés depuis son entrée en fonctions en 2011 et de réduire les coupures d’eau et d’électricité en période électorale.
Les Conseils d’administration du FMI et de la Banque mondiale ont approuvé, respectivement les 17 et 20 décembre 2012, l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative pays pauvres très endettés (PPTE). Cette décision a ouvert la voie à des annulations de dette significatives (176 M$ au titre de l’initiatives PPTE et allégement de la dette multilatérale). Malgré les progrès récemment réalisés en matière de gestion macroéconomique et de réduction de la pauvreté, les deux conseils d’administration ont souligné l’importance de poursuivre les réformes structurelles et de maintenir une politique d’endettement très prudente afin d’assurer la viabilité financière et une croissance inclusive.
Mais la signature fin 2013 d’un prêt de 31 M$ faiblement concessionnel avec la Chine, sans information préalable des bailleurs traditionnels, doublant un prêt déjà accordé en septembre 2013 par la Banque mondiale, a aggravé les effets du prêt indien de 41 M$ déjà signé dans des conditions similaires fin 2012, juste après l’obtention de l’IPPTE. La rapidité du ré-endettement du pays inquiète les institutions financières internationales alors même que des arriérés de paiements sur le service de la dette extérieure ont été enregistrés en 2013.
Le 25 juillet 2014, une convention de don entre le gouvernement de l’Union des Comores et le gouvernement français relative à l’apurement définitif de la dette postale est signée pour un montant d’envirion 4,9 M€.
Le FMI, qui n’avait pas été informé du don saoudien fin 2015, a annoncé qu’en raison de cette aide budgétaire inattendue, il avait décidé de reporter sine die l’examen en Conseil de la Facilité Rapide de Crédit en préparation, dans l’attente d’une réévaluation des besoins de soutien à la balance des paiements du pays.
Repères éconmiques
Principaux indicateurs économiques
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PIB (2014) : 623,8 M$ « faible revenu » (Banque mondiale)
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PIB par habitant : 861 $ en 2014 (BM)
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Taux de croissance (2015) : env. 1,5 % en 2015 (3% en 2014 ; 3,5 % en 2013) (EIU)
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Taux de chômage (au sens du BIT) : inconnu
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Taux d’inflation (2015) : 1,6% (estimation EIU)
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Solde budgétaire (2013) : déficit budgétaire de 1,2 % du PIB (FMI)
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Balance commerciale (2012) : déficit de 180M$ (EIU)
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Principaux clients : la France (13% des exportations) est le 3e principal acheteur, aux côtés de Singapour (13,1%) et de l’Allemagne (12,9%) mais loin derrière l’Inde (28,4%) (FMI, 2014)
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Principaux fournisseurs : la France (13,6% des importations) est le 3e partenaire commercial des Comores, derrière la Chine (14,6%), le Pakistan (13,9%) et devant l’Algérie (11,7%) (FMI, 2014)
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Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :
- Agriculture : 30 %
- Industrie : 14 %
- Services : 47 %
L’énergie est l’une des principales faiblesses de l’économie comorienne. La production et la distribution de l’énergie sont assurées par une entreprise détenue à 100% par l’Etat : la MA-MWE. Son coût reste le plus élevé, l’un des plus chers d’Afrique, en raison de son insularité, des coûts de transport et des problèmes de gestion publique. Mais d’autres facteurs y contribuent. Des équipements vétustes, et de fréquentes pénuries de pièces de rechange. Quant à l’eau, la situation reste toujours précaire en raison de la vétusté des installations qui conduisent à des pertes énormes de distribution.
L’énergie joue un rôle important dans le développement économique et le bien-être quotidien de la population. La principale source d’énergie reste de loin le bois pour les ménages 78% des besoins, les produits pétroliers en forte hausse, suivis par le gaz butane… La production d’électricité est essentiellement à base thermique, à partir de centrales au gazole sur chaque île. A Anjouan, une partie de l’Ile est alimentée à partir de l’énergie hydraulique.
En 2010, la production totale annuelle était estimée à 41 MWH. Le taux de rendement est très faible et les coûts de production sont trop élevés par rapport à la sous-région. Cette situation est due notamment à la vétusté du réseau de distribution, entrainant une gestion aléatoire et un énorme manque à gagner pour l’entreprise publique.
On peut relever que la production ne parvient pas à répondre à une demande en augmentation constante. Il n’est donc pas étonnant que perdure la prédominance du bois de chauffe comme principale source d’énergie, notamment pour les ménages en milieu rural. Il couvrirait près des trois quarts des besoins. Les produits pétroliers (essence, gazole, pétrole lampant, gaz, etc.) sont entièrement importés. Créée en 1981, la Société comorienne des hydrocarbures (SCH) détient le monopole exclusif de l’importation et de la commercialisation des produits pétroliers. Quant au potentiel hydroélectrique à Ndzouani et Mwali il est insuffisamment exploité, alors que la déforestation et l’exploitation pour les besoins agricoles et le bois affectent la pluviométrie, tarissant les cours d’eau. Enfin, l’usage du gaz butane se limite aux couches relativement aisées des centres urbains.
Ces difficultés sont accentuées par :
• L’absence d’une stratégie et d’un cadre institutionnel adéquat.
• Une gestion déficiente et aléatoire (faible production, déperdition, fraudes, faible recouvrement, etc.).
• Un manque de ressources humaines pour assurer une gestion efficace du secteur.
• L’exiguïté du marché.
• Les branchements clandestins qui occasionnent un énorme manque à gagner pour l’entreprise publique.
• Le coût prohibitif de l’utilisation de centrales diesel.
Le gouvernement promet la fourniture régulière de l’électricité.
Les sous-secteurs de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement, bénéficient de la priorité accordée dans le cadre stratégique DSCRP. Des programmes et projets importants, impliquant plusieurs partenaires faisant partie de la communauté des donateurs traditionnels des Comores sont mis en œuvre. La France, l’UE, le SNU à travers l’UNICEF et le PNUD, la BAD, l’Iran et l’ONG international Hydraulique Sans Frontière y jouent un rôle majeur. La BAD avec le plus important engagement consacré à l’eau, à hauteur de 5,7 milliards FC, conforte son retour de bailleur, après l’apurement de l’encours auprès de cette institution financière internationale. La France suit la BAD avec deux projets respectivement sur Anjouan et la Grande Comore pour un engagement total de près de 5 millions d’euros. L’Iran fait son apparition en tant que PTF dans le domaine de l’eau, après celui de l’agriculture. La programmation conjointe fait son chemin dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, avec le partenariat BAD/UNICEF, dans le cadre d’une intervention portant sur l’assainissement qui sera exécutée par l’UNICEF, agence opérationnelle du SNU. Les Croix-Rouges française et canadienne mènent des actions dans le domaine de l’assainissement.
La stratégie d’intervention de la Banque africaine de Développement accorde la priorité au secteur de l’énergie. La DSP pour la période 2011-2015 privilégie un pilier unique centré sur le développement du secteur de l’énergie. L’objectif stratégique à long terme repose sur l’accès durable à l’énergie pour les populations et les entreprises.
Pour cela, la DSP envisage la mise en place d’un programme d’appui au secteur de l’énergie basé sur les énergies renouvelables Les résultats attendus sont une augmentation du taux d’électrification de 35% à 60% , la diminution du coût de production de l’électricité de 40% et la baisse des importations de fioul de 20% d’ici à 2015.
Par ailleurs, Les autorités comoriennes projettent de signer en 2012 , un accord de « partenariat stratégique » avec la compagnie nationale saoudienne, Al Sharif Group, pour assurer « la conception et la réhabilitation, l’exploitation et la gestion de tous les travaux touchant le secteur de l’énergie électrique en Union des Comores en vue d’atteindre les capacités de production de 100 mégawatts pour un coût de 750 millions de rials saoudiens », soit un peu plus de 75 milliards de francs comoriens.