Appréciation du risque
La crise politique pénalise la croissance et affaiblit les infrastructures
La crise politique et sécuritaire a été à l’origine de la sévère récession de 2013. La croissance devrait rebondir en 2016 dans un contexte de reprise graduelle des activités commerciales. L’activité devrait être principalement portée par la production agricole, qui contribue à plus de la moitié du PIB et emploie près de 75 % de la population. La croissance de la production agricole devrait néanmoins continuer à pâtir du manque de productivité, de difficultés d’accès au financement et des perturbations sécuritaires. Le secteur minier devrait également contribuer à la reprise de l’activité suite à la levée partielle en juin 2015, de l’embargo contre le pays. La suspension des sanctions devrait permettre à la République centrafricaine de commercialiser du diamant, tout en écoulant les stocks existants, estimées à 70000 carats. Le secteur des transports routiers et aériens reste très fortement dépendant de la sécurisation des sites sensibles par les forces internationales (aéroport, axe Bangui-Cameroun) tandis que la majorité des entreprises ont vu leur appareil de production détruit. Seuls les secteurs bancaire et sucrier devraient connaître, dans une certaine mesure et à l’instar du commerce de proximité, une reprise de leur activité.
La demande interne devrait demeurer atone compte tenu de l’exil de près d’un quart de la population (1 million de personnes ont quitté le pays et ne sont pas encore revenus). Malgré les aides d’urgence octroyées par l’UE et le FMI, le pays peine toujours à se redresser et les investissements devraient rester très volatils en 2016.
L’inflation tend à diminuer mais devrait rester au-dessus des 3 % ciblés par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Cette légère baisse devrait être imputée par de moindres pressions sur les prix agricoles domestiques (en raison de l’accroissement de l’offre).
Des finances publiques tirées par l’aide internationale
Dans un contexte de détérioration du solde public (notamment chute des recettes budgétaires), le gouvernement de transition devrait continuer de compter sur le financement externe, compte tenu de sa capacité de financement réduite et de l’insécurité persistante qui devraient toujours entraver la collecte des recettes. L’UE est l’un des principaux bailleurs de fonds du pays, ayant fourni un montant d’aide estimé à 360 millions de dollars depuis que le conflit a éclaté en 2013 dont 10 millions attribués aux aides humanitaires, 22 millions au fonds Bêkou (fonds européen visant à coordonner l’aide) pour l’accompagnement du redémarrage économique et social et 40 millions sous forme de soutien budgétaire afin de combattre la violence en organisant les élections de 2015-2016. Le déficit du compte courant s‘est aggravé en 2015 en raison de la baisse du cours du pétrole qui a encouragé les importations. Il devrait commencer à se résorber en 2016, en lien avec la levée partielle de l’embargo sur les diamants centrafricains ; les exportations devraient ainsi sensiblement progresser. Toutefois, la reprise devrait être progressive, et les exportations de bois, de café et de coton (principales richesses agricoles du pays) devraient continuer à pâtir, mais moins que les années précédentes, de l’insécurité et des perturbations qui touchent le secteur des transports et de la logistique.
Situation politique très instable et détérioration significative du climat des affaires
Au pouvoir depuis janvier 2014, Mme Samba-Panza a dû faire face à une situation politique instable. Le gouvernement de transition a appelé à des élections présidentielles et législatives le 30 décembre 2015, après des violences qui ont repoussé la date des présidentielles initialement prévues en octobre 2015. Selon le nouveau calendrier, un référendum national portant sur un projet de Constitution a eu lieu dans les semaines précédant le premier tour. Un deuxième tour de scrutin devrait avoir lieu le 31 Janvier 2016. Les premiers résultats partiels de l’élection présidentielle ont confirmé l’avance de l’ancien Premier ministre Touadéra devant une trentaine de candidats qui étaient en lice. Dans l’attente du second tour, la Constitution autorise le gouvernement de transition à rester en place jusqu’à ce que le gouvernement élu soit installé.
Malgré un cessez-le-feu signé entre chrétiens et musulmans, les combats n’ont jamais cessé. Les deux courants comportent chacun des factions radicales indépendantes, susceptibles d’entretenir la polarisation croissante du pays. Les nombreuses destructions d’infrastructures et les pillages ont durement touché la structure productive de l’économie.
Dans ce contexte de guerre, le climat des affaires devrait demeurer instable et tendu. Ainsi, selon les indicateurs de la Banque mondiale, la République Centrafricaine serait l’un des pays les moins bien classés en termes d’efficacité du gouvernement, de qualité de la réglementation et de respect des lois. L’instabilité politique et l’environnement des affaires le plus dégradé de la région (corruption, difficulté pour créer une entreprise) ne devraient pas être en mesure d’attirer des investisseurs et aucune amélioration n’est anticipée à court terme.