Le peuplement dans cette partie de l’Océanie commença quelque 1500 ans avant notre ère. Auparavant, à partir d’abord de l’Asie du sud-est, des populations avaient peuplé la Nouvelle-Guinée, le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie. Le peuplement s’est ensuite poursuivi vers l’est avec les îles Fidji, Wallis, Futuna, Tonga et les Samoa. Des fouilles archéologiques ont mis au jour des sites wallisiens datant de 1400 avant notre ère et des sites futuniens datant de 800 ans avant notre ère. On sait aussi que des Tongiens, habitants du royaume de Tonga, colonisèrent plusieurs archipels de la région, dont Wallis, vers le XVe siècle. À Futuna, c’est une migration d’origine samoane qui exerça une forte influence sur l’île. Le système de “chefferies à titres” toujours en vigueur aujourd’hui serait d’origine tongienne.
– Les Hollandais :
La première présence européenne se manifesta le 28 avril 1616 alors que les Hollandais Jacob Le Maire et William Cornélius Schouten découvrirent Futuna et Alofi qu’ils appelèrent îles Horn, du nom de leur ville natale, qu’ils ont aussi donné au cap Horn. Mais l’île Futuna ne servit que de lieu de ravitaillement et les Hollandais ne s’y installèrent pas.
– Les Anglais :
En juin 1767, la frégate du navigateur anglais Samuel Wallis aborda le rivage de l’île de Tahiti en Polynésie; le capitaine Wallis en prit possession au nom du roi d’Angleterre. Le 16 août de la même année, le navigateur anglais passa une journée à l’île d’Uvéa qui fut alors baptisée Wallis par ses officiers. Mais son passage se limita à quelques échanges de vivres et la découverte du capitaine Wallis ne connut pas de suite.
– Les Français :
L’influence européenne se fit sentir plus nettement en novembre 1837 avec l’implantation de missions catholiques françaises. Les archipels de Wallis et de Futuna furent rapidement convertis au christianisme par les pères maristes. Le père Chanel, l’un des fondateurs de la Mission de Futuna, fut assassiné le 28 avril 1841, ce qui entraîna des conflits entre les royaumes. Dès le 5 avril 1842, les autorités coutumières firent une première demande de protectorat à la France; quelques mois plus tard, les royaumes d’Alo et de Sigave (Futuna) firent de même. Cette demande ne fut ratifiée qu’en 1887, sous le règne, à Wallis, de la reine Amélia. Le traité signé consolidait les positions françaises dans le Pacifique, tout en assurant la protection des Wallisiens et des Futuniens en cas de conflit. Cependant, Wallis et Futuna restaient rattachées administrativement à la Nouvelle-Calédonie. Le statut de protectorat fut remanié en mai 1910 et ratifié à nouveau en novembre de la même année. Ce n’est qu’en 1931 que Wallis-et-Futuna connut sa première liaison maritime avec la Nouvelle-Calédonie ainsi que l’introduction du franc français dans l’économie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en juin 1942, l’île Wallis fut utilisée comme base aérienne stratégique par les États-Unis. Les Américains créèrent, le 28 mai 1942, la base «Navy 207»: ce furent 6000 soldats qui s’installèrent à Wallis et dotèrent l’île d’infrastructures modernes.
Puis, le 27 décembre 1959, les insulaires de Wallis et de Futuna choisirent le statut de territoire français d’outre-mer (TOM). Cette décision fut prise par une très large majorité dans le cadre d’un référendum avec une réponse positive de 94,3 % des suffrages exprimés. Le référendum a été confirmé juridiquement un an et demi plus tard par la loi n° 61-814 du 29 juillet 1961 conférant aux îles Wallis et Futuna le statut de territoire d’outre-mer. Puis, le décret no 62.288 du 14 mars 1962 fixa les attributions du Conseil territorial des îles. Enfin, la loi no 73.549 du 28 juin 1973 modifia l’article 12 de la loi no 61.814 du 29 juillet 1961. Dans tous ces documents juridiques, aucune disposition n’a été prévue au sujet de la langue. En fait, le territoire de Wallis-et-Futuna, en tant que territoire français d’outre-mer, dépend de la Constitution française et des lois françaises, avec quelques ajustements liés au droit coutumier local (les chefferies).
Contrairement aux deux autres territoires français du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, les deux îles de Wallis et Futuna semblent ne connaître aucun mouvement autonomiste. Les Wallisiens et les Futuniens ont conservé leurs traditions polynésiennes. C’est le Lavelua, le roi de Wallis, qui veille sur la coutume, avec sa «grande chefferie», ainsi que les deux souverains de Sigave et d’Alo (île de Futuna). Dans ce territoire français d’un autre monde, l’Église et la monarchie se partagent le pouvoir: la coutume des clans et les conflits familiaux supplantent aisément les usages politiques de la Métropole. De plus, la petite aristocratie locale bloque toute réelle modernisation, mais elle profite largement des subventions métropolitaines, qui sont considérables et impossibles à chiffrer avec précision.